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 the nightmare is not over yet ~ trevor

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Servan Evans
seduce us to abhorrence

Servan Evans


∴ Pseudo : haxän (ou magma.)
∴ Pronom irl : elle / her / she
∴ Posts : 486
∴ Faceclaim : cody fern
∴ Merci à : (av by kimlee & signa by myself and i)
∴ Âge : trente deux abysses, un puits sans fin.
the nightmare is not over yet ~ trevor NiftyAgonizingGazelle-size_restricted
∴ Pronom inrp : il / lui / him / la.merde.
∴ Occupation : plonge dans le monde de la luxure et la facilité. il offre sa carapace de chair et de sang contre quelques billets. vend des produits illicites quand ses poches se font vides
∴ Statut : éternel célibataire
∴ Place : ici et ailleurs. sdf squattant une dizaine de canapés.
∴ Vice : le vice de la chair et de l'opium rédempteur. auto-destruction et auto-mutilation.
∴ Free land : (4/4) closed.
trevor ~ hyacinthe ~ adèle ~ chloe

∴ Triggers, refuse de jouer : rien ne me heurte.
∴ Warnings, va être amené.e à jouer : addiction, sexualité, violence, prostitution, dépression, langage cru... à dire vrai, la liste est longue - i'm so shameless -

∴ Présentation : fucked up
∴ Liens : bluryface

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MessageSujet: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyDim 29 Nov - 17:38

la puanteur des lieux remonte jusqu’à tes narines. elle assiège ton esprit, te donnant un haut-le cœur. c’est nauséabond, ce mélange de pisse et de sueur, de sang et de plaie ouverte. c’est infect et pourtant accoutumée. tu ne comptes plus les fois où tu as foulé ce sol crade. où tu as jeté un regard dégoûté sur ce banc sale. définitivement, tu préfères rester debout et réfléchir à comment te sortir de cette cellule. tu es dans la merde. encore. pour la énième fois. dire que le début de ta soirée s’était bien passée. elle était animée par sa voix doucereuse et charmeuse. il n’était pas un client comme les autres. il était attentionné et un brin énigmatique. un de tes pires défauts s'était ainsi manifesté ; tu lui as accordé ta confiance. celle qui t’a valu un premier coup gratuit et loin d’être justifié. il t’a fallu quelques secondes pour assimiler les faits et comprendre sur quel type d’individu tu es tombé. un sadique maladif, de ceux qui trouvent leurs jouissances dans la violence inouïe. un taré qui blesse et rigole. méphistophélès dans une peau pseudo-humaine. malgré la douleur immédiate, tu ne t’es pas laissé faire. tu as retourné les coups, encore et encore. tu étais entré dans une violence hystérique, ne te rendant pas compte quand ton poing déjà ensanglanté avait épousé une mâchoire plus fine. merde. les flics s’étaient intervenus et sans le faire exprès, tu as tapé l’un d’eux. te voilà derrière les barreaux. du revers de ta chemise déchirée, tu essuies ta lèvre inférieure. elle pisse le sang tout comme ton arcade sourcilière. tes cotes te sonnent et te rappellent ta condition actuelle. celle d’être une souris coincée. celle d’être une souris morte si tu ne l’appelles pas pour te sortir de là. malencontreusement, tu as beau réfléchi en nommant toutes tes connaissances, tu ne vois qu’une seule capable d’avoir l’argent nécessaire pour payer ta caution. tu pestes rien qu’à cette idée. trevor. ça te rend malade de l’appeler au secours mais tu n’as pas le choix, vraiment pas. alors, pénible et fébrile à la fois, tu demandes à passer un coup de téléphone. le coup de grâce.

“evans, sors de là” tu lèves la tête vers cette voix familière. l’agent rayan déverrouille la serrure des portails métalliques non sans soupirer de lassitude. elle compte plus les fois où elle a établi les mêmes gestes, où elle a vu ta sale gueule de faux ange. “j’te dis à bientôt hein”. tu n’essaies même pas de sourire à son humour merdique. au fond, elle n’a définitivement pas tort. tu trouveras un moyen pour revenir parce que tu es un aimant à problème et tout le poste le sait déjà. silencieux, tu la suis avant de te retrouver en face de lui. ton sauveur du soir, l’homme à qui tu rêve de refaire le portrait. « t’as payé combien ? j’vais te rembourser. » tu n’es pas reconnaissant. tu ne baisses même pas la tête. fier et orgueilleux malgré ta situation peu glorieuse. tu vas jusqu’à croiser tes bras sur ta poitrine, dans une position défensive-agressive. il ne doit pas te surmonter ou te réprimander. il est personne pour toi. il est cet élément nuisible qui aurait dû crever à la place de ton frère. une réalité que tu gardes enfouie, dans ta conscience bornée. « t’as un truc à manger chez toi ? » oui, tu as bel et bien posé cette question. comme si tu ne l’avais pas sorti de sa maison à deux heures du matin pour payer ta caution. comme si le fait de venir à ton secours est la chose la plus normale et ordinaire qu’il ait pu faire. tête en l’air et désinvolte, tu l’interroge du regard. aucune honte ne se dessine sur tes traits défigurés. incorrigible connard.
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Trevor Morton

Trevor Morton


∴ Pseudo : nostalgie.
∴ Posts : 591
∴ Faceclaim : luca marinelli.
∴ Merci à : dopamine <3 (av.), lana del rey, cabadzi (quotes)
∴ Âge : trente-sept ans.
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∴ Occupation : oncologue sur le point de flancher. ne croit plus à la médecine ni aux miracles.
∴ A Exeter depuis : sa naissance.
∴ Statut : seul après une vie partagée auprès de la même âme. se faire la promesse de tout affronter était une erreur. la mort a toujours le dernier mot.
∴ Place : dans son pyjama qu'il ne quitte presque jamais. et quand on pense que oui, et bien non, son manteau le cache juste.
∴ Vice : refuse de prendre au sérieux sa dépression. préfère la nier et la nourrir d'alcool.
∴ Free land : the nightmare is not over yet ~ trevor Tumblr_mphd8hCd041s1trpto1_r3_500
-- Je fais parti de la famille des suicidaires, c’est-à-dire pas nécessairement de ceux qui mettent fin à leurs jours, mais de ceux qui ont toujours la mort à leurs côtés, pour plus de sûreté, pour parler avec elle, pour espérer en elle. (Stig Dagerman.)

-------------
oz, servan, billie, rocky, edwin, cináed, peter, icare, cáel, duane (full)

∴ Triggers, refuse de jouer : //
∴ Warnings, va être amené.e à jouer : deuil, addiction, maladie, mort, violence, prostitution.

∴ Présentation : ((un bonheur en parenthèses.))

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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyDim 29 Nov - 21:44


-- you are a hole in my life, a black hole. anything i place there cannot be returned.

Lorsque le téléphone sonne si tard, celui-ci apporte généralement avec lui de mauvaises nouvelles. Echoué au plus profond de son sommeil, un frisson traverse brutalement le corps de Trevor qui se redresse brutalement afin de saisir l'appareil. La sonnerie fait grimper les battements de son cœur tandis que son souffle se coupe. Durant le long combat de Solal, tous les pires moments de la maladie se passaient la nuit. Morton ne compte plus le nombre de coups de fil passés et reçus en urgence annonçant que le cancer se faisait capricieux. Les mauvais souvenirs réveillent en lui des angoisses. Sueurs froides qui se calment à l'annonce de Servan. S'il soupire et se redresse mollement de son lit, Morton ne réfléchit pas un instant. Il va aller le récupérer, peu importe où il se trouve. Le médecin bravera le froid de la nuit, son état brumeux et la fatigue afin d'aller le récupérer. Le fantôme de Solal posé sur ses épaules, il serait incapable de rester là et lui refuser une énième main tendue.

Devant le commissariat, Morton ressent une tension tout au fond de son être. Une douleur vive jouant avec ses nerfs et chacun de ses organes. Croiser le regard colérique de Servan est une douleur à laquelle il se prépare psychologiquement mais qui arrive bien trop vite à son goût. Dans la chaleur du bâtiment, tandis que le fautif se présente à lui, Trevor, lui, ne voit en premier lieu que des éclats de Solal. Les frères se ressemblent tellement qu'il en souffre. Si on lui donnait la possibilité égoïste de le faire, Morton sacrifierait l'un pour retrouver l'autre. La voix de Servan le fait grimacer. Il ne répond pas à sa première question, l'ignore délibérément afin de saluer l'agent avant de quitter les lieux. Le regard insolent d'Evans l'empêche de réfléchir correctement et lui tourner le dos semble la seule solution viable sur l'instant. Ce n'est qu'une fois dehors, perdu dans le froid et l'obscurité que Morton retrouve un peu de ses capacités. Sa veste entrouverte laisse apparaître un haut de pyjama rayé et déformé par les années qu'il n'a pas eu la foi de changer avant de partir. Il était trop fatigué, ses cernes et ses cheveux en bataille en témoignent lorsqu'il se retourne enfin vers la cause de tous ses troubles. L'homme son paquet de clopes, en cale une désespérément entre ses lèvres. -- Une clope ? Trevor refuse de parler d'argent car tous deux savent que Servan ne le remboursera pas. Face à sa détresse, toute sa hargne disparaît et ne laisse place qu'au silence et au mépris. Le médecin ne se sent pas capable de se battre contre lui après ce silence trop long. Un rien lui donne l'illusion d'échouer avec le plus jeune.

