libre | Fashion show & gala de charité

Moira plisse légèrement le nez lorsqu'une maquilleuse tend un pinceau dans sa direction pour corriger une imperfection, se retourne légèrement sur ses talons afin de lui faire face. Maquillage léger des yeux et des lèvres qui contraste merveilleusement bien avec la splendeur de sa robe. Le vêtement lui va comme un gant, retouché au millimètre près afin que tout soit parfait. Lorsqu'on la libère enfin, Moira en profite pour discuter un peu avec une autre fille, désormais parfaitement à l'aise sur ses talons hauts malgré le manque d'habitude. Princesse irlandaise vêtue d'un vert forêt qui accentue la blondeur de ses cheveux, Moira évolue à travers les mannequins comme si elle avait fait ça toute sa vie. Elle a toujours aimé parader, d'aussi loin qu'elle se souvienne, si bien qu'elle apprécie réellement ce petit moment de nervosité qui précède le défilé, persuadé qu'elle sera encore meilleure sous la pression que lors des répétitions. Elle se doit d'être parfaite, de toute façon, puisqu'elle doit montrer au monde entier - et surtout à son père - ce qu'elle vaut réellement et qu'elle ne doit surtout pas lui faire honte. Si la robe qu'elle a choisie en compagnie de l'équipe se veut un brin provocante, elle ne peut tout simplement pas s'empêcher d'imaginer la tête que fera Cináed lorsqu'il la verra sur scène, lorsqu'il posera les yeux sur cette enfant devenue adulte alors qu'il ne l'a même pas vue grandir. Elle lui en veut encore beaucoup de ne pas avoir été là pour elle, mais puisqu'elle est à Exeter pour apprendre à le connaître et rattraper le temps perdu, elle se doit de faire un effort.

Douce, elle suit les autres filles jusqu'au lieu qui accueillera bientôt le défilé et sourit lorsque la voix d'Azraël retentit dans la large pièce. Elle aussi, on dirait qu'elle a fait ça toute sa vie, s'adresser à des gens qui ont la possibilité d'offrir beaucoup et de changer la donne pour une association en laquelle elle croit.

Un nouvel élan de nervosité et d'excitation s'empare de la blonde alors que les premières mannequins défilent déjà et que ce sera bientôt son tour d'éblouir la foule. Elle espère attirer le regard des gens sur elle ce soir, tous, mais surtout celui de Rex, puisque c'est définitivement la raison pour laquelle elle l'a invité à se joindre à eux.

Lorsqu'on lui indique qu'elle peut désormais rejoindre la scène, Moira sourit élégamment et redresse légèrement le menton, s'avance d'un pas sûr et décidé alors qu'elle regarde droit devant elle, telle une véritable poupée. Elle devine les silhouettes qui l'entourent, mais n'a le temps de jeter un coup d'oeil que lorsqu'elle atteint le bout de l'allée et qu'elle prend quelques secondes pour s'immobiliser, mèches blondes retombant délicieusement sur ses fines épaules. Moira profite de chaque seconde, effleure la large stature de Rex du coin de l'oeil avant de repartir en sens inverse et de laisser sa place à d'autres.

Fière de ne pas avoir trébuché et d'avoir su maintenir le niveau élevé des autres filles, la blonde se mordille légèrement la lèvre et rejoint la pièce qui fait office de loge, là où on l'aide à retirer la robe malgré le fait qu'elle soit capable de le faire elle-même. Est-ce vraiment ça, la vie d'une vedette ? La jeune fille pourrait aisément y prendre goût. Une robe bordeaux l'attend, impeccable sur son cintre en bois, et Moira l'enfile non sans demander l'aide de quelqu'un pour l'attacher sur son dos nu. Elle doit s'armer de patience afin de pouvoir enfin rejoindre la salