ça ne tourne pas rond chez moi (georgia)

De retour à la maison, qui aurais cru que je reviendrais ici ? Pas moi. J'ai tout fait pour quitter cet endroit de malheur et ne jamais remettre les pieds ici mais m'y revoilà. Là, plongée au milieu de l'enfer et des ténèbres. Et même si j'ai réussis a trouvé le moyen de ne pas retourné vivre dans la maison du diable, je suis quand même là, a y entrer tous les jours avec la même peur au ventre qu'elle m'a toujours provoqué. Cette maison de malheur. C'est étrange, comme a chaque fois que je passe la porte , mon souffle se coupe un peu. Il devient plus lent, plus calme et je sais que dans le fond de mes entrailles c'est la panique qui se tapisse. Certains appellent ça des crises d'angoisses mais ça fait bien longtemps que je connais cette peur en moi. J'ai appris a la contrôler, a la laissé ne pas s'exprimer. J'ai appris à la taire, a la garder enfouie en moi pour ne plus rien laissé transparaitre. C'est ce que je me suis toujours répétée, ne pas faiblir pour ne pas montrer au monstre que l'on a peur. C'est ce qu'on dit pour les animaux sauvages, il n'y a que deux options, les effrayer ou se soumettre.

Je ne pensais pas que je remettrais un jour les pieds dans cette ville tu sais, surtout depuis que je n'y trouve plus vraiment d'attaches. Depuis que le silence s'est fait de l'autre côté de l'océan, je ne pensais jamais revenir. Je pensais que ma vie ici était enterrée comme les vieux démons et que je reviendra en ces lieux pour la mort de mes parents. Et encore, tout cela n'était même pas une certitude. Je me suis demandé longtemps, si je ne ferai pas mieux de simplement disparaitre. De faire disparaitre Georgia Mackey, me trouver une autre identité, une autre vie aux Etats-Unis et tout abandonner ici. De toute façon, cet endroit ne me rappelle pas grand chose de bon.

Les seuls bons souvenirs que j'ai eut ici il y avait mon frère, mais lui, il n'est plus là tout simplement. Alors ses souvenirs, ils sont partis avec lui. Il y avait les autres, ceux que j'avais construit avec toi, mon rempart contre cette peur lancinante. Mais voilà, un jour, tout simplement tu as arrêté de répondre Noam. Alors je n'ai plus rien a Exeder qui me donnerait envie de rester. Je pensais qu'on se recroiserai peut-être; ou qu'un jour tu prendrais le temps de m'envoyer un message t'excusant du silence, m'avançant les bons arguments. Mais non, il n'y a rien eut et j'ai fini par me dire simplement que la distance nous avait éloignée. Peut-être que tu avais fini par te dire que j'étais partie pour ne jamais revenir alors à quoi bon. Pourtant, je suis revenue, et je n'ai pas encore croisé ta présence. Comme c'est étrange d'arpenter les rues sans toi, de revenir dans cette maison en sachant que ma seule source de réconfort s'est évanouie dans la nature.

C'est comme tous les jours, comme tous les soirs je quitte la maison familiale avant que mon père ne rentre de ses rendez-vous à l'extérieur. Je tente de le fuir au maximum depuis mon retour même si je n'y parviens pas toujours. La vérité, c'est que je ne fais que ça depuis mon retour. Le fuir, prendre soin de ma mère, et fuir de nouveau. Et je me sens comme éprise de cette immense mélancolie. Je sais déjà que demain sera comme aujourd'hui et comme hier quand je passe le portail de la maison familiale et pourtant. Pourtant, mes yeux s'arrête sur toi. Sur ton visage que j'aperçois de loin. Changé par les années, mais pas si différent de mes souvenirs. Et je ne sais pas pourquoi, je crois que c'est la frénésie d'une présence rassurante qui me pousse a m'élancer vers toi. "-Noam ?!" je demande, en m'avançant, un peu hésitante, un peu engourdie par l'appréhension de ces retrouvailles. " -Noam.. C'est toi ?"

C'est bien toi.