Servan est un juge difficile qui depuis leur première rencontre a rendu son verdict, sans appel. Trevor Morton condamné à perpétuité d'un crime qu'il n'a pas commis.

-- T'as qu'à me suivre. Sa voix est grave mais aussi très basse, comme s'il essayait de ménager une force supérieure qui pourrait s'écraser sur eux et les dévaster. Morton ne lui demande pas pourquoi il est blessé, ce qu'il faisait là. Il a déjà tenté par le passé, de s'intéresser à Servan et lui tirer les vers du  nez mais cela ne faisait que rendre les choses plus difficiles. Le dos légèrement voûté par le poids de la lassitude, Trevor grimpe dans sa voiture, attend de l'oiseau perdu qu'il fasse de même. Le bruit du moteur ronronne, réveille à la radio une vieille chanson de country qui casse un peu le silence gênant entre eux.
Les sons masquent aussi les battements désaccordés de son cœur défait.
Il n'avait pas besoin de ça ce soir. Ni tous les autres.
Servan Evans, son mauvais sort.

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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyLun 30 Nov - 12:24

tes graciles écorchées, se tendent pour récupérer le bâton aux herbes cancéreuses. tu le glisses entre tes charnues enflées avant de l’allumer. la brûlure occasionnée dans ta gorge te fait un bien fou. un mal qui fait du bien, définitivement. d’ailleurs, ça t’aide à faire abstraction du froid sibérien claquant ton corps très peu vêtu et blessé. ça t’aide aussi à oublier la personne désagréable qui se trouve en face de toi. morton. le voleur déchu. la carapace vidée de toute moralité. la vipère au poison mortel. celui qui a fini par emporter ton frère dans un monde ésotérique et inconnu. tu grinces des dents et ton regard aux allures meurtrières s’enfonce dans le sien. alors comme ça, il va pas t’embêter avec des questions dérangeantes ? visiblement, il a appris sa leçon. tu es fermée comme une huître et ce n’est pas demain la veille que tu changeras. cela n’empêche que tu es d’humeur taquine et mesquine. à peine as-tu posé tes fesses sur le siège passager, que tes lèvres à la teinte bleutée s’entrouvrent, prêtes à blablater des hostilités. « t’me demandes pas ce qui s’est passé ? tu t’en fous quoi. » oui, ta mauvaise foi est à son paroxysme. tu n’as jamais cessé de jouer au même jeu ; celui de la peste incorrigible. et tu es plutôt doué pour cette espièglerie. te glissant dans la peau de l’indigner, tu te montres faussement contrarié, balançant le mégot par la fenêtre à peine fermée. tu te plonges dans le mutisme. tes oreilles bourdonnent à cause de ses chansons passant à la radio. alors tu l’éteins, faisant en sorte de faire régner ta loi.

quand la voiture se gare et s’arrête, tu es le premier à descendre. tu t’étires et regardes aux alentours. le quartier incruste des réminiscences dans ton esprit. tu le revois, ton frère et son sourire avenant. tu le revois t’aider à escalader les quelques marches dans ton état de profonde ébriété. tu le revois couvrir ta carapace d’une couverture après t’avoir donné à manger. ça fait étirer tes lippes dans un sourire nostalgique. il était bon solal. il était la bonté incarnée, toujours à t’accueillir les bras grands ouverts. il ne s’est jamais plaint. il ne s’est jamais montré acerbe avec toi, peu importe l'étendue de tes conneries. vraiment, tu ne sais toujours pas comment et pourquoi il s’est lié à un homme si médiocre. si insignifiant. s’il était avec un homme plus compétent, peut-être qu’il n’aurait pas crevé si soudainement. si injustement. un soupir contenant ta peine quitte tes oesophages alors que tu pénètres dans la demeure. la décoration est la même. les photos sont à leur emplacement habituel. rien n’a vraiment changé à part la disparition de l’âme de ces murs. « t’as un pyjama à me prêter ? » peut-être celui de ton frère ? après tout, vous faites la même taille malgré le fait que tu sois son cadet. sans communiquer le fin fond de ta pensée, tu jettes un regard dégouté à l'accoutrement de morton. trop de mauvais goût, c’est répugnant. « évite de me donner un truc … comme ça. ça pue la vieillesse. » tout en parlant, tu le pointes du doigt, de la tête aux pieds dans un geste désapprobateur et moqueur. tu ne sais pas ce que tu cherches à déclencher. tu le provoques, encore et toujours. c’est devenu une sale habitude et on le sait, les habitudes sont rudement tenaces. ton caractère fermé fait la malle quand trevor est dans les parages. à chaque fois, tu essaies de le pousser dans ses retranchements et tous les moyens sont bons pour arriver à tes fins. éhonté, tu te débarrasses de ta chemise déchirée la faisant glisser sur le sol. tu ne te baisses même pas pour la récupérer. son sort ne t’intéresse plus. tes bottines suivent la même trajectoire tout comme ton pantalon. en caleçon, tu te balades dans la cuisine, récupérant un petit morceau de pain. « alors, qu’est-ce que tu deviens, doc ? » en réalité ? ça ne t’intéresse pas et le fait d’ouvrir tous les placards à la recherche d’un truc à manger en est la preuve. le seul qui titillait ta curiosité est mort et enterré, le reste n’a guère d’importance à tes yeux.  
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Trevor Morton

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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyMar 1 Déc - 14:53


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Servan a la chance ou plutôt le malheur d'être Servan. Le seul homme capable du pire face à qui Trevor ne fait plus le poids. Sa présence est un venin toxique que Morton s'empresse de boire sans un mot ni une grimace. Habitué à la douleur que le plus jeune lui apporte, l'homme ne rechigne plus. Anesthésié par le froid, l'animal démarre, laissant alors à l'insolent le loisir de reprendre la parole. Clope entre les lèvres, regard blasé, il  hausse les épaules avec toute la mollesse et le détachement dont il est capable. -- T'as raison, j'en ai rien à foutre. Il ne voit là qu'une énième bagarre pour montrer qu'il existe, gamin en mal d'attention depuis toujours. Trevor ne l'a jamais connu autrement et la mort de Solal n'a fait que creuser un fossé entre eux. Une tranchée infranchissable où se noient toutes ses bonnes intentions dés qu'elles essaient de l'atteindre. La musique se tait et laisse place au silence. Un moment lourd où ni l'un ni l'autre n'essaie de sauver les meubles et de se lancer dans une discussion qui ne réconforterait personne. S'ils se connaissent depuis de nombreuses années, tous deux n'ont toujours été que des inconnus. Seul Solal était le point qui les reliait mais maintenant que celui-ci n'est plus, leur existence n'a plus le moindre sens. Si Servan ne dit rien, préférant se détruire et le haïr, il est évident qu'au creux de ses pupilles se trouve une faille semblable à celle de Morton.
Ses doigts se serrent nerveusement sur le volant et son corps accepte de lâcher prise seulement lorsque le moteur de sa voiture cesse de ronronner et que son nid triste se dessine sous ses yeux. Ici plus que nulle part ailleurs se trouvent les souvenirs de l'homme qu'il aime. L'épicentre de toutes les catastrophes émotionnelles. Le son des ambulances résonnent dans sa tête en s'approchant de la porte d'entrée où le traînent mollement ses pas.

Le jugement de Servan ne lui fait plus rien, habitué à son hostilité, Morton enlève sa veste et l'enfile sur son porte manteaux. Bien longtemps que lui ne fait plus attention à son physique. Sa garde robe n'est plus qu'un mélange de pyjamas ou de joggings informes dans lesquels sa masse osseuse se perd. Le confort des vêtements lui donne la sensation d'être perdu dans un nuage à défaut de pouvoir se perdre dans les bras de Solal. L'illusion est presque parfaite, comme un petit chat trouvé à la rue qu'on dorloterait dans un plaid. L'énergie du plus jeune lui donne la sensation d'être dans une léthargie dont il lui est impossible de s'extraire. Chacun de ses mouvements sont lents et fatigués, usés par la vie et ce qu'elle lui a volé. -- Je vais voir ce que j'ai. Il le laisse seul en évitant soigneusement de poser son regard sur le corps malmené de son invité. Picasso redresse la tête lorsqu'une fois fois dans sa chambre, Trevor prend son courage à deux mains afin d'ouvrir le placard où se trouvent encore toutes les affaires de son aimé. Le chat s'approche, se mêle à ses jambes et manque de le faire tomber. L'homme râle alors sur la bête qui ne comprend pas ce qu'il se passe avant de fuir. De retour sur ses pas, Morton soupire, attrape les affaires de Servan avant de le rejoindre dans la cuisine. Le voir, là, aussi vivant dans une pièce qui n'a pas connu le moindre sourire depuis des mois éveille en lui une colère incontrôlable. Sa silhouette approche celle d'Evans d'un pas plus rapide, comme s'il reprenait le peu de vie qu'il lui reste. Ses mains plaquent alors en boule le pyjama de Solal contre le torse de Servan. En plus du physique, l'odeur des frères est sensiblement la même comme s'ils portaient à eux deux un parfum bien à eux, permettant à n'importe qui de reconnaître leur fratrie. -- Tu enfiles ça et tu arrêtes tes conneries. Si son compagnon aurait accepté une telle animosité, lui refuse de se laisser piétiner de la sorte.J'ai pas besoin d'un guignol en caleçon dans ma cuisine. Morton s'en veut car une part de lui sait qu'il offre exactement ce qu'il désire à Servan et cette idée lui refile la nausée. Son regard menaçant s'éloigne du sien. Un silence lourd toujours posé sur ses épaules, Trevor fouille à son tour dans les placards à la recherche d'un paquet de gâteaux dont la date de péremption ne soit pas dépassée. -- Tu comptes t'éterniser ici combien de temps ?
Toute la vie Morton, Servan ne te quitte jamais.
Tu l'as dans la peau même si c'est contre ta volonté.


