poussière d'homme. -- trevor

Trevor est un peu morose. Dernièrement, sa vie sociale ne se résume qu'à Picasso, pas l'artiste mais son chat. Un vieux matou de seize ans que son compagnon avait adopté lorsqu'ils n'étaient que des ados. Picasso et Trevor, ce n'était qu'une histoire de collocation jusqu'à ce que Solal déserte la maison et les laisse tous les deux, comme ça. De là, il ont été forcé de faire des efforts. Morton ne râle plus lorsque cette boule de poils vient s'allonger dans son lit. Il accepte même de dormir avec, son ronronnement le réconforte mais ça, jamais l'homme ne l'avouera. Dans le silence, tous deux ont porté leur peine. Trevor dans l'alcool et Picasso en passant ses longues journées affalé dans les affaires de son maître disparu. Un an après, l'armoire est toujours entrouverte et les vêtements couverts de poils. Morton n'a pas le cœur au ménage. Sa maison reste entièrement conçue pour deux personnes. Tout est là, rien ne bouge. Se débarrasser des souvenirs physiques lui donnerait la sensation de tirer un trait sur son histoire et de trahir ce qu'il a vécu jusqu'ici. Ce qui le désespère, ce sont les odeurs. Trevor est attaché à ses sens, hypersensible et quand le parfum de Solal disparaît des draps, que ses affaires sentent aujourd'hui le renfermé, c'est comme si l'absence décidait de creuser un peu plus dans sa peine. Personne n'est rentré chez lui en dehors de sa sœur car les lieux respirent la tristesse. Un jour tout va bien et le lendemain, c'est la chute libre. Trevor pourrait vous en parler sous toutes les coutures de cette chute. Elle ne fait pas mal au ventre ni même à la tête. En réalité, on ne souffre pas vraiment quand on comprend que la fin approche, on regarde juste l'autre -on ne pense qu'à l'autre- et on se sent désolé.
Désolé d'être en bonne santé.
Quand Solal a su qu'il était malade, il est alors devenu plus vivant et solaire que jamais. Au contraire de Trevor dont l'âme s'est fanée en l'espace de quelques mois. Il savait que s'éteindrait avec son homme une partie de lui, que lui aussi finirait par en mourir en quelques sortes.
Il n'a jamais été très expressif mais durant ces longues années, on pouvait deviner en un regard qu'il était heureux.
Le problème avec le bonheur, c'est que quand il nous file entre les doigts, il emporte avec lui toutes les fondations d'une vie. Vaut mieux ne pas le connaître, ni même le goûter car après plus rien ne porte jamais la même saveur. Depuis que Trevor a perdu l'homme de sa vie, c'est comme si son corps courrait après des chimères. Habitué à l'amour de Solal depuis ses seize ans, l'organisme de Morton subit un état de choc qu'il s'évertue à ne pas vouloir entendre. Il enferme la douleur tout au fond de lui et la conjugue avec un peu d'alcool pour ne pas la laisser prendre la dessus. Effet contraire, Trevor se noie comme on oublie de nager. A chaque fois qu'il picole, c'est lui qui décide de sauter dans le bain alors que ses pieds et ses jambes ne veulent pas le maintenir à la surface.
En apnée, Morton ne reprend son souffle que quand il plonge dans des excès qui ne lui ressemblent même pas. Il n'a l'air de rien lorsqu'il flambe toutes ses économies aux casinos ou qu'il embarque avec lui une prostituée dont le parfum lui rappelle l'ivresse. Quand les sirènes qu'il ramasse le long des trottoirs lui accordent un regard plein de désespoir, Trevor ne se sent pas désolé plus que ça. Son empathie a pris l'eau comme le reste du bateau. Rien ne l'émeut, ne le touche plus vraiment. Il n'extériorise plus. Sa peau est devenue aussi froide que le marbre, elle ne filtre plus la moindre émotion. Et le monde peut bien s'écrouler autour de lui, cela ne le regarde plus. Si on lui demande, il vous dira qu'il a déjà donné et que ce ne sont plus ses affaires.
Quand il passe devant l'hôpital où il a travaillé plus de dix ans, c'est comme si un autre homme s'était rendu là tous les matins. Il pourrait presque croire qu'il y est encore, qu'une autre version de lui se bat toujours afin de maintenir en vie des corps qui ne demandent plus qu'à mourir. A la nuit tombée, cet ancien Trevor vient parfois lui rendre visite, discuter avec ses névroses et lui rappeler que tout n'est pas perdu mais rien ne semble plus têtu qu'un homme brisé.
Du temps pour les autres, Trevor n'en a plus. Pourquoi devrait-il en garder alors que la vie a décidé de mettre un terme au contrat qu'il avait signé avec le bonheur ?
Lui aussi a décidé de se rétracter.
Des amis, il n'en a même plus. Au dernier repas entre collègues, Trevor est arrivé au restaurant déjà saoul. On l'a regardé avec de grands yeux sans oser lui dire qu'il dépassait les bornes. Tout le monde a eu honte et la soirée s'est avérée être un calvaire. Ce doit être à cause de ça que plus personne ne l'appelle depuis. Tant mieux.


