does that make me crazy (dex)

Le cul de la pinte, vide, tape le bois verni du bar. Perchée sur son tabouret, Rosie pivote sur ses fesses, balance ses pieds dans le vide, avant que ses semelles ne rejoignent le sol. Chancelante, il lui faut une poignée de secondes afin d’appréhender l’agitation immédiate. La nuée des ombres est étouffante et, gorge serrée, elle tire sur le col de son pull de son index recourbé. N’a plus l’habitude des pubs, depuis qu’elle a pris le parti de boire des canettes de bière sur le toit de sa baraque, à observer les lumières de la ville de ses yeux sombres. Incapable de se souvenir pour quelle raison elle a troqué l’immense plaisir de la compagnie environnante pour la solitude, et les tuiles de sa maisonnée. Grognement sourd qui s’immisce à la lisière de ses lippes entrouvertes, langue à l’agonie des verres qui se sont amoncelés jusqu’à la naissance de sa gorge, Rosie est aveuglée par les néons. Et ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle le remarque, à sa gauche, à quelques mètres de là, alors que ses paupières se plissent afin de se préserver de la lumière douloureuse. Rictus frémissant accroché à son arc-de-cupidon, qu’elle retrace du pouce, avant d’ostensiblement lever le majeur dans les airs, saluant Dexter Stratford (never trust a wealthy twat) à sa manière.

Part en arrière, Rosie, focalisée sur l’apparence théâtrale qu’elle s’adonne, conscience physique oubliée au profit de cette allégresse fallacieuse qui lui donne l’impression d’être intangible. Pourtant, faite de chair et de sang, son bras brandi cogne le verre tendu de l’un des clients, maladresse qui la recouvre aussitôt de la poisse qu’il s’apprêtait à boire. Le pull trempé colle à sa peau, et l’odeur lui picote les narines. Défait l’attention octroyée à Dex dans l’instant, à se dévisser la nuque afin de considérer l’individu de son regard surpris, puis viscéralement corrosif.

C’est le revers de la main qui part, qui heurte la joue adverse, d’un mouvement vif – réflexe arraché aux battements décuplés du palpitants, qui se calent contre sa jugulaire et qu’elle pense entendre jusque dans le creux de ses oreilles. Instinct aiguisé ; à préférer les rixes aux plates excuses. A faire confiance à ce qu’elle ressent et ce, de manière démesurée. Involontairement, sans doute, à penser qu’elle est toujours immatérielle, l’alcool aidant le sentiment calomnieux. A tendrement songer aussi, que rares sont les hommes à frapper les femmes en retour ; n’en a jamais vu, et l’esprit pétillant ratifie cette théorie d’une sacro-sainte véracité. Alors, peut-être est-ce le retour à la réalité qu’elle attendait, que de sentir le poing de ce pauvre mec s’écraser contre son nez ; contre toute attente, ça lui fait mal. Porte ses mains au pif, avant de les considérer de ses yeux ronds, paumes et doigts maculés de sang.

C’est le flot de jurons qui s’amorce depuis sa bouche assassine avant de brailler, gorge tendue « -et j’ai même pas mal, sale fils de p- » qui se saisit du col de son pull, avant de la renverser sur l’une des tables. Rosie bat des bras, des pieds, persuadée de ne rien ressentir, alors que son dos se crispe, que son nez continue à saigner, et qu’elle perd le souffle à force de se tortiller comme un beau diable. N'est plus aussi téméraire lorsque le poing de l'adversaire est brandi, qu'elle peut en admirer les moindres jointures blanchâtres, et que ses paupières se ferment dans l'attente du coup qui tarde à venir.