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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyMer 2 Déc - 11:59

il n’en a rien à foutre. son détachement aiguisé ne te surprend pas. plus. votre relation n’est pas basée sur l’attachement ou le réconfort. sur la consolation ou l’intérêt. elle est gorgée de haine, d’incompréhension et une carence de communication. maintenant que t’y penses, malgré ta rancœur, tu n’arrives pas à oublier l’existence de trevor. tu n’arrives pas à l’effacer de ton esprit. il est et il sera toujours la seule personne ayant fatalement connu ton frère comme il l’était réellement. il est une représentation de solal, un substitut. alors oui, quand bien même tu ne le portes pas sur ton organe vital, le revoir de temps en temps te rappelle incontestablement l’être perdu. vous êtes liés l’un à l’autre, peu importe l’étendue de votre répulsion. et cette idée te heurte, faisant en sorte d'accroître ton envie de vengeance. faussement boudeur, tu t’appuies contre la portière et tu fermes les yeux. tes plaies te lancent, te rappelant l’état lamentable dans lequel tu te trouves. tu te concentres sur cette douleur physique pour oublier celle de ton âme, à jamais meurtrie.

quand le moteur de l’habitacle cesse son ronronnement, quand tes pas foulent la demeure de morton, ta mesquinerie se manifeste, comme une deuxième peau à l’aspect enfantin. oui, tu agis comme un enfant cherchant incommensurablement un moyen de blesser, d’écorcher sans pour autant atteindre sa cible. une proie qui reste imperméable face à tes petites attaques comme si le fait de parler lui est inconcevable. alors que tu te débarrasses de tes affaires tachées de sang et déchirées, morton t’imite en retirant son manteau. là, sa carapace osseuse te saute aux yeux. son état corporel en dit long sur sa condition spirituelle ; il se porte mal. la perte de solal l’a affecté tout comme elle t’a détruite. d’autres individus auraient cherché du réconfort auprès de l’autre. auraient laissé tomber cette querelle pour offrir une épaule salvatrice embaumant ses propres blessures dans le processus. mais vous n’êtes pas des individus comme les autres. vous êtes similaires dans votre différence. vous vous axez sur vos cassures en négligeant consciemment celles de la personne d’en face. c’est mieux que de vous ouvrir et afficher vos faiblesses au grand jour. alors que tu récupères les vêtements en boule, tu les portes à tes narines. l’odeur de solal émane d’eux, ravageant tes entrailles d’une tristesse hyperbolique. soudainement, tu te sens incapable de les porter, incapable de les entacher de ta puanteur. pourtant, tu ne t’attardes pas sur ton état d’esprit actuel, tu sautes sur l’occasion, celle de martyriser davantage trevor maintenant qu’il a laissé tomber le masque de l’amabilité. « c’est ça, montre ton vrai visage morton. » ça te fait presque jubiler de le voir perdre pied. ça te donne envie d’appuyer là où ça fait mal alors en conclusion, tu retires sauvagement le paquet de gâteaux des mains du brun et tu poses délicatement les habits de ton frère sur le canapé comme s’il s’agit d’un trésor oublié. tu fais exprès de ne pas porter de réponse à sa question. pourquoi donc ? puisqu’il a délibérément ignoré les tiennes. « pourquoi j’te le dirai ? fais comme si j’suis pas là, tu l’fais déjà assez bien. » ta mauvaise foi reprend du service. c’est pas comme si il t’a arraché d’une situation lamentable. c’est pas comme s’il a payé ton amende, te fournissant un toit par la même occasion. « t’vas rester pointé là au lieu d’apporter de quoi soigner mes blessures ? » au fond, tu sais qu’il n’a aucune dette envers toi. il peut tout simplement te foutre dehors et refuser tes appels. peut-être que c’est ce que tu cherches, qu’il rompt le contact pour que tu puisses le haïr davantage. pour que tu puisses crier sur les toits à quel point trevor morton est une mauvaise personne. le fléau de ton existence.
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Trevor Morton

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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyJeu 3 Déc - 17:08


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La disparition soudaine de Solal les a craquelé et eux ne font que se détruire dans un besoin obsessionnel de se faire voler en éclats. Lymphatique, Morton ne réagit pas comme il le devrait. Sa tête est pleine de souvenirs et de non dits que Servan remuent en lui. Ses yeux d'un bleu trop intense cherchent les siens à travers l'obscurité des pièces. Son comportement ne lui fait pas mal mais le désole. Evans serait capable de tellement mieux mais s'évertue à vouloir se saboter. Miroir qu'il est parfois douloureux de contempler et d'accepter. Trevor est le même, le plus vieux, le plus solide. S'il avait la tête froide, il aurait alors eu le courage de calmer le jeu et s'investir dans cette relation déchirée qui les unie. Un lien succinct, si fragile qu'il faudrait s'en occuper comme d'un nouveau né mais que Morton préfère  délaisser.
Son vrai visage. La réflexion lui décroche un rictus amer.
S'il savait que le véritable n'est à présent plus accessible. Seul Solal en avait la clé mais maintenant que celui-ci n'est plus, celle-ci se retrouve sous scellée. Perdue dans l'immensité d'un monde noir et brumeux qu'est devenu l'esprit du médecin.

La rancœur d'Evans est palpable. Dés qu'il inspire, c'est comme s'il avalait la tasse. Une tasse d'acide et d'amertume qui lui refile alors la nausée. Le brun hausse les épaules, se dirige mollement jusqu'à la salle de bains où il prend soin de se laver les mains avant d'attraper le matériel  nécessaire pour le soigner. Pas grand chose, seulement un peu d'alcool, du coton et des pansements, juste de quoi le satisfaire, lui donner l'illusion que Trevor est là pour lui. Mais tout est faux, aucun des deux n'est là pour l'autre. Leurs îlots de tristesse se sont échoués dans un océan où même s'ils tentaient de se retrouver à la nage, leurs corps finiraient épuisés par les vagues, l'eau glacée mais aussi la distance. En revenant vers lui, ses pupilles effleurent son visage, souffre une énième fois de cette ressemblance dont personne n'est responsable. Il pointe le canapé d'un bref coup de menton. -- Assieds-toi et arrête de gigoter alors. Ses longs doigts osseux déposent sur la table basse les affaires qu'il tient, prépare de quoi nettoyer ses plaies. Trevor se penche alors sur Servan, installé devant lui. Le silence pesant l'empêche de reprendre sa respiration lorsqu'il caresse la peau de son visage abîmé. Morton retient son souffle, gardant pour lui cette haleine insupportable propre aux alcooliques. L'atmosphère de l'appartement est si pesante que le regarder droit dans les yeux est une tâche impossible. Ses iris naviguent alors de blessures en blessures afin de se préserver. Si la carapace est dure, la défense parfaitement mise au point, il est des brèches impossibles à refermer entièrement. Morton n'est pas hermétique même s'il se plaît à le faire croire.

Un rien suffit à le faire flancher. Et ce rien, le voilà, incrusté dans les pupilles de Servan qu'il croise par mégarde. Comme tomber dans un trou, trébucher sur ce petit tas de terre qui nous tord un peu la cheville au passage. Ses doigts quittent immédiatement la peau glacée du plus jeune tandis qu'il se recule. -- Alors, tu attends quoi ? Cette haine insoluble, cette puissance avec laquelle le blond la nourrit. Trevor ne se défile plus, anesthésié par la fatigue et la gueule de bois des nuits en solitaire. Seules les putes l'aident à ne pas se saouler jusqu'au petit matin. -- Je me demande comment tu fais. Retenir autant de colère pour toi depuis tout ce temps. Il aurait craqué depuis si longtemps. Non, à sa place, Morton se serait laissé terrasser par celle-ci jusqu'à le consumer. -- Crache le morceau Servan. Si ça peut t'aider à arrêter de te pointer chez moi à n'importe quelle heure en me ruinant au passage. Il marque une pause, persuadé que les prochains mots qu'il balancera seront le déclencheur de tout ce qu'ils ont retenu jusqu'ici. Le silence qu'ils se sont infligés est un portail invisible où se trouvent chimères et démons prêts à entrer en collision avec la réalité. -- Tu fermes ta gueule pour quoi ? Pour me préserver ou parce que t'as peur de réaliser combien t'es ridicule ? L'homme parle comme lui dans l'espoir vain de le faire réagir et le repousser dans des tranchées où ils n'en ressortiront pas indemne. --  J'attends la longue liste de tes reproches. Je suis certain qu'après ça, j'en sortirai grandi. Acide, le vrai visage, le voilà.
Celui qu'il attendait, qu'il espérait sans jamais vraiment le trouver. Morton fait doucement tomber le masque. Il faut souffrir et perdre encore pour espérer avancer.

