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 L'oiseau vole à contre vent

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Manus O'Reilly

Manus O'Reilly


∴ Pseudo : /
∴ Posts : 37
∴ Faceclaim : James McAvoy
∴ Merci à : Wild Avatar
∴ Âge : 35 ans
∴ Occupation : Trésorier de l’Irish Mob
∴ Statut : Célibataire
∴ Vice : Alcoolique, grignoteur, producteur de sa bière
∴ Free land : L'oiseau vole à contre vent  Tumblr_mqo7pnzDsp1sz380oo1_400

Elle met du vieux pains sur son balcon,
Pour attirer les moineaux, les pigeons.


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O'Reilly un jour, O'Reilly toujours.


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MessageSujet: L'oiseau vole à contre vent    L'oiseau vole à contre vent  EmptyMar 22 Déc - 23:43

Qui dit nouvelle ville, dit nouvelle vie … et donc achat ! Si certains se contentaient de changer de quartiers – ou d’Etat – aux Etats-Unis, le trio irlandais avait opté pour un changement de pays. Si la langue était la même, les accents différaient considérablement ainsi que les habitudes. Si Manus avait eu un petit sentiment de jurer avec la classe bourgeoise américaine, il avait la sensation d’être un total alien parmi ces Britanniques pompeux. Chaque élément le rappelait, évidemment.

Heureusement, il existait deux remèdes à cet isolement social temporaire : ses copains expatriés, et surtout la bière ! Manus avait une préférence pour le second. Cette boisson déliait les langues et créait même une seconde langue internationale où être compris – ou comprendre – n’avait guère d’importance : tout était dans le ton de la voix, et dans les cœurs – ou dans la tête, selon ceux qui restaient miraculeusement sobres. Enfin, et surtout, il n’y avait pas à réfléchir.

Lui qui s’était promis d’éviter et de garder ses distances avec le Corbeau, voilà que la situation les rapprochait que davantage. Ils étaient littéralement les trois pauvres fuyards de l’Irish Mob du Bronx, au milieu de cette ville pourrie et corrompue, dans un pays où il fait gris tous les jours de l’année – avec quelques petits éclats de soleil. Est-ce que cette « épreuve » les avait rapprochés ? Il ne saurait dire : la situation était tout simplement gênante et frustrante pour lui. En plus, il avait eu cette « petite » promotion de Bras droit, et ils avaient maintenant à gérer un bordel ! Définitivement, la vie prenait une tournure bizarre, et ne semblait pas décider à lui apporter un peu de paix.

Alors, il refoule, et il tente d’être le soutien de chacun. Le cousin heureux et relax pour l’un, et le « chef » professionnel et adulte pour l’autre. Si le rôle était aisé à jouer avec le premier, l’affaire était un brin plus compliqué avec le second. A chaque fois qu’il revoyait Raven, il repensait à la façon brutale et franchement violente avec laquelle elle l’avait rejeté – sans chercher à l’écouter, et à l’accuser de tout gâcher. S’ils avaient au Bronx, il aurait pu bouder et rester dans son petit bureau avec les comptes. Malheureusement, ce n’était pas le cas, et il devait être présent à la demande de chacun.

En l’état, Raven avait besoin d’aides pour monter quelques meubles. De plus, elle avait annoncé aux deux Irlandais qu’elle allait vivre en colocation. A cette annonce, il faut dire que ni l’un ni l’autre n’y avait cru – ou avait été convaincu. La brune était une solitaire – c’était son essence même – : vivre avec quelqu’un était presque contre nature. Autant dire, en plus de son rôle de Bras droit, la curiosité avait également pris le pas sur sa bouderie : il voulait connaître ce fameux colocataire. D’une, voir s’il existait. Et de deux, savoir s’il y avait un risque pour l’Irish Mob. Evidemment, il ne l’avait pas dit à Raven et, par conséquent, il y avait de forte chance que ladite colocataire soit absente. Ce n’était pas bien grave : il ira un autre jour ! Si elle acceptait de vivre avec quelqu’un, cela voulait dire qu’elle pouvait recevoir ! A défaut, il ferait copain avec la colocataire. Les solutions ne manquaient pas.