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Elle voit les étoiles, Rosie, alors qu’elle bat des pieds et des mains. Tousse afin de recracher le sang qui coule de son nez jusqu’à la naissance de ses lèvres, et pique le bout de sa langue de son goût métallique. Et j’ai même pas mal. Ebahie d’y croire, alors que ses muscles se tendent et hurlent ; que ça tape dans son crâne ; qu’elle braille et que, dans le fond, elle n’en mène pas large, sans qu’elle n’en soit toutefois consciente. Dans cette torpeur alcoolisée, que Rosie a l’impression de s’ériger dans ce foutoir comme on regarde un film d’un œil distrait. Impression que tout le monde les regarde, et peut-être est-ce vrai – mais personne ne bouge, charognes qui se contentent de s’amonceler autour de la table, lèvres écartées, quelques téléphones brandis afin de rendre immortelle la raclée qu’elle s’apprête à se prendre.

Le cœur dégueule, en retour, frappe la cage thoracique comme s’il cherchait à s’en échapper. Le souffle court, elle attend. Secondes qui s’égrènent, avant qu’elle ne relève brutalement le pied et qu’il ne vienne rencontrer l’entrejambe de l’homme. Elle en profite pour rouler sur le côté et échapper à son courroux, d’une démarche mal-assurée, à se tasser lorsque le coup part tout de même – et que Dex (à l’égard de qui les majeurs brandis sont légion) s’interpose. Ses yeux s’écarquillent, surprise de le voir s’ériger en grand sauveur de ces dames, culpabilisant aussitôt en remarquant l’arcade fendue, dont le sang s’écoule à foison. Il ne semble toutefois pas en avoir cure, alors qu’il vient enrouler ses doigts autour de son bras afin de l'entraîner dans son sillage. Abasourdie, les mots lui manquent ; se satisfait, pour le moment, à suivre instinctivement la démarche précipitée du garçon. Porte sa main libre à son nez et pince ses narines, renverse sa nuque en arrière, afin d’arrêter le flot d’hémoglobine de s’en échapper.

Enfin, c’est au fond du parking que Dexter explose. Les prunelles rivées sur son sourcil fendu, c’est à peine si Rosie se sent en droit de réagir. Les râles deviennent cris incisifs. Silencieusement, Hardot redresse sa tête et observe ses mains maculées de sang, qu’elle se décide enfin à essuyer sur son pull blanc. « T’es pas sérieux de m’gueuler après, mec, j’t’ai rien d’mandé, si ? » Remarque-t-elle, sèchement, bien que les mots soient moins caustiques que d’ordinaire, visiblement incapable de le mettre à mal comme elle le fait habituellement ; sensation vivifiante qu’elle lui en doit une, sans doute, et qu’elle y serait encore s’il ne l’avait pas sortie de là. Théorie douloureuse qu’il s’agit aussi de son problème, s’étant interposé alors qu’il aurait très bien pu prendre part au spectacle, sourire mutin et regard affûté.  

Rosie se racle la gorge, et passe le dos de sa main sous son nez. Ne sait pas de quelle manière le remercier – mais le devrait-elle seulement ? En désespoir de cause, qu’elle se redresse et, d’un mouvement de menton, désigne la paume qui dissimule l’arcade lézardée. « Montre-moi ton sourcil, » Demande-t-elle, avant d’insister, comme s’il n’agissait pas suffisamment vite à son gout : « allez p’tain, je la connais ta sale gueule, montre-moi ton sourcil. »

Je veux juste m’assurer que tu vas bien,
Même si j’en ai rien à foutre.

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Ne me remercie surtout pas, hein. La remarque, bien que méritée, la fait s’immobiliser. Elle se mure prudemment derrière un silence indécis, alors qu’Hardot est souvent la première à s’égosiller pour un oui, et souvent pour un non. Ne sait pas, finalement, s’il mérite des remerciements, ou si elle est capable de les prononcer en toute honnêteté. Reconnaissante, oui, il serait mentir que de prétendre le contraire – mais la fierté est souvent mal placée, et cette fois-ci, la gorge serrée l’empêche d’octroyer à son sauveur la gratitude qu’il quémande. Maladroitement, elle rétorque d’une voix mal assurée, à l’instar d’un murmure qui se distille au gré du vent, « C’est faux, tu f’rais jamais ça. », sans savoir s’il s’agit là d’une vérité universelle, ou d’une faiblesse momentanée. Rosie l’a pourtant constaté, quelques instants plus tôt, à le voir surgir du néant afin de l’épargner d’un énième travers – elle, qui n’a jamais été aussi amicale qu’à cet instant. La jeune fille baisse les yeux, les relève dans l’instant, essaie de trouver chez le garçon le moindre attrait ; quelque chose susceptible de la retenir à ses côtés, plutôt que de s’épandre en remerciements éplorés. L’arcade fendue lui semble être une bonne alternative au sentimentalisme.