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Servan Evans
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∴ Occupation : plonge dans le monde de la luxure et la facilité. il offre sa carapace de chair et de sang contre quelques billets. vend des produits illicites quand ses poches se font vides
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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyDim 13 Déc - 12:55

tu t’es attendu à une vague de moquerie face à ta question rhétorique. tu t’es attendu à ce qu’il hausse les épaules, imperméable, une habitude qu’il a acquise en ta compagnie. à dire vrai, tu t’es imaginé un tas de scénarios dans lesquels il t’envoie chier, littéralement. mais la réalité est autre. il s’absente quelques minutes et à son retour au salon, ses mains sont chargées de désinfectants et de coton. au fond, cette docilité ne te surprend pas tant que ça. trevor a toujours été du genre à éviter les altercations. si cela peut te faire fermer la gueule et ne pas attiser les flammes d’une nouvelle querelle alors soit, il le fera. il est similaire à un automate sans vie. seules ses mains expertes font le travail nécessaire sur tes plaies ouvertes. il est animé de lassitude exagérée et ça t’énerve. ça éveille ton ire parce que tu aurais aimé qu’il t’envoie réellement chier. qu’il consume le verre rempli de haine que tu ne cesse de lui tendre. qu’il se met sous les projecteurs et déballe ses réelles émotions.
il ne fait rien.
il est une marionnette programmée pour administrer les soins nécessaires aux balafrés comme toi. son rôle s’arrête là. les vagues d’une profonde animosité s’invitent dans tes entrailles. elles escaladent jusqu’à ton cerveau, prenant refuge dans tes prunelles claires avec lesquelles tu fusilles l’homme. tu aurais aimé être comme lui. tu aurais aimé ne ressentir qu’une profonde indifférence à son égard. cela voudrait dire que son sort ne t’intéresse pas. que toute son existence n’a aucune importance à tes yeux. ce n’est pas le cas. tu rêves jour et nuit de lui cracher des monstruosités en face, de lui défigurer les traits encore et encore. un fantasme translucide qu’il assimile à travers tes œillades colériques. sa main se suspend dans l’air, occasionnant une certaine froideur sur ta peau. tu es un sacré paradoxe servan. d’un côté, tu rêves de le martyriser et d’un autre, tu apprécies l’attention qu’il t’apporte même si tu es parfaitement conscient qu’il le fait pour ne plus t’entendre geindre, pour avoir une certaine paix. une paix qui éclate aux éclats et il en est le responsable. regardant un point imaginaire, tu hausses les épaules, ta mauvaise foi frappe une fois de plus. « TU m’as ramené ici, nuance. » tes poings se serrent contre tes genoux.
inspire et expire. une fois, deux, trois.
sauf que ses mots contraignent ta tentative de calmer ta respiration. te voilà, le cœur battant la chamade et le regard assassin tourné vers sa bouille osseuse. « vas te faire foutre. je n’ai rien à t’dire. »
vraiment ?
non, pas vraiment.
tu sens une cassure dans ton esprit. jusqu’à ce soir, tu es arrivé à cacher le démon de ta haine. tu es arrivé à l’enfermer dans une boîte imaginaire, la scellant de chaînes. là, elles éclatent, l’une après l’autre, libérant la bête qui ne désire que piller et annihiler tout sur son passage. « non t’sais quoi ? j’vais parler. j’vais t’dire ce que j’pense de toi. » étonnement, l’intonation de ta voix est basse mais loin d’être détachée. tu es plongé dans l’océan de ton animosité et peu importe tes tentatives de rester à la surface, les vagues ne cessent de t’engloutir. profondément. « tu l’as éloigné de sa famille, de moi et pour quel prix ? pour qu’il crève dans cet appart’ minable à ton image. » un rictus nerveux et mesquin se dessine dans la commissure de tes lèvres tremblantes. le résultat d’une tempête frappant inlassablement les portes de ton esprit. et tu sais, tu sais devoir succomber à sa fureur. proche, très proche du positionnement du brin, tu le sondes de tes billes accusatrices. à un aucun moment tu remets en question tes théories.  « tu l’as tué. tu l’as empoisonné avec ton pseudo amour merdique pour qu’enfin de compte, il cesse de se battre. et maintenant t’fais quoi ? tu es similaire à un putain de cadavre vivant qui se contente de subir. » la tentation est violente. tu la ressens parcourir tes vaisseaux sanguins, te grattant la peau comme du venin. tu succombes et un premier coup s'abat sur sa joue osseuse. tu es sûr. tu es certain qu’il ne réagira pas, confirmant ton hypothèse. alors tu vas loin. encore plus loin. de tes mains froides, tu encercles son faciès. un geste dépourvu de douceur tout comme ce baiser que tu lui imposes, similaire à une morsure. dévorante, luciférienne. « t’vois, j’peux t’baiser là tout de suite et tu ferais rien. » le surplombant de ton enveloppe, tu écrases ses épaules de tes phalanges glacées. tu veux une réaction de sa part, n’importe laquelle alors que tu murmures ces derniers mots. « t’aurais aimé que j’crève à sa place mais pas de bol, j’suis là. » et c’est la dure réalité. tu es toujours là. tu lui rôdes autour pour plusieurs raisons, l’une d’elle est ton incapacité à t’éloigner de la seule personne ayant réellement connu ton frère.
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Trevor Morton

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∴ Occupation : oncologue sur le point de flancher. ne croit plus à la médecine ni aux miracles.
∴ A Exeter depuis : sa naissance.
∴ Statut : seul après une vie partagée auprès de la même âme. se faire la promesse de tout affronter était une erreur. la mort a toujours le dernier mot.
∴ Place : dans son pyjama qu'il ne quitte presque jamais. et quand on pense que oui, et bien non, son manteau le cache juste.
∴ Vice : refuse de prendre au sérieux sa dépression. préfère la nier et la nourrir d'alcool.
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-- Je fais parti de la famille des suicidaires, c’est-à-dire pas nécessairement de ceux qui mettent fin à leurs jours, mais de ceux qui ont toujours la mort à leurs côtés, pour plus de sûreté, pour parler avec elle, pour espérer en elle. (Stig Dagerman.)

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oz, servan, billie, rocky, edwin, cináed, peter, icare, cáel, duane (full)

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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyMar 15 Déc - 18:22


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Il a besoin d'une réaction. Morton veut le voir jaillir du plus profond de sa colère. SSurgir d'une telle colère que leur monde tout entier en sera complètement défait. Ses yeux bleus et intenses s'accrochent à ceux trop sauvages de Servan. Leurs âmes se percutent brutalement et si le blond le rejette d'abord, l'instant d'après, il peut ressentir la haine d'Evans le saisir par les chevilles. Des ombres invisibles flottent tout autour d'eux, prêtes à empoisonner leurs cœurs meurtris par la perte d'un seul être.
Sans Solal, tout leur équilibre n'est plus qu'un morceau de glace bancal traînant sur une banquise mise à mal par la chaleur de leurs rancœurs.
Trevor ne le lâche pas du regard, refuse de se défiler face à ce qu'il attend depuis si longtemps. Il avait besoin d'entendre Servan lui cracher à la gueule pour se détester encore plus. Les reproches passent à travers sa peau et empoisonnent le peu d'amour propre qu'il lui restait jusqu'ici. Le médecin se laisse crever, là, sur cette table comme d'autres sont morts sur les lits d'hôpital qu'il surveillait.
Les mots lui font un mal de chien mais c'est aussi de cette douleur que naît son envie de quitter sa léthargie. Plus les coups seront puissants et plus son besoin de retrouver la surface grandira. Paradoxe étrange d'un être brisé par le chagrin. Le silence de Servan le tuait à petit feu. Ces visites fugaces, peuplées de non-dits lui dévoraient toute son énergie.

Faussement impassible, le visage fermé de Trevor n'est qu'un tour de passe passe afin d'inciter le plus jeune à ne pas s'arrêter en si bon chemin. Déconnecté, il ne voit pas venir le moment où Servan le frappe. Sa mâchoire le fait souffrir tandis que les lèvres enivrantes de l'intru se posent contre les siennes. Ses mains pendent mollement dans le vide alors qu'un souffle de vie traverse ses muscles un à un. Morton ferme d'abord les yeux, impuissant face à ce que lui inflige le responsable de tous ses tourments. Ses mains contre ses épaules et le poids de son corps au dessus du sien, Morton termine par réagir avec violence. Comme si ce baiser lui avait donné toute la force dont il avait besoin, son corps osseux se redresse, repousse bestialement le gamin sur le canapé afin de le surplomber à son tour. -- C'est pour ça que t'es pas capable de dire son nom ? Solal, Solal, il s'appelait Solal, son cœur hurle mais sa bouche ne dit rien. T'étais où quand il était malade ? T'étais où quand on lui a annoncé qu'il allait probablement crever ? T'étais où quand il était plus capable de manger ? T'étais où quand il se faisait dessus et que je devais lui faire sa toilette au beau milieu de la nuit ? T'étais où quand il perdait ses cheveux autant qu'il chialait ? T'ETAIS OU  PUTAIN ? Dans une foutue boîte de nuit à te faire sauter par le premier venu pendant qu'il agonisait. Ses doigts se resserrent instinctivement sur les épaules de Servan. Qu'importe s'il lui fait mal ou le blesse. Le fantôme de ses lèvres encore posées contre les siennes tandis que son visage effleure le sien. Possédé par sa tristesse et sa rage, les traits de Trevor sont déformés d'un surplus de sentiments. --Viens pas me reprocher de l'avoir tué quand t'as même pas été foutu de le maintenir en vie. Je comprends que tu te détestes, ça doit faire mal d'être lâche à ce point. Les yeux embrumés de larmes que Morton contient encore tant bien mal ne parviennent à se détacher des siens. Son corps écrasant avec violence le sien sans pouvoir s'en détacher, il ajoute, fébrile. -- De nous deux, c'est toi qui ferait rien si je venais à te baiser. T'as de la chance, je voudrais pas de toi même si t'y mettais le fric.

