I am flesh and I am bone (ERELL)

Do you walk in the valley of kings?
Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream?
Do you ponder the manner of things,
In the dark, the dark, the dark, the dark.

La nuit presque dévorante s'allonge au fil des heures qui s'égrènent sous les cartes de crédits qui capturent les jetons. Argent qui devient sale mais blanchi immédiatement sous l'écho d'une perte à une table, quand c'est un pactole différent que le client s'octroie. Le casino n'est rien d'autre qu'une couverture parfaite à l'activité annexe qui prend vie derrière d'autres portes. Sofia, poupée aux courbes délictueuses, n'en est qu'une actrice de l'ombre, de celle qui attise, captive, suggère. Parfois c'est dans la salle qu'elle déambule, servant de faire-valoir, de porte-bonheur, ou... qu'importe, car l'instant d'après, c'est à l'arrière que les choses se terminent. Monnayable chimère au corps qui laisse rêveur, la seule chose que les clients achètent, ainsi que l'objet de fantasme qui leur sied le plus. Elle a appris dans les bras du maître à devenir l'égérie voulue. Si elle aime, parfois. Si elle joue, souvent. Si elle se délecte de son pouvoir, toujours. Elle n'est rien d'autre que l'innocence sacrifiée sur l'autel de la perversité qui s'enroule à la manière des larmes de cette douche autour de ces courbes desquelles elle chasse la décadence. Assassine la fragrance du dernier client à l'avoir possédée, déesse prisonnière d'un destin nécrosée.

Elle fredonne. Chantonne. Sa journée... ou devrait-on dire sa nuit, se termine. A moins qu'Edwin lui rende visite, il est l'heure de déserter les Enfers pour retourner aux affres de la terre. Sans un regard en arrière, à moins de risquer de se faire rattraper par le diable, elle n'a pas l'intention de commettre l'erreur d'Orphée. Pas ce soir. Pas cette nuit. Le manteau de l'obscurité transpercé par les lampadaires qu'elle sait l'attendre dehors, désirant ardemment la caresse de l'air frais qui caressera sa peau qui frissonne déjà lorsque l'eau chaude se tarit sous sa volonté. Elle glisse hors de la cabine, s'enveloppe du coton éponge qui ne cesse de s'abreuver au contact de sa peau contre laquelle il se love avec avidité. Mais elle n'a pas l'intention de s'attarder, et si elle est délicate dans ses gestes, elle ne tarde pas à se glisser dans ses propres vêtements pour quitter les lieux. Oubliés, les coordonnés suggestifs et les robes qui ne font que souligner ces courbes achetables si l'on en a les moyens. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Elle n'en est pas moins séduisante malgré tout, juste moins tentatrice, et elle s'y sent elle-même.

Elle noue sa chevelure, se remaquille plus légèrement, prend son sac et sa veste en cuir, et c'est loin des alcôves qu'elle se dirige. Loin de ce lit qui sera prêt, nuit après nuit, à écouter l'écho des gémissements qu'elle laissera s'envoler comme autant de notes désirables. Elle passe dans l'autre monde, sortira par la grande porte, parce qu'il n'y a plus un seul client entre ces murs, ne restent que les employés. Bottines aux pieds, elle déambule jusqu'au bar où elle dérobe un amuse-bouche délaissé. Il est tard, la fatigue l'étreint, mais elle commence à avoir faim. Hey ! gronde celui qui pose sur elle un regard qui en dit bien plus que ce simple mot. Ce n'est pas pour elle. Elle laisse un rire léger s'esquiver de ses lèvres, mais c'est son regard qui se met à scintiller comme si brusquement des étoiles étaient venu s'y perdre. « Pleins-toi au boss si t'es pas content. » qu'elle réplique, consciente d'avoir plus de droits que d'autres sous ce toit. Privilège de l'intouchable catin qui passent malgré tout dans bien d'autres bras... mais pas les leurs. Erell, voisine d'infortune de la scène, un verre face à elle, visiblement déjà trop imprégnée de la liqueur. C'est près d'elle qu'elle se glisse à présent, son souffle caressant son oreille. « Je crois que tu as déjà trop bu, tu permets ? » Proximité joueuse de celle qui a bien remarqué les regards et qui a déjà découvert les consignes implacables la concernant. Elle capture le verre qu'elle porte à ses lèvres et vide d'une traite. Brûlure douceâtre et délicieuse pour celle qui n'a touché d'alcool, ce soir, que du bout de ses lippes pour toujours rester maîtresse d'elle-même.