Les râles de douleur deviennent rapidement grognements d’agacement. Dex refuse d’obtempérer, se drapant visiblement dans ce qui lui reste de dignité. « Pourquoi t’es pas déjà parti alors ? » Rosie crache de son intonation acérée, avant de tendre les mains afin d’écarter son bras de ce qu’elle souhaite inspecter. Il se dégage, proteste. « Stratford, t’as bu d’la javel ou quoi ? arrête de te tortiller, putain, et montre-moi ton sourcil, » le ton monte de nouveau sur le parking désert, souffle court de la bataille qui vient d’avoir lieu, les membres endoloris, avant d’expliquer, « j’veux qu’on aille à l’hôpital maintenant, si t’en as besoin. » La perspective ne l’enchante aucunement ; mais il s’agit de sa responsabilité, ou du moins est-ce l’impression qu’elle retire de cette situation incongrue. Responsable de Dexter Stratford, putain. Le minois se froisse à l’idée, mais elle n’en dit pas davantage – attend, plantée comme un piquet, à courber ponctuellement l’échine sous le vent qui se lève.

Le rire de Dex la surprend – par mimétisme, elle sent ses propres lèvres frémir et s’étirer. A sa demande, Rosie retrouve toutefois son sérieux, hausse les épaules, et extirpe un écrin métallique de la poche arrière de son jean. Elle l’ouvre d’un mouvement de pouce, et coince une clope entre ses lèvres, avant d’en tendre une à Dexter. Elle se saisit également de son briquet, enflamme le bout de sa cigarette, qu’elle file à son acolyte, le temps qu’il allume la sienne, avant de ranger le tout dans sa poche. La fumée lui envahit la bouche, puis la trachée. Recrache la fumée, en évitant la trogne de Dexter et ce, même si ses prunelles sombres le dardent toujours d’un regard qui se veut inquisiteur, mais qui n’est certainement qu’interrogatif. « J’suppose que je te dois bien ça. » Elle marmonne, avant de tirer de nouveau sur la cigarette qu’elle tient fébrilement entre l’index et le majeur. « Je ne t’imaginais pas aussi chevaleresque, mais j’dois dire que tu encaisses bien les coups. » Compliment sous-jacent qu’elle se répugne à détailler, le laissant sombrer dans l’oubli à peine prononcé.

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Dexter Stratford – ou la personnification de tout ce que Rosie exècre. Amertume intéressante uniquement sur papier, puisqu’elle n’est pas certaine d’avoir déjà eu une véritable conversation avec lui. Une discussion qui aurait justifié l’animosité mutuelle, et les nombreuses joutes verbales qui alimentent leur histoire commune – aucune, non, ou pas qu’elle se souvienne. He can’t be that bad. Cette pensée fébrile germe dans son esprit, et commence à s’étendre. S’il s’est décidé à l’aider, mettant son corps (et en l’occurrence, sa sale gueule) au supplice afin de l’épargner, peut-être n’est-il finalement pas un individu indigne d’intérêt. C’est sur cette base instable de peut-être, d’éventuellement et de sur un malentendu, que Rosie se tend imperceptiblement lorsque Dex se fait entendre de nouveau, menace ponctuée d’une intonation tonitruante.  Le museau se froisse, en retour, et un rictus mauvais secoue ses lèvres tâchées de sang séché. « Essaie un peu, et vois ce qui t’arrive. » Les mots sont grognés, plutôt que clamés, et c’est un air de défi qui étreint ses traits fins. Elle relève le menton afin d’aligner les regards, et les sourcils se froncent dans l’instant.