Il ne tarde pas à arriver devant l’appartement en question, et attend sagement après avoir sonné.

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Raven Cooper

Raven Cooper


∴ Pseudo : Mayelle
∴ Pronom irl : Elle
∴ Posts : 97
∴ Faceclaim : Felicity Jones
∴ Merci à : Cliffs Edge (avatar)
∴ Âge : Trente-et-une années se sont posées sur ses ailes couleur de l'asphalte
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∴ Pronom inrp : Elle
∴ Occupation : Walter White en herbe pour l'Irish Mob !
∴ A Exeter depuis : A peine quelques mois
∴ Statut : Les ailes rapiécées et incapables de voler à nouveau
∴ Vice : L'âme peureuse et la langue asociale.
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"Je ne sais pas dire Je t'aime
Je ne sais pas
C'est trop bête, je vais le dire
C'est rien, ces deux petits mots-là
Mais j'ai peur de te voir sourire
Surtout, ne me regarde pas"

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Manus- Cináed - Nova - Cáel
Vsevolod
∴ Triggers, refuse de jouer : Je pense être capable de tout jouer. Au pire, je le ferai savoir !
∴ Warnings, va être amené.e à jouer : Des situations probablement grotesques, des ambiances noires propres à l'univers

∴ Présentation : L'enfer, c'est les autres
∴ Liens : Sombre Corbeau

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MessageSujet: Re: L'oiseau vole à contre vent    L'oiseau vole à contre vent  EmptyMar 12 Jan - 21:59

Le Corbeau avait cette ville en horreur. Elle ne différait pourtant guère des quartiers miteux du Bronx. A Exeter, tout y était aussi sombre, aussi médiocre, aussi misérable. Sa fumée constante, ses façades décrépites, son air gangrené suintait la violence par tous ses pores, la perdition et l’abandon à une existence tout juste acceptable. Raven le voyait aux nombreux regards qui se dérobaient constamment, qui fixaient ostensiblement le sol et qui ne s’égaraient jamais sur une silhouette dans la pénombre. La jeune femme n’aurait pas cru qu’elle aurait pu trouver un lieu plus misérable. Les corps se trainaient dans les ruelles de ce pays si lointain, les veines gonflées d’artifice, la chair rongée par trop de substances et les pupilles éclatées de chimères intangibles.

Raven n’appréciait pas de bout d’île perdu à l’autre bout de l’océan. Il lui semblait qu’il n’était pas assez étendu pour s’enfuir, pour s’échapper par ses tout petits trous de souris si cela était nécessaire. Cette destination demeurait déjà une fuite en soi. Un matin, il avait fallu quitter les ruelles lugubres du Bronx pour s’envoler vers un ailleurs teinté de danger et d’inconnus. Et l’inconnu, le Corbeau détestait cela. Elle possédait toutes ses habitudes là où elle se trouvait avant. Un appartement à elle qui était le témoin de toutes ses routines journalières, une connaissance des mouvements de chacun, des rues et des quartiers pour éviter de faire des rencontres désagréables. Ainsi orchestré, son quotidien était censé s’affranchir d’une grande partie de désagréments. Ici, tout était différent. Rien n’était familier, et il fallait qu’elle réapprenne, qu’elle prenne des risques pour que ses calculs soient les plus exacts et perfectibles. Pire encore était le fait qu’elle n’avait eu d’autres choix financiers que de s’associer avec une colocataire pour avoir un toit sur la tête. Son départ s’était fait si précipité que Raven n’avait pu régler aucune de ses affaires administratives et bancaires. Elle s’était donc retrouvée à l’autre bout du monde avec quelques billets qu’elle gardait chez elle au cas où et sa paye actuelle, mais pas encore déclarée. Tout était encore à bâtir et c’était ainsi que Raven s’était vue partager sa vie avec une des nombreuses épaves de cette ville. Une carcasse gorgée d’ivresse qui se traînait çà et là, goûtait à presque toutes les promesses d’irréel et d’abandon, et parsemait sur son chemin un désordre que la chimiste s’empressait de faire disparaître aussitôt.