Il pensait savoir, comprendre. Foutaises. Compatir auprès de conjoints, parents, frères, soeurs de malade ça n'a rien à voir. Être à son tour un soldat, c'est ça, savoir, comprendre, souffrir, croire que c'est accepté et finalement s'effondrer lorsque ça te tombe sur la figure.
Il avait insisté pour le faire revenir à la maison car Trevor le sentait. C'etait à peu près comme un instinct, une connexion spéciale où Solal lui demandait depuis son comas de le ramener chez eux.
Picasso les attendait, allongé sur l'oreiller de leur lit. Lui aussi devait savoir. Les animaux sentent ce genre de choses. Ce n'est que quand ils ont été tous les trois que Solal a décidé qu'il était temps pour lui de lâcher prise. Ses poumons rongés par le cancer sans avoir jamais fumé tandis qu'il bataillait après Trevor pour arrêter la cigarette.
Quand tout s'est terminé, 4h25 précise, le soir du 13 août, c'est comme si le temps était entré en suspend. Le coeur attaché au vide, dans ses bras se trouvait l'homme avec lequel il avait commencé sa vie et avec qui il se voyait la terminer.
En lui résonnait le soulagement de toutes les rémissions qu'il avait fêté auprès de ses patients, de tendres victoires auxquelles il avait participé avec courage mais qui ne lui avait pas fait honneur pour le combat de Solal.
Vivre à deux lui semblait si facile.
Aujourd'hui Trevor n'est plus qu'une partie de lui. Il n'est qu'une moitié, un minuscule morceau de lui-même. Il ne ressent jamais réellement, ne sait plus s'il souffre ou s'il est seulement habitué à la douleur.
Trevor n'est plus si agréable que ses anciens collègues le disaient. Il ne dit pas bonjour lorsqu'il croise ses voisins, fuit le regard des caissiers, soupire lorsqu'un sdf lui demande une pièce, rechigne quand les enfants sonnent à sa porte le soir d'halloween. Ce n'est pas un homme aimable, ni avenant, encore moins compatissant. Il a maigri, aussi, ses joues sont si creusées qu'elles mangent son visage.
Et lui ne fait rien.
Si ce n'est boire.
Se noyer.
S'éteindre à son tour tout en restant vivant. Il n'est plus que le témoin de ce qu'il incarnait autrefois.
Parfois, dans des moments d'égarement, il osera parler de lui, du médecin qu'il était, transpercera de ses yeux si clairs cette passion perdue, cette foi abandonnée. Vous pourrez le voir mais n'aurez pas le temps de lui demander de rester ; il ne sera déjà plus là, perdu sous la solitude, rempli d'un amour pour un fantôme qui jamais ne pourra le recevoir.
Retour à l'expéditeur, le correspondant n'habite plus à l'adresse indiquée.
Il n'avait pas prévu que vingt de vie commune et son futur ne soient balayés en l'espace de quelques mois seulement. On ne prévoit jamais de mourir, encore moins de rester vivant mais dépossédé de tout.
À présent, il faut apprendre à se relever et ça, c'est un combat qu'il faut mener seul.

nostalgie. a écrit:

A tes méchantes blessures. alooors moi j'ai vingt-six ans, j'ai pas vraiment de pseudo à moi sur la toile, tout bonnement parce que j'ai la flemme mais aussi parce que j'ai un peu déserté le rp depuis un moment.   dans la vie j'aime les chats, j'en ai plein plein plein et généralement tous mes persos en ont aussi. trevor risque probablement de pas y échapper d'ailleurs.     <- vous avez refait ma journée avec ce miaou. quand j'ai rien à faire il m'arrive de m'enchaîner quatre films à la suite sans me lasser, c'est à ce marathon que je suis la plus sportive d'ailleurs.   j'adoooore absolument toutes les émissions qui passent à la téloche, à commencer par top chef, en passant par le meilleur pâtissier, l'amour est dans le pré pour mon côté romantique, koh lanta pour le drama et pékin express parce que c'est le feu.   ma passion dans la vie, mettre en lumière des acteurs/actrices qu'on voit pas assez sur les forums. on est d'accord que luca c'est la perfection ?   -vous oserez pas me dire non ? si ?   entre une mauvaise connexion et un vieil ordi, j'ai souvent des galères aussi mais je fais toujours de mon mieux pour braver les problèmes.   sinon ce forum est tellement joli, j'ai décidé de franchir le cap avec un inventé par peur de pas assurer un pl/scena.  
kezako, ton perso. un inventé.

Hé oui, te voilà validé.e !
Pour débuter ton aventure ici, je te conseille d'ores et déjà de passer dans les fiches de lien pour y déposer la tienne, afin de tisser ta toile sociale. Si tu as des envies de lien, n'hésite pas aussi à faire un tour dans le répertoire, faceclaim des membres du forum, certains te taperont sans doute dans l'œil.
Souci purement administratif et organisationnel, merci de venir recenser ton logement ce qui t'aidera sûrement à envisager des liens, et aussi ton métier merci.
La plume te démange, je le sais, je le vois. Nous avons mis à ta disposition une loterie des rps si tu souhaites confier ton destin au big brother farceur (si t'as le cœur bien accroché, tu vas t'éclater).
Pour ce qui est du reste, le flood, les jeux, nous te laissons vagabonder dans le forum, partir à sa découverte, sur des territoires inconnus, qui sait. Tu as néanmoins accès à ton mini-flood d'intégration, pour commencer.

deux activités te sont proposées dès le départ. D'abord, big brother en appelle à toi et à ton arrivée ici pour donner de l'eau au moulin de son site internet nauséabond, big brother.org De plus, une grande soirée a lieu dans le casino du black bird. Tu y as été invité.e, bien que ton invitation semble s'être égarée. Cette soirée est masquée (non dans le sens covid time, cela va de soi ) , le fait d'être caché paraît autoriser l'expression la plus pure de ses démons.