Cependant, l’aplomb avec lequel Dex se maintient est exemplaire (bien qu’extrêmement agaçant). Même après avoir bataillé avec lui, il se refuse à lui montrer l’étendue des dégâts – et se permet, sans sourciller, de l’irriter. « De un, me parle pas comme ça, » elle ordonne, intonation d’abord maintenue, qui s’élève maintenant vers les aigus – silencieusement effarée que sa prise de conscience, et son empathie (toujours un peu fraîche), ne soit repoussée aussi sèchement. « de deux, fais c’que tu veux, mais si tu te tapes une cicatrice, tu ne viendras pas te plaindre. » Rosie roule ostensiblement des yeux, mâchoires serrées à l’en faire grimacer de douleur. N’en dira pas plus, puisqu’il n’a visiblement pas l’envie d’en entendre davantage. Son estomac s’ankylose toutefois, craignant d’être responsable de cette cicatrice qui, pour le moment, n’existe que dans son imagination.

Ce n’est qu’avec une clope au bec, que l’aigreur semble se dissiper. Les exhalations se fardent de fumée. « Quelle connerie ? » La demande est faite innocemment, à deux doigts de battre des cils afin de souligner sa prétendue candeur. Rosie retrouve cependant le naturel qui fait palpiter ses chairs, et rajoute : « Une clope, et c’est tout. J’ai pas ton fric. » Fair enough, se dit-elle, comblée par sa propre répartie. Etrangement, le princesse que Dex prononce manquerait de la faire rougir – Rosie n’est pas certaine que quiconque l’ait déjà appelée de la sorte. De princesse, elle n’en a rien d’une, avec l’agressivité en étendard. Et si elle comprend le sarcasme, ce mot reste en elle, à épouser le cœur qui manque un battement. « C’est une explication bidon, mais j’apprécie le geste. » Elle s’humecte les lèvres, et le considère un instant, avant de retourner à sa cigarette. « Et princesse, demoiselle en détresse, évite ce genre de connerie avec moi, s’il te plaît. » Rosie grogne, avec une seconde de battement. Même si ça te fait plaisir, même si personne ne t’a jamais appelée comme ça. « Surtout que t’as plus l’air d’un bouffon, que d’un prince charmant. » Le sourire est immédiat, léger, mais aussitôt mis à mal par la question de Dexter.

Ses lèvres se pincent plus fermement autour de sa cigarette, alors qu’elle fait mine de réfléchir à la question. « Je suis folle et tu es un gosse de riche mal baisé. Chacun sa merde. » Elle lâche, d’un ton las, avant de taper sa clope de l’index, cendre tombant en à leurs pieds. Lorsque ses yeux s’arriment à ceux de Dexter, elle ne sait pas vraiment ce qu’elle essaie d’y trouver. « Non, j’suis pas obligée de faire ça, Stratford. Autre question ? » Avant que sa main ne s’élance dans les airs, pour l’interrompre s’il souhaitait parler de nouveau. « Attends, attends, en fait, à mon tour... » Retire la clope d’entre ses lippes, avant de la lâcher et de l’écraser sous la pointe de sa chaussure. « Est-ce que t’es vraiment un connard, ou est-ce que tu veux simplement te donner l’air cool ? » La commissure s'étire de nouveau. « Parce que ça ne fonctionne pas, tu sais. »

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Si le rictus est mauvais, Rosie n’a toutefois pas envie de se lancer dans une énième rixe. Ses poumons sont douloureux, point d’attache entre les deux qui semble tressauter, la torturer dans l’instant, et qui la fait serrer des mâchoires par intermittence. Cependant, Dexter n’est jamais silencieux, alors qu’elle voudrait tant qu’il le soit – à lui envoyer, à verve égale, les mêmes injures. Parfois même, avec davantage d’aplomb, ce qui la fait se raidir, et serrer des poings, demi-lunes rougeâtres qui s’inscrivent dans le creux de ses paumes. Le corps flanqué d’une nonchalance rare, elle croise les bras et se redresse, regards qui s’alignent, prunelles qui s’enflamment, rétine qui brûle. « Stratford, s’il te plaît, » les murmures deviennent grognements, vibration qui fait frémir le haut de sa poitrine, alors qu’elle bloque l’air dans ses poumons, « arrête-toi là, d’accord ? J’suis pas d’humeur à t’entendre piailler. » Le museau se fronce, l’air dédaigneux alors que l’intonation est fardée d’une supplication dissimulée, avant de relâcher ses muscles qui se dégourdissent dans le geste, soupir d’aise qu’elle relâche enfin.

Lorsque la menace d’un procès lui tombe à revers, Rosie bat des cils – innocence feinte, alors qu’une pointe d’inquiétude commence à lui mordre le coeur. « …tu déconnes, Dexter ? » La sentence est lourde, alors que la tension recommence à s’amonceler sous l’épiderme, à rouler autour de ses os, à empoisonner son cœur d’un fardeau déstabilisant d’angoisse. « j’ai rien fait, je ne t’ai rien demandé…je ne t’ai même pas touché. » Chaque mot est énoncé avec vigueur. L’injustice de l’accusation lui donne envie de se défendre avec véhémence – cependant, c’est avec prudence qu’elle évite désormais d’être trop grossière, essayant de mettre à profit ses forces afin d’insuffler à ses paroles toute l’ardeur dont elle est capable. La répartie de Dex la fait hausser les épaules, sourire à la jonction de ses lèvres, fossettes qui se creusent à la naissance de ses joues. « Le bouffon est parfois surprenant. » Claque sa langue contre son palais, avant de croiser davantage ses bras contre sa poitrine, à lever le nez vers le ciel en sentant les premières gouttes transpercer la maille de son pull.

Mais le visage se redresse brusquement, lorsque Dexter sous-entend une éventualité qui la fait arquer les sourcils. Le silence ponctue la fin de sa phrase, alors qu’elle se sent incapable de la moindre répartie – alors que, généralement, les réponses sont immédiates, vives, coupantes. « Tes talents ? » Elle commence, mais ne finit pas. L’idée se loge dans le crâne. Ne peut pas s’en débarrasser. N’en a peut-être pas envie. « Merci de me mettre ça dans la tête, j’vais probablement jamais pouvoir m’en remettre. » Rosie siffle, avant de le considérer de ses yeux sombres – avec une certaine application, en essayant d’écarter du revers de main tout ce qui lui inspire en temps normal. Il est beau, certes, mais horripilant. Pourquoi se surprend-elle à apprécier leur conversation ? « Alors, quoi, c’est ça la soirée idyllique à tes yeux ? Me baiser dans un parking pour me détendre ? » Elle siffle, alors qu’il s’accoude à une voiture, et qu’il y a un changement léger dans la manière qu’il a de sourire. Ses prunelles le dardent d’un regard qui commence à se perdre, lentement, dans tout ce qu’elle se permet d’imaginer. Rosie déglutit. Ferme les yeux. Essaie d’oublier. Putain.

« Je te parle parce que je ne peux pas retourner à l’intérieur du pub, » Hardot hausse les épaules, en essayant de maintenir une distance qui lui semble raisonnable entre elle et lui, « je ne trouve aucun prétexte, tu t’fais des films. Quant à toi… pourquoi tu n’retournes pas voir tes bons copains ? Tu veux plus m’quitter ? » Le sourire frémit à la commissure, mais aussitôt, les nerfs se mettent à frémir sous l’épiderme, lorsque le mot princesse s’extirpe des lèvres de Dex. En quelques pas, Rosie se rapproche, plante son index tendu au milieu de son torse, et relève un peu le menton. Elle grince : « Je t’ai dit de ne pas m’appeler comme ça. Tu sais pas ce que je pense, tu sais rien. » Espèce d’idiot.

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