La plupart du temps, elle le passait enfermée dans sa chambre avec ses cahiers à dessin ou ses livres de sciences quand elle ne s’épuisait pas à de longues heures de travail. Cináed et Manus s’étaient démenés pour trouver rapidement une solution à cette exportation précipitée et elle avait dorénavant la joie de travailler dans un nouveau labo. De nouveaux protocoles donc, de nouvelles habitudes, une nouvelle manière de procéder. Bref, tout autant d’éléments qui la tenait particulièrement occupée et Raven n’avait pas encore eu l’occasion de monter ses meubles qu’elle avait pourtant reçus depuis quelques jours déjà. Il lui avait fallu d’abord passer par plusieurs étapes. Tenter de se débrouiller par elle-même et constater qu’elle n’y parvenait pas. Mettre son orgueil de côté en réalisant qu’elle ne comprenait pas un simple plan de meuble et demander de l’aide. Et oser faire une telle demande à Manus –puisqu’il était évident qu’elle ne se tournerait jamais vers son autre patron.

Si Raven devait admettre un seul point positif avec ce changement radical d’existence, c’était que ses relations avec Manus s’étaient apaisées, presque comme si ne s’était passé en Amérique. Elle retrouvait en lui l’ami qui lui avait profondément manqué et il n’était pas de trop pour lui apporter un soutien conséquent pour se faire à cette nouvelle vie. Après tout… et même si elle risquait de ne guère l’admettre, c’était uniquement pour lui qu’elle était là aujourd’hui. Jamais elle n’aurait suivi seule Cináed. Jamais elle n’aurait quitté son quotidien s’il n’y avait pas eu la menace de perdre Manus.

« Ah Manus, bonjour ! » dit-elle en ouvrant la porte. Elle avait fait comme elle avait pu pour remettre un peu d’ordre dans l’appartement après le passage de Nova. Par chance, cette dernière n’était pas à ici en ce moment. Raven n’était pas particulièrement enchantée que Manus puisse la rencontrer. « Rentre vite ! » Il ne fut pas sitôt dedans qu’elle ferma la porte et apposa le verrou, comme si le diable pouvait s’insinuer chez elle en laissant ouvert. « Je… je suis désolée, c’est un peu le désordre. Ma colocataire n’est pas très… bref, on est différentes. » Son ton était quelque peu embarrassé et ses mains se tortillant entre elles en attestaient. Pour être différentes, elles l’étaient sur tous les points. « Enfin, elle n’est pas là. Tu veux quelque chose à boire avant qu’on aille dans ma chambre ? Enfin, qu’on s’y mette. Enfin, je veux dire, qu’on monte les meubles ! » bafouilla-t-elle plusieurs fois, se maudissant d’apposer des sous-entendus là où il ne devrait pas y en avoir. Rougissante, elle partit vers la cuisine où elle ouvrit quelques placards et vérifia le frigo. « Hmm… on a du café, du thé, des sodas… ou de la bière si tu préfères. » N'importe quoi tant qu'il faisait disparaître cette affreuse gêne.
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Manus O'Reilly

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MessageSujet: Re: L'oiseau vole à contre vent    L'oiseau vole à contre vent  EmptyMer 20 Jan - 22:13

Il ne savait pas comment réagir face à Raven, dorénavant. Devait-il se réjouir de voir cette bouille angélique et sérieuse ? Il semblerait que sa rancune était terrassée chaque jour, parcelle par parcelle, avec le regard insondable, innocent et meurtri à la fois de la Corbeau. Avait-il le droit d’être jaloux de cette colocataire qui partageait impunément son quotidien, qui aider la chimiste à prendre des repères, voire même à être heureuse ? Le Trésorier remarque bien cet entrain inattendu et ce regard brillant, mettant cette apparente bonne humeur sur le pouvoir de cette parfaite inconnue. Pas un instant, l’idée qu’il soit la source même de cette excitation ne l’effleure. Dans son esprit, il n’était plus qu’un Irlandais qui puait l’alcool un jour sur deux, qui avait été remis au pas violemment et qui n’avait donc pas plus de valeurs qu’une connaissance, qu’un collègue ou – au mieux – un pote.

