in the night she's dancing to relieve the pain

octobre 2020, bar peu fréquentable.
parce que t'aimes ta solitude, boire tout seul sur ton canap' usé et vieillot, ta bouteille à la main gauche tandis que la droite est dans ton calbute à regarder la télé. parce que t'aimes te pochetronner seul avec tes idées noires, te d'mander si le lendemain tu t'réveilleras ou alors si la faucheuse a été assez clémente pour t'laisser l'accompagner. parce que t'aimes sombrer seul que tu comprends pas pourquoi tu t'obstines à aller dans les bars. payer plusieurs conso pour au final ne plus savoir où t'habites. pour errer dans les rues à la recherche de ton appart. pour errer, l'âme t'ayant quitté. parce que les verres, t'aimes les savourer seul. sans qu'un autre copain beurré ne t'fasse chier avec sa misérable vie qui t'importe peu. qui t'fait une réflexion sur la vie d'une femme qui vient de rentrer dans c'bar, femme qui a tout perdu, mari, enfant. ouais, c'est triste mais tu t'en fou un peu. parce qu'avant d'aider les autres, faudrait peut-être que tu t'aides toi-même. faudrait peut-être que ta vie ait un sens ou qu'elle te serve à autre chose que de l'auto-détruire. « tire-toi, tu m'saoules. » et t'avais besoin que d'un seul regard pour que l'autre ne comprenne qu'il valait mieux pour lui qu'il t'écoute. d'ailleurs, c'est en tournant enfin ton visage vers la source de commérage que tu reconnue cette beauté au destin tragique. celle qui de son pas élancé t'avait remarqué et s'approchait de toi. parce que c'était un peu là que vous vous étiez rencontrés. ici même que vous aviez échangés à plusieurs reprises. sans même faire fit de votre passé, juste accumuler les breuvages et se vider la tête.

« tu bois quelque chose? » de ta voix rauque, tu lui propose sans même tourner ton visage. une proposition cachée pour qu'elle puisse rester à tes côtés. pas que t'en ai spécialement besoin, mais sa compagnie était d'autant plus plaisante que celle de la sharona, serveuse décomposée, aux seins arrivants jusqu'aux genoux et à l'haleine de hyène. nan, c'est certain que la jeune femme aux cheveux foncé et aux courbes enivrantes est beaucoup plus au goût de ce trentenaire paumé. « non pas qu'tu m'ai manqué, mais ça fait un moment que t'es pas venue là. » parce qu'au fond, quand tu commences à avoir certaines habitudes, ça t'fait clairement chier qu'elles soient lâchées du jour au lendemain. mais tu vois bien qu'cette femme n'est pas le genre à être domptée ou s'accoutumer des habitudes. tu l'as vu dès l'instant où t'as posé tes pieds à exeter. une ville sacrément paumée aux habitants suivant la réputation de ces rues. monde de la nuit, monde de l'illégalité, t'as eu l'impression d'être retourné à une époque qui était pourtant révolue. derrière vous. une police corrompue avec ces habitants qui faisaient leurs propres lois. rien de plus. rien de moins. et tu l'sais. tu sais qu'ici, tu finiras au fond du trou. tu l'as su dès l'début. mais t'es resté. et tu comptes y rester un bon moment.
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de cette femme aperçue, de ce visage fermé, de cette voix tranchante et ses pas qui ne l’emmenait nul part. cette femme écorchée vive, cet alcool que les plus courageux prenaient. paroles tranchantes, froides, vides alors que son regard pourrait tuer n’importe qui sur son passage. tes sourcils se lèvent, las. pas prêt à te batailler, mais pas prêt à la laisser tranquille non plus. ces on dit que tu te fous, ces paroles de ce vieux débris, déchet de la société qui valait sûrement bien mieux que toi humainement. ce que tu pourrais douter, car dans cette ville, t’as appris que personne ne valait mieux que l’autre. qu’ici logeait que des âmes perdues, tourmentées, glacées. bien loin la vie idéaliste des américains que t’as connu à santa monica, de leurs vies parfaites, sans problèmes. et peut-être que c’est parce que tu sais qu’ici lorgne de déchets que ça t’plait autant. peut-être qu’au fond, ça t’fait bander de savoir que d’autres souffrent plus que toi. enfin. libératrice qu’est cette pensée. « t’es là en communauté, si tu veux te bourrer la gueule sans que personne vienne te faire la causette, fallait l’faire chez toi. » paroles prononcées sur le même ton, las. las de toujours devoir être à l’affut, de savoir si la personne face à toi était assez bien lunée pour pouvoir s’octroyer le luxe de te parler. kyra était là. ça n’allait pas. mais tu t’en fichais. homme égoïste vis à vis des personnes qu’il ne connaît pas, pas psy et encore moins assistant social. mais maintenant qu’elle se trouvait à tes côtés, t’allait certainement pas la laisser filer. encore moins la laisser consommer tout en étant si fermée à la discussion. pas que t’etais un fin parolier non plus, le silence te sied à merveille, mais là, quelque chose te chiffonnait. quelque chose qui a été dit avant qu’elle ne soit là, postée face à toi.

quelque chose de grave, de tabous, de secret. quelque chose que personne n’avait envie de parler, quelque chose qu’on voudrait tous garder pour sois. une vérité difficile à encaisser, difficile à avouer. parce qu’aucune liberté ne pourrait rattraper toute cette souffrance endossée. femme faible dans sa force, femme forte dans sa faiblesse. « du coup, vu que j’suis là et que j’compte bien avoir ma séance tchatche avec toi : dure journée? » sourire malin, regard révélateur. s’il fallait la suivre toute la nuit, lui arracher les mots de la bouche, la pousser à bout, il le ferait. regard qui ne la lâche pas. qui ne l’a pas lâché une seule seconde depuis son entrée. kyra sauvage, sur le point de bouillir. de te sauter dessus pour t’arracher la jugulaire, te brûler avec ses iris, te voir à l’agonie pour qu’enfin, elle puisse ressentir quelque chose.
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