Ce que les mots peuvent parfois faire mal mais aussi libérer les plus grandes douleurs. Les mains tremblantes, Trevor ne peut retenir cette unique larme de trouver son chemin le long de sa joue asséchée par son repli des derniers mois. De tous, seul Servan peut à présent témoigner de l'avoir vu flancher et perdre les pédales. Une larme, contenant à elle seule une année de silence mais aussi une vie de ressentiment.

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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyMer 16 Déc - 12:12

solal, ton havre de paix. solal, le modèle de ta vie, le conteur de tes songes inavoués. solal, la bonne humeur incarnée, la sphère d’une joie immaculée. solal, le bonheur portait son nom et à présent, il n’en est plus. le plaisir de vivre a laissé sa place à une myriade de peines et de souffrances enfouies au plus profond de ton âme. il était la lumière et tu es l’obscurité. le simple fait de prononcer son prénom te rappelle ta bassesse et ta médiocrité. tu ne peux le faire. tu ne peux le souiller de ta serpentine pillarde alors tu te tais parce que trevor a raison et tu le déteste pour ça. tu le détestes pour sa capacité à lire en toi comme dans un livre ouvert, dépourvu de secrets. tu le hais pour toute la réalité qu’il te crache dans la figure sans aucune impunité. t’étais où servan ? t’étais où quand ton frère avait besoin d’une épaule réconfortante, d’une main qui tient la sienne, d’une voix rassurante qui lui susurre des propos mensongers ne serait-ce que pour le calmer ? tu faisais appel à lui seulement pour te sortir de tes emmerdes. pour te dépanner avec quelques billets verts que tu ne lui as jamais rendu. tu l'appelais par pur égoïsme, faisant abstraction de ses changements physiques notables. t’avais remarqué ses cernes et sa perte de poids. t’avais remarqué la chute de ses cheveux et ses mains tremblantes. tu l’avais remarqué mais tu avais préféré fermer les yeux et détourner la tête. le déni. tu as préféré le déni et tu refais exactement la même chose alors que tes cordes vocales imitent celles du brun, hurlant pour cacher ton désarroi. « mais putain j’l’savais pas ! il m’a rien dit et TOI l’fils de pute t’as rien dit non plus ! et j’bossais putain t’penses quoi ? que tout l’monde a fait de grandes études comme monsieur le docteur ? y en a qui doivent gagner leur vie quitte à vendre leur chair connard ! » tu n’aimes pas ça. tu n’aimes pas ce retournement de situation quand bien même tu l’avais occasionné. t’avais tout fait pour sortir l’homme de sa léthargie et à présent tu en paies le prix. son corps sur le tien te dérange. tu exècres ta propre faiblesse et tes ecchymoses handicapantes. tu ne peux pas bouger comme tu le désires tout comme tu as en horreur les maux psychiques qu’il provoque en toi. il a raison. trevor a raison sur toute la ligne. tu es un lâche. tu n’arrives même pas à mettre fin à ta misérable existence. tu te détestes, tu te hais pour ce que tu es devenu, pour tout ce que tu es. une loque droguée, un corps usé, un esprit épuisé. même si tu es conscient de la véracité de ses mots, tu ne peux lui donner raison. tu ne peux que te montrer mesquin, mauvais et sauvage. « t’es sûr ? j’suis un bon coup. » pourtant, ses paroles te font mal. si c’était quelqu’un d’autre t’aurais juste rigolé, insouciant de savoir ce qu’on pense de toi. mais trevor est loin d’être un individu quelconque. un lien invisible vous rattache l’un à l’autre et étrangement, tu es blessé de constater son opinion sur toi. t’es prêt à rajouter une couche. à donner le coup de grâce. à le rabaisser comme il vient de le faire. seulement, cette petite ligne liquide et salée creuse un trou dans ton myocarde. son mécanisme corporel est capable de produire cette légère substance alors que toi, tu n’y arrives pas. machinalement, ton pouce l’essuie avant de se plonger dans ta propre bouche. tu la railles à cause de la réalité qu’elle évoque ; malgré les apparences, trevor est bien plus humain que toi. toi tu es un déchet mouvant. si tu en venais à disparaître, personne ne le notera. tu ne laisseras aucun vide, aucun héritage. ça te révolte d’être encore en vie quand solal repose six pieds sous terre. t’aurais dû crever à sa place et tout absolument te rappelle cette vérité. fébrile, ta main encercle sa gorge. tu serres ta poigne, ressentant les battements de son organe vital contre ta paume. « j’t’imagine barbant quand tu baises. mais ça m’intrigue. » tu n’as prévu cette perte de contrôle. tu sais hurler. tu sais balancer des objets contre le mur. tu es passé maître dans l’art de t’ouvrir la peau et couler ton sang. mais cette fois, cette fois le besoin de détruire la source de tes malheurs est à ta portée. le besoin de faire de lui un pantin défectueux. à ton image. de lui voler son humanité. grâce à ta main autour de sa gorge, tu exerces une pression sur son corps pour le repousser. tu ne lui laisses pas le droit de s’enfuir. non, c'est trop facile. même si tes muscles te lancent, tu le chevauchent et de tes phalanges, tu éclates les boutons de son pyjama. « ça t’fais chier hein, d’avoir l’mauvais frère entre les cuisses. » tu ne réfléchis plus. tu ne raisonnes plus. une bête assoiffée et aliénée. c’est ce que tu es à présent à cause de tout ce qu’il a pu te dire. à cause de l’écorchure qu’il a lui-même créé dans ton être. tu es peu enclin à le laisser filer. dès qu’il essaie de te repousser, tu reviens à la charge, plongeant cette fois ta main dans le bas de ses habits, touchant son entrejambe endormi. ce qui te reste de lucidité s’évapore quand ta serpentine essaie de forcer à écarter ses lippes alors que ta main vacante empoigne sa chevelure. ce soir, il sera le martyr de ta folie.  
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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyVen 18 Déc - 19:39


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Des frères Evans, Solal était celui à qui la vie avait offert un petit coin de paradis et qu'il abritait au creux de sa cage thoracique tel un cocon où venait se reposer les plus grands guerriers comme les plus fébriles. Servan, arrivé le second, avait fait face à ce que la nature a de plus cruel et lui avait imposé les ténèbres sans une ligne de conduite à suivre. Elle l'avait laissé ainsi, lui infligeant au passage la punition d'aimer un frère qui serait toujours meilleur que lui. Trevor, né vide, s'était laissé remplir par toute la lumière de son soleil jusqu'à que celui-ci s'éteigne. Ce soir, ce trou béant qu'est son âme se remplit à présent de ce qu'elle trouve à portée et seule la noirceur de Servan l'atteint. Possédé par la haine du blond, sa mâchoire se crispe tandis que ses yeux, embués de larmes  se raccrochent tant bien que mal aux souvenirs. Solal est là, présent tout autour d'eux mais aussi en eux. Son fantôme les entoure mais sa présence lui semble soudainement si lointaine. Ses éclats de lumières sont semblables aux écailles des poissons sous l'eau, fugaces. Dés qu'il essaie de les saisir, celles-ci lui glissent entre les mains avec la rapidité d'une anguille. S'il vivait dans un océan interminablement tendre et à l'eau chaude, à présent le voilà, embourbé jusqu'à l'âme d'une boue que crée Servan en le haïssant de la sorte.

-- Tu travaillais, bien sûr. Pointe de moquerie diffuse le long de sa langue. Les mots de Servan sont douloureux car ils lui rappellent que ni lui ni Solal n'ont un jour su l'éloigner de ses ténèbres. Si son compagnon avait tenté avec le peu d'énergie qu'il lui restait pour survive, Trevor, lui, n'avait jamais essayé de lui tendre la main. Intimement convaincu qu'Evans est l'unique source de son propre malheur, ses mots lui font pourtant mal ce soir. L'idée de l'imaginer se salir sous les mains d'inconnus avides de chair provoque en lui une honte insoutenable. Où étais-tu Trevor ? Comme s'il était seulement capable de changer quelque chose à la destinée pathétique de Servan. -- T'en avais rien à foutre, arrête. T'étais bon qu'à le taxer et chialer dans ses bras, tu l'as crevé. Une part de lui, heurtée par le chagrin, reste persuadée que s'il lui avait causé moins de soucis, le système immunitaire de Solal aurait gagné encore un peu de temps. T'es bon qu'à ça. Morton ne parvient plus à retenir pour lui toute cette colère. Des reproches, il en a accumulé tant qu'il pourrait en écrire à l'épuisement. Ses mains si fermement serrées contre ses épaules, Trevor ne réagit plus lorsque les phalanges du blond se délecte de cette larme qu'il avait cru pouvoir retenir. Terrassé par la solitude et le deuil, la présence de Servan, aussi toxique soit-elle, est une énergie sale à laquelle l'homme se raccroche par peur de sombrer une nouvelle fois dans ce puits sans fond. Leurs regards bleutés se heurtent et ses pupilles se dilatent quand, autour de son cou, les mains du plus jeune le brutalisent. Malgré la peur qui le tiraille et l'inconfort, Trevor force son corps fatigué à ne pas prendre la fuite. Ce n'est qu'au moment où un éclair de lucidité le traverse que le médecin tente de retrouver un semblant de liberté mais la force de Servan prend le dessus sur la sienne. Surplombé par l'intrus aux traits familiers et destructeurs, Morton tente d'attraper ses poignets mais ses mouvements sont si agressifs qu'il ne parvient à le stopper. -- Arrête. Le son de sa voix, brisé par la fatigue et l'émotion quitte ses lèvres mollement. La vérité qu'il avait refoulé si longtemps semble l'atteindre de plein fouet lorsque les mains de Servan effleurent sa peau là où elle ne devrait pas. T'es en plein délire putain. L'envie fait naître en lui le dégoût, assiégé par la culpabilité, l'âme de Trevor se disloque. D'un côté, le désir pulse contre son entrejambe tandis que de l'autre se débattent ses souvenirs. Ses instincts les plus primaires négocient déjà pour le faire sien et déposer au creux de son cou des marques violacées.
Ce n'est pas Solal.

Ses yeux se ferment lorsque se heurtent leurs lèvres. Ce réconfort qu'il avait longtemps cherché dans les prostitués émane de la langue nocive de Servan. Le besoin viscéral de combler un vide sans jamais y parvenir l'emplit de plénitude. Des mois qu'il attendait ça. Ses mains réfractaires se posent sur son bassin et y exercent une légère pression afin de le ramener contre lui. Le souffle coupé, bestial, s'échoue contre celui haineux d'Evans et le déconnecte un instant de la réalité. il sent en lui battre le cœur d'un démon vicieux. En l'embrassant avec agressivité, Trevor n'agit pas comme avec ces inconnus qu'il paie. L'argent pose des limites et leurs visages n'ont pas le vice de ressembler à l'amour de sa vie. Emporté par l'instant, ses doigts possessifs passent sous son boxer, effleurent la peau enivrante du creux de ses reins. Le brun se confond dans ses propres mensonges. Obsédé par le besoin d'être à nouveau aimé, Trevor nie la haine du blond et la transforme en une passion séduisante mais fausse. La beauté insolente de Servan le trouble et demande à Morton quelques secondes avant de retrouver sa lucidité. Envoûté par l'infâme lien qui les relie, l'homme lutte une ultime fois contre ses démons et repousse avec virulence cette illusion réconfortante qu'est Evans. Ce n'est pas parce qu'il lui ressemble qu'il est lui. Trevor peine à doser sa force et le dégage si fermement de lui que le corps du blond s'échoue par terre. -- T'as si peu d'estime de toi ? T'en as même pas envie. Le souffle coupé par leur échange, sa langue porte encore le goût de la sienne. Pulse en lui le désir que vient d'éveiller Servan mais Trevor le dissimule d'un mouvement froid en déposant sur lui un plaid qui traînait par là.
Fait de glace, le regard mauvais et autoritaire de Morton tente de maintenir à distance le plus jeune. Ce n'est là qu'une maigre tentative de faire revenir le calme.
Au fond de sa tête, le combat :
Comment peux-tu, Morton ?
Servan n'est qu'un monstre au visage angélique. Si le diable lui a donné ce masque, c'est aussi parce qu'il savait que sans cela, personne ne se laisserait berner par sa plus belle création.
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∴ Occupation : plonge dans le monde de la luxure et la facilité. il offre sa carapace de chair et de sang contre quelques billets. vend des produits illicites quand ses poches se font vides
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∴ Vice : le vice de la chair et de l'opium rédempteur. auto-destruction et auto-mutilation.
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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptySam 19 Déc - 16:24

tu l’as crevé. la dernière accusation de trevor ne te surprend pas. pas tant que ça. quelques minutes plus tôt, tu l’as condamné pour le même crime, celui d’avoir tué ton frère. de n’avoir pas usé de toutes ses ressources pour le sauver des griffes de la faucheuse. d’avoir abandonné le combat contre cette pathologie poussant ton ainé à l’imiter. à aucun moment tu ne t’es remis en question. à aucun moment tu t’es demandé si tu n’avais pas une part de culpabilité toi aussi. maintenant que morton élabore sa plaidoirie, tu te forces à rester aveugle. à te cramponner au rôle de la victime qui ne savait rien. c’est facile, tu en es bien conscient. et c’est lâche. alors, au fond de ta conscience martyrisée par toute cette colère, s’élève un point encore plus noirci. il s’agit de tes regrets qui viennent de voir le jour. oui servan, t’aurais peut-être pas pu sauver solal mais t’aurais pu faire les choses différemment. au lieu de l’appeler pour lui vider les poches, t’aurais pu demander de ses nouvelles, lui offrant une oreille attentive et attentionnée. c’est ce qu’il voulait ton frère, que tu sois là, que tu t’en sortes. et jusqu’à son dernier souffle, tu n’as pas pu lui accorder ce souhait. non, tu ne lui as montré que tes ténèbres dans le but de le punir de t’avoir laissé tomber. d’avoir choisi morton au lieu de toi, son petit frère. jusqu’à la fin, tu as fait preuve d’égoïsme, rancunier jusqu’à la moëlle. t’es bon qu’à ça. « la ferme » cette réalité crue te frappe en plein fouet. elle est blessante, écorchant ton conduit auditif ainsi que ton myocarde qui se serre davantage. à défaut d’ouvrir les portails vers ta sensibilité enchaînée et montrer un côté plus humain, tu multiplies ton ire qui prend possession de ta main droite. elle serre sa gorge alors que ton regard est habillé d’un voile démoniaque et affreusement endommagé. craque. chaque bribe de ta lucidité craque sous le processus de ton agitation. plus il se débat, plus tu serres. le fait de le voir manquer d’air, de voir ses prunelles s’entrouvrir, de ressentir ses veines s’affoler sous ta poigne, ne te calme pas pour autant. au contraire, ta rage est indomptable et elle est destructrice. et tous les moyens sont bons pour en faire la démonstration. le frapper ? décorer son faciès de quelques tons bleutés ne t’apportera aucune satisfaction. tu dois lui voler une part de son âme, un morceau de son humanité. tu dois plutôt brutaliser sa chair lubriquement de façon à endommager son esprit et le plonger à jamais dans des nuits baignées de cauchemars. à jamais.lui rappeler, inlassablement, qu’il aura le mauvais frère à ses côtés. pour toujours. telle est ta mission ce soir.

ta main, précédemment odieuse, devient soudainement obscène. elle tâte la chair sensible de son anatomie masculine, serrant parfois dans une caresse lascivement agressive. tes lippes, s’imprègnent de la même ardeur, violant les siennes sans modération. si ton esprit assiégé de colère jubile par le choc qu’il occasionne au sien. si au départ, tu ris intérieurement, machiavélique, au moment où il te rend un de tes baisers, tes plans de destruction s'évaporent en un instant. non attends ! t’as besoin de crier, de le repousser parce que ce n’est pas ce que t’as en tête. ça ne devrait pas se passer comme ça. il devait se débattre, t’insulter de tous les noms possibles et imaginables. tu dois percevoir du dégoût sur chacun de ses traits. ses mains ne doivent pas se retrouver dans le creux de tes reins. et toi, tu ne dois pas te cambrer, ton corps ne doit pas agir langoureusement. tu ne dois pas ressentir des fourmillements dans tes entrailles encore moins éprouver du plaisir à cet échange buccal. quand bien même ton esprit t’intime l’ordre muet de déguerpir de là, ton enveloppe elle, profite. impudente. comme si elle profite de cet instant pour exposer son désir coupable et prohibé. tandis que tu t’apprêtes à succomber à l’appel incessant de ta chair et de la sienne, une force extérieure t’éloigne brutalement. tes fesses touchent douloureusement le parquet froid. tes prunelles encore dilatées se posent sur l’homme. c’est vrai, tu as perdu la notion du temps, de l’espace. tu as même perdu le fil de tes réflexions destructrices la remplaçant par une luxure inavouée. ce que tu vois, te rappelle à l’ordre. ce que tu devines dans ses billes azur est similaire à une brûlure inévitable. tu te sens si minable. les jambes étroitement collées contre ton buste, tu te presses de cacher ton désir coupable. il est le fruit de l’union sordide entre ta colère et ta haine, dans un moment de violence inouïe. un désir mort-né qui te rend fatalement honteux. et bien sûr l’homme, ne manque pas cette occasion pour te rabaisser. encore. « oh ça va ! t’en as pas envie non plus, pas avec moi. » la vipère est de retour. et cette fois elle est doublement blessée. orageux et enragé, tu te redresses. tu t’en fous finalement d’exhiber la bosse sous ton boxer. trop assommé par l’humiliation qu’il vient de t’administrer. colérique, tu attrapes un cadre où repose paisiblement la photo de ton défunt frère que tu lui balances avec toute ta force. « c’est lui que t’veux alors vas-y, baise-toi. » la seconde d’après, tu claques la porte de la salle de bain. fébrile, ton corps en entier est proie à des tremblements incessants. ankylosé, tes billes océaniques regardent avec dégoût ton propre entrejambe. tu la méprises. tu as non seulement besoin de la soulager mais aussi de calmer ton effervescence. tu plonges ainsi sous la douche. alors que l’eau froide coule sur ton épiderme, tu récupères une lame de rasoir. le saint graal tant convoité dans des moments pareils. une jambe posée sur le rebord de la baignoire, tu lacères le haut de ta cuisse. le mélange du sang et de l’eau t’offre un instant de répit quand bien même tu es toujours sous le choc. le choc qu’il ait répondu volontiers à tes avances. le choc que ton propre corps réponde aux siennes. le choc d’avoir été piégé dans le jeu que tu as élaboré. l’amertume du rejet, ultime rappel de ta bassesse. ça représente un mélange toxique que ton cerveau n’arrive pas encore à assimiler. il te faut du temps, chronos est visiblement le guérisseur ultime sur lequel tu peux compter.
tu ne sais plus combien de minutes tu as mis dans la salle de bain. quand tu sors, une serviette autour de la taille et ta nouvelle blessure cachée derrière un bandage de fortune, tu te mets à chercher l’homme des yeux. ça t’étonne pas de voir une bouteille entre ses phalanges osseuses. quand tes pas foulent le salon, sa silhouette se dessine. dans un sens ça te rassure de ne pas le retrouver noyé dans son vomi. tu n’as aucune envie de nettoyer sa merde non plus. « tu veux qu’on parle de ce qui s’est passé ? » ou peut-être que c’est tôt. ou peut-être que c’était juste le fruit de tes hallucinations.
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Trevor Morton

Trevor Morton


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∴ Âge : trente-sept ans.
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∴ Occupation : oncologue sur le point de flancher. ne croit plus à la médecine ni aux miracles.
∴ A Exeter depuis : sa naissance.
∴ Statut : seul après une vie partagée auprès de la même âme. se faire la promesse de tout affronter était une erreur. la mort a toujours le dernier mot.
∴ Place : dans son pyjama qu'il ne quitte presque jamais. et quand on pense que oui, et bien non, son manteau le cache juste.
∴ Vice : refuse de prendre au sérieux sa dépression. préfère la nier et la nourrir d'alcool.
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-- Je fais parti de la famille des suicidaires, c’est-à-dire pas nécessairement de ceux qui mettent fin à leurs jours, mais de ceux qui ont toujours la mort à leurs côtés, pour plus de sûreté, pour parler avec elle, pour espérer en elle. (Stig Dagerman.)

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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyDim 20 Déc - 23:29


-- you are a hole in my life, a black hole. anything i place there cannot be returned.

Et soudainement, Servan ne veut plus. S'échappe de sa gorge un refus tandis que Trevor le repousse avec toute la brutalité dont son corps désespéré le peut. Son regard tente de le maintenir à distance. Servan ne semble l'espace d'un instant plus que l'ombre de lui-même. Un petit garçon, apeuré et pathétique qu'il aurait probablement aidé dans une autre vie. Mais celle dans laquelle les deux sont enfermés est parsemée d'embûches et les empêche de se regarder sans se haïr d'une haine profondément douloureuse. Ses sentiments pour Evans ne sont plus que des plaies béantes que Morton n'essaie plus de soigner lorsqu'il est seul. Qu'importe si la gangrène l'emporte. Une chappe de plomb se pose au dessus de leurs têtes lorsque le blond se redresse en reprenant au passage un peu de vie. L'homme a tout juste le temps de placer ses bras devant son visage pour ne pas se prendre le cadre en pleine gueule. Une fois la porte de la salle de bains fermée, le brun attrape la photo. Là, en passant son doigt sur le sourire imprimé de Solal, son corps réagit à nouveau à la douleur. Trevor passe une main sur son cou, réalise combien sa gorge le fait souffrir. Il n'avait pas compris sur le moment comme Servan avait serré dans un désir puissant et réel de le tuer. Sa mâchoire elle aussi le blesse lorsqu'il ouvre légèrement la bouche. Une fois l'adrénaline retombée, Morton se redresse jusqu'à la cuisine afin de se saisir de la première bouteille qui lui passe sous la main. Dans l'autre, la photographie toujours entre les doigts, son regard vide se raccroche à ce souvenir. Le cœur serré, sa carcasse peine à revenir sur ses pas. Son désir qui lui semblait si brûlant lorsqu'il était en présence de Servan disparaît aussi rapidement qu'il lui est venu. Tremblant, tandis que son corps s'échoue à nouveau sur le canapé sans prendre la peine de réajuster son pyjama, Trevor s'enfile de longues gorgées d'alcool comme s'il n'avait plus bu depuis des semaines. Telle une pulsion, son organisme réclame le liquide fort contre sa langue. Triste spectacle se déroulant dans un salon à nouveau vide de la moindre trace de vie. Le silence le plombe et réveille ses démons.
Nauséeux, d'un geste impulsif, Morton balance à son tour ce foutu cadre à l'autre bout de la pièce. Réaliser après plus d'un an qu'il ne reviendra pas termine de le briser. L'âme aussi fragile qu'un vulgaire cristal, la tempête que subit son corps détruit le peu d'espoirs qu'il restait en lui.
Car si Servan porte l'odeur de son frère, sa saveur en reste totalement différente.
Qu'espérait-il ? Le retrouver dans le regard d'un autre ?
Naïveté de l'être en deuil.

Cette fois, c'est autour de Morton de poser ses doigts osseux contre son cou afin d'empêcher un sanglot de lui remuer les tripes. Ses mains pâles se posent sur son visage, imperméabilisent sa peau pour refouler le moindre sentiment de ressurgir des tréfonds de sa détresse. Cette larme n'était qu'une faille ; le voilà qui ravale toutes les autres d'une traite, presque aussi facile que s'enfiler un verre de whisky. Une fois son allure remise à niveau et l'enveloppe de glace recrée, Morton redresse sa colonne vertébrale et récupère sa bouteille. Droit dans son canapé, les pas de Servan lui décrochent un frisson.
Et s'il venait de le perdre totalement sur ce plancher ?

La question de Servan lui décroche un rire sarcastique et désabusé. -- Parler de quoi ? Voix cassée par les séquelles de leurs échanges. Trevor ne trouve plus d'échappatoire, affecté par cette sensation d'être piégé dans un labyrinthe dont seul Evans connaît chaque recoin. Dans une nouvelle impasse, son regard bleuté ne parvient plus à se poser sur le plus jeune. Il lui parle mais ne lui adresse plus la moindre source d'attention, comme s'il l'occultait brutalement de la pièce afin de se protéger et ne pas sombrer une nouvelle fois. Puisque ça semble tant t'inquiéter, je ne passe pas ma vie à fantasmer sur toi. Tu es mignon mais pas irrésistible. Sa langue se transforme en celle d'un serpent venimeux. Toute la passion et le désir dont elle a fait preuve se sont dissipés dans une vague d'alcool. Repu, Morton retrouve la froideur naturelle de son être. Imprévisible dans sa descente aux enfers, le médecin termine par se relever. Sa démarche anormalement sûre d'elle et solide le guide jusqu'à la silhouette plantée là de Servan. L'hystérie silencieuse de Trevor le fixe longuement jusqu'à planter son doigt contre le torse nu du gamin qui n'en est plus un. Il n'avait pas prévu de boire tant, prend soin de rationner lorsque Servan est sous son toit. -- C'est la dernière fois que tu mets un pied ici. Il se sait cruel en le privant de ce lieu chargé de mémoire mais Morton ne se sent plus capable de s'infliger leurs frictions. -- C'est ce que tu voulais, non ? Que je te foute à la porte pour être à nouveau la victime. Morton se recule d'un bras, écarte les bras. Saisis ta chance, c'est ton moment. T'es la vedette. Parce qu'il est à présent saoul, plus dangereux, plus incisif et triste. Parce qu'il lui en veut d'être si difficile, inaccessible. Parce qu'il ne supporte pas d'être hanté de la sorte par un homme de la pire espèce. Pour toutes ces choses, Morton se débat en sachant qu'il a déjà perdu. Son cœur à l'agonie, encore capable de s'affoler pour un qui n'est pas Solal, Trevor se punie en montrant l'atroce. -- Tu enfiles ce foutu pyjama, tu manges un bout et ensuite la chambre d'amis t'attend. Son visage menaçant se rapproche du sien. Tu es ici chez moi. Tu respectes les règles ou tu casses.
Ne plus le voir semble la solution la plus viable.
Son état d'ébriété l'empêche de ressentir les blessures trop profondes de son cœur mais quelque part sous sa conscience, la douleur est déjà là. Sans son mépris pour Evans, Trevor n'est rien.
Sans cette part d'enfer, ne reste de Morton que des cendres.
Pourvu qu'un vent glacial passe par là et termine de les disperser.
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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyDim 10 Jan - 13:45

tu te mords la langue. tu regrettes aussitôt ta proposition, devinant d’ores et déjà la tempête qui menace d’éclater. tu n’es pas prêt à l’affronter. difficilement, tu es arrivé à dompter tes démons ainsi que ton ire. grâce à la lame aiguisée, tu as trouvé un semblant de paix, un calme derrière lequel tu te protèges surtout en voyant le regard déchaîné de l’homme. non, tu n’es pas prêt à l’écouter et cette réalité prend tout son sens dès ses premières paroles. si ton corps reste immobile, tes prunelles elles, s’écartent moyennement. hein ? depuis quand tu te montres irrésistible ? tu vends ta chair aux plus offrants. tu as choisi ce moyen facile car l’estime de soi ne fait pas partie de ton vocabulaire. tu te détruis, de plus en plus, tu cherches des moyens drastiques pour y arriver. sur le coup, tu ne comprends pas ce qu’il insinue surtout que si ta mémoire est bonne, il est celui qui t’a repoussé de toutes ses forces après avoir réveillé ta libido. « ta mémoire te joue des tours en dirait. » tu fais preuve du même sarcasme, ne cachant pas ton sourire désabusé. tu as à peine le temps de croiser tes bras sur ton buste dévêtu, que sa silhouette se rapproche de ton emplacement. menaçante, intimidante. ses iris sont comme possédés par une entité brutale, en quête de cataclysme. un pas en arrière et te voilà prisonnier entre le mur du salon et le doigt accusateur de l’homme. ce sont ses paroles qui écorchent plus que ses gestes ou ses expressions. puant l’alcool, tu aurais aimé mettre son comportement sur le compte de l’ébriété. au fond, tu sais que tu ne peux pas le faire. on dit que la vérité sort de la bouche des soulards et cette vérité, tu la connais, trevor ne l’a jamais caché. il ne te supporte pas ni toi ni tes manières de petit connard immoral. il a toujours détesté te voir rôder autour de l’amour de sa vie, conscient de ton effet néfaste sur leurs vies. et si ton frère n’y est plus, toi tu continues d’exister, lui rappelant chaque jour la perte de cet être cher. l’accalmie commence à se dissiper de ton esprit, se faisant remplacer par l’amertume d’un tel revirement de situation. tu l’as tellement poussé dans ses retranchements, le résultat de la course te saute à la gorge et te rend extrêmement irrité. tu n’interromps pas sa démonstration de colère encore moins son monologue. tu le laisses vider son sac tout en te faisant une idée sur son ressenti actuel. peut-être qu’au fond, il s’en veut lui-même d’avoir pu songer ne serait-ce qu’un instant, retrouver l’être désiré dans une chair similaire. la réalité le heurte et le blesse, le détruit ; vous êtes différents, ton frère et toi tu n’as pas sa douceur. tu es une colère sourde, un amas de débauche, les portes du pandémonium à jamais ouvertes. vous n’êtes pas pareils et son espoir de le retrouver en toi, éclate en morceaux. dans un sens, ça te dérange qu’il puisse même envisager cette possibilité. alors sarcastique et faussement terrassé, tu entrouvres les lèvres. « je vois. tu comprends enfin que je ne suis pas lui, que je ne le serai jamais. » le masque tombe rapidement et ta carapace de chair s’avance vers la sienne. tu es révolté pour une raison que tu ignores. et cette fois, c’est ton index qui se met à taper contre sa tempe, prêt à en payer les conséquences. « mets toi ça dans le crâne, solal est mort et il ne reviendra jamais, jamais. » les mots sifflent entre tes lèvres. il veut t’attribuer le rôle du bourreau alors tu l’auras. pour ses beaux yeux. récupérant le pyjama dans un geste enragé, tu termines ta tirade, sans le regarder. tu as l’impression que le continuum sur lequel tu es, s’est ouvert en deux, prêt à engloutir dans ses entrailles volcaniques. « moi j’suis tout ce qui t’reste. t’vois, t’ne te débarrasseras pas de moi, à moins que tu me tues. » un sourire narquois se dessine sur tes ourlets à la dernière phrase. parce que tu es conscient de sa nature. il est un tas de choses trevor mais sûrement pas un meurtrier. « mais t’le feras pas car tu es lâche. bienvenue au club. » ces derniers mots se terminent dans un murmure, presque débité et quelque peu accablé.

à présent silencieux, tu enlèves la serviette éhontément, tu enfiles le bas ensuite le haut du pyjama. tu as exhibé les blessures que tu administres à ta propre chair sans éprouver la moindre retenue. pourquoi donc ? il s’agit de ton épiderme, de ton existence et personne n’a le droit de protester. la seule personne à qui tu ne voulais pas montrer l’étendue de la bassesse de ton mal être était ton frère. et il ne fait plus partie du monde des vivants. il a disparu, remportant avec lui ce qui te reste de bon sens et de réflexion. maintenant, tu vis au jour le jour sans espérer de rédemption encore moins de fin heureuse. c’est un mythe qui te fait rire jaune plus qu’autre chose. posant tes fesses sur le canapé, tu récupères la bouteille reposant tranquillement sur la table basse. tu en bois quelques gorgées non sans grimacer. le gout amer brûle ton œsophage, offrant un peu répit à ton esprit contrarié. ces quelques minutes de silence, t’aident à envisager la situation d’un nouvel angle, prenant en considération l’état lamentable de morton. un soupir, ensuite un autre et finalement, des mots sortent du barrage de tes lippes. « écoute. demandes moi de disparaître de ta vie demain, quand tu seras sobre et je le ferai. » à une condition. mais ça, tu le gardes pour toi. pour le moment, tu lui tends la bouteille après avoir bu deux autres gorgées. si c’est la dernière nuit que tu passes dans cette maison, tu n’auras aucune envie d’être seul.
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MessageSujet: Re: the nightmare is not over yet ~ trevor   the nightmare is not over yet ~ trevor EmptyVen 22 Jan - 17:46


-- you are a hole in my life, a black hole. anything i place there cannot be returned.

Il ne supporte plus ce que Servan lui fait endurer.
Il déteste encore plus ce qu'il devient à son contact. Morton sent une telle puissance se dégager de ses entrailles qu'il en devient incontrôlable. Ses doigts tremblent et ses yeux répercutent toute la violence du monde dans ceux d'Evans.
Que vas-tu faire, Trevor ?
Le détruire ? Mais il est déjà complètement cassé, ce serait idiot de ne pas le voir, même complètement saoul, c'est évident que Servan n'est plus Servan ou alors si peu … Son souffle se coupe lorsque le blond s'approche et lui fait la remarque éternelle que Solal ne reviendra pas, jamais.
Jamais.
Comment un mot peut-il affecter un homme ? Comment peut-il faire naître de tels tourments ? Les paroles résonnent en lui et Morton sent toute sa hargne. Il a compris que l'homme dont il est éperdument amoureux ne reviendra plus mais l'entendre de la voix de Servan donne une dimension trop profonde à sa peine.
Il a la sensation de sombrer dans un puits sans fond. Il a dit tant d'horreurs qu'il ne s'en souvient plus, tentative d'auto préservation mise à mal par l'amertume. Morton reste alors planté là, droit, dans une obscurité qui lui refile la nausée. Ses yeux, assombris par l'orage, suivent chaque mouvement de Servan comme s'il était le seul encore vivant des deux. De cette bataille, Trevor n'en reviendra peut-être jamais. Les murs ont emprisonné la scène et celle-ci se répètera dans son sommeil. Cet endroit est hanté des pires souvenirs et même les plus beaux deviennent eux aussi des cauchemars. Tout se transforme en une ombre informe, son cœur en tête de liste. Tout se mélange dans son corps et l'empêche de contenir un semblant de tranquillité.

Le tuer.
Son cœur rate un battement. Comment le pourrait-il ? Car même s'il était l'incarnation du diable, Servan resterait le frère, l'attache colérique le ramenant encore un peu à Solal. Un lien invisible qui n'a pourtant de cesse de le perturber et le hanter. Ses pupilles le suivent, sombrent sans une once de pudeur sur sa silhouette nue. Là, malgré l'ivresse, Morton analyse et ce qu'il pensait être d'autres ombres ne sont en réalité que des plaies, certaines fermées plus que d'autres. Une carte de souffrances laissées là, à même la peau. Son sang dans ses veines semble s'épaissir et réduire la cadence de son cœur. Morton ne réagit soudainement plus, plongé dans un état second, le regard attaché à ces blessures qu'il n'avait jusqu'ici même pas remarquées. Elles sont nombreuses, lui sautent au visage, l'étranglent et l'empêchent de reprendre sa respiration.
Sobre ? Morton parle sans être là, de minuscules morceaux de lui encore attachés aux plaies de Servan. Je ne pense pas pouvoir l'être un jour. Car il est toujours ivre, que ce soit d'alcool, de tristesse, de solitude ou bien de colère. Son corps ne subsiste que dans l'ébriété, bien trop effrayé par la réalité. Sa silhouette squelettique s'avance vers lui, attrape la bouteille alors qu'il continue de faire quelques pas dans le vide.
Peut-il lui dire ? Lui faire remarquer ? Et s'il s'est trompé ? Il est à deux doigts de lui arracher ce fichu pyjama pour le forcer à lui donner des explications. Mais des justifications, Servan ne lui en doit pas. Pas alors qu'il vient de lui ordonner de quitter sa vie. L'alcool le calme un peu mais cela ne suffit pas à endormir l'inquiétude.
Cette saloperie de sentiments capable de naître même au milieu des plus grandes tempêtes.
C'est donc pour cela que les yeux de Servan ne sont plus capables de verser la moindre larme ? Son corps le fait à sa place. Et lui qui n'avait rien vu, ou ne voulait pas voir.

Tu fais ça depuis longtemps ? Ça, cette chose, qu'il ne parvient même pas à nommer tandis qu'il le rejoint dans le canapé. Morton sent qu'il est sur le point de donner à Servan d'autres raisons de l'insulter mais la promesse faite à Solal le hante.
Il ne peut pas voir cette souffrance et la laisser sous silence. S'il n'y changera probablement rien, sa voix n'est plus si brutale, teintée d'un choc qu'il peine à garder pour lui.
Servan … tu veux pas. La gorge de Morton emprisonne ses mots dans une cage de sentiments contradictoires. Tu veux mourir ? La question dégringole de ses lèvres, le vide de toute son énergie. Il peine encore à tenir entre ses doigts la bouteille.
Le verbe lui fait mal, abîme son endurance à la colère.
Et là, il imagine alors soudain, ce que serait la vie sans Servan.
Elle le tétanise.
Ses yeux le supplient : pas toi.
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