Ainsi, pendant que la demoiselle se tortille et rougit, pensant commettre ou corriger un impair, Manus s’enfonçait davantage dans une forme de morosité. Il voyait à peine tout le manège de la brunette, tantôt perdu dans ses pensées et ses amertumes, tantôt parce qu’il s’était imposé de ne plus la regarder plus de deux secondes d’affilés. Il ne comptait plus gâcher la relation qu’ils avaient, et quelle qu’en soit la nature selon le Corbeau. Si ce flou plaisait à la brunette, il en était tout autre pour l’homme des chiffres qui aimait le concret et la clarté. Dès lors, le seul compromis à la situation était d’offrir un soupçon de retour à la normale dans leur « relation », pendant que lui étouffe cette frustration rageante qui le gagne de temps à autre.

- Dommage, j’aurais voulu rencontrer ta colocataire, répondit-il. Je dois t’avouer que tu nous as surpris, Cin’ et moi, en annonçant que tu allais vivre en colocation. Nous pensions que tu aimais vivre seule.

Si elle avait vécu seule, comme à son habitude, peut-être que Manus ne serait pas autant gêné et aussi curieux de cette inconnue. Changer de ville était perturbant. Changer de pays était dépaysant. Par contre, que celle qui vous rejette se découvre subitement une envie de vivre avec quelqu’un, c’était choquant … et angoissant. Cela voulait-il dire qu’elle était prête à entamer une relation avec quelqu’un – tout le monde, sauf lui, évidemment ? Si oui, était-il prêt à supporter la vue d’un autre type à embrasser ces lèvres qui lui étaient interdites ? Il se crispe inconsciemment, se demandant de plus en plus s’il avait bien fait d’accepter de l’aider. Elle pouvait souffrir une colocataire, et donc elle pourrait très bien accepter que des inconnus viennent monter ses meubles contre paiement !

- M’enfin … tu t’habitueras vite à la ville. Ta coloc’ a sûrement de bonnes adresses, conclut-il laconiquement. Elle découvrira donc ce lieu de vices avec cette colocataire. Il voudrait bien lui dire de faire attention, d’éviter tel ou tel lieu, mais il se retient : il n’était rien pour elle, si ce n’est une figure floue amusante et amicale - il supposait, du moins ! De la bière, s’il te plaît.

Inconsciemment, sa consommation devenait plus importante ici. Qu’avait-il d’autres à faire, honnêtement ? Certes, des chiffres et des travaux à longueur de journée, mais il n’y avait pas de sœur jumelle, de mère, de potes un peu consciencieux pour le retenir ou la moindre bonne nouvelle dans ce taudis pour lui arracher un sourire sans une bière. Et puis, il sentait que ses nerfs se tendaient ici.
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Raven Cooper

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MessageSujet: Re: L'oiseau vole à contre vent    L'oiseau vole à contre vent  EmptyVen 22 Jan - 0:07

Le Corbeau ne cherchait guère à s’attarder sur les sentiments confus qui agitaient son être. En dépit du temps qui s’était écoulé et de la distance, une légère tension, une gêne palpable s’éprouvait entre eux. Elle voyait encore ses lèvres former les mots fervent de l’amour, l’âme transie de peur et de passion, ses yeux clairs si malheureux, et pourtant, elle n’oubliait pas l’étincelle d’espoir qui s’était glissée dans ses pupilles égarées. La terreur qui l’avait saisie également à cette heure l’agrippait toujours. Elle s’était juste faite moins vive, profitant des derniers bouleversements de leur existence pour paraitre autrement, pour agir comme si tout cela ne s’était pas passé. Ni les mots durs, ni les larmes, ni le chagrin de Manus. Pourtant, il y avait là un réel plaisir à ouvrir la porte à Manus ce jour-là. Un écho familier qui lui rappelait que toute sa vie n’était pas partie en lambeaux, pour qu’elle n’oublie pas pourquoi elle avait fait ça et qu’elle parvienne à tenir bon en dépit de toutes ses frayeurs. Parce qu’elle n’aimait pas cet endroit. Elle n’aimait pas ces rues inconnues, ces gens à l’accent étrange, cet abîme insondable dont elle se sentait prisonnière, cette ombre qui vivait avec elle. Seulement, il y avait Manus ici… Alors elle y resterait malgré tout. Parce qu’ailleurs, mais sans lui, ce serait toujours pire.

« Nova ? » s’étonna Raven, émergeant de ses propres maladresses. Son visage se ferma quelque peu, n’appréciant pas que l’on se méprenne sur les tournures des choses. « Tu ne rates pas grand-chose. C’est juste une droguée. Pour l’instant, je ne crois pas l’avoir encore vue dans son état normal. Je préfère encore qu’elle ne soit pas là… Elle est compliquée à gérer. » Trop souvent, elle la retrouvait baignée dans des limbes étrangères et si lointaines. Sans trop savoir pourquoi, cependant, le Corbeau œuvrait pour la ramener à la réalité. Elle prenait soin d’elle. Un fait étrange. Et pourtant, quand la chimiste y réfléchissait un peu, ce ne l’était pas tant que cela. Elle avait l’habitude. Elle se souvenait parfaitement des gestes, des mots et des réflexes à avoir pour les avoir trop longtemps répétés auprès de sa mère. Elle ne faisait que reproduire de vieilles routines. « Vous ne vous trompez pas. J’aime vivre seule. Cette situation n’est que temporaire. » Le ton de Raven était sans appel. Il était clair dans son esprit, lorsque la situation se serait régularisée, elle quitterait cette colocation méphitique pour s’envoler dans un nid solitaire. Un endroit dont Cináed ne connaitrait pas l’adresse pour éviter qu’il puisse débarquer un beau jour chez elle. Elle pourrait ainsi reprendre ses routines et se satisfaire uniquement d’elle-même.

Elle se contenta ensuite de hausser les épaules quand il déclara qu’elle s’habituerait vite à la vie en Angleterre. Cela, elle en doutait fortement. Exeter ne lui plaisait sous aucun aspect, plus encore parce qu’elle ne connaissait rien. De manière contradiction, il n’était pourtant pas dans ses projets d’en apprendre davantage et de se satisfaire de bonnes adresses. Elle fronça d’ailleurs les sourcils. « De bonnes adresses pour quoi faire ? Je ne sors pas. » Ce n’était pas une chose que Manus ignorait et elle trouvait sa remarque quelque peu étrange de sa part. Même lorsqu’ils étaient dans le Bronx, les uniques sorties de Raven se limitaient à ces jeudis soirs où ils mangeaient ensemble et passaient du temps dans le refuge secret de Manus. Tout ceci semblait si lointain…

Tandis qu’elle allait chercher une bière dans le frigo, elle poursuivit avec une mine contrariée. « De toute manière, je déteste cette ville. C’est pire encore que le Bronx… Puis les gens sont si bizarres et effrayants. Et ce ciel… je n’ai pas encore vu le soleil depuis que nous sommes arrivés. » Quelque peu ironique pour une demoiselle qui passait le plus clair de son temps enfermée dans un laboratoire enfoui sous terre. Elle décapsula la bouteille qu’elle tendit à Manus. « Il est encore tôt… » fit-elle remarquer d’un ton concerné alors qu’il attrapait sa bière. Elle n’oubliait pas que c’était un sang irlandais qui coulait dans ses veines. Elle ne devrait sûrement pas s’en formaliser. « Tu aimes être ici, toi ? » demanda-t-elle, curieuse tandis qu’ils prenaient le chemin de sa chambre. Sur leur trajet, elle ne put s’empêcher de remettre des bibelots en place, de ranger ce qui avait été déjà rangé ou qu’elle ne jugeait pas assez ordonné. En revanche, ce fut quand ils atteignirent sa chambre qu’elle n’eut plus besoin de rien toucher. Pour l’heure, il n’y avait aucun meuble, hormis un matelas qui trônait dans un coin de la pièce. Tout le reste était scrupuleusement rangé et ordonné dans différents coins de la chambre. Quant aux meubles qui devaient être montés, soit un lit, un bureau et une bibliothèque, Raven avait sorti soigneusement chaque pièce sur le parquet, les répartissant par ordre chronologique de montage. Ils en étaient de mêmes pour les vis et les outils parfaitement alignés comme des instruments chirurgicaux sur une table d’opération. Un ordre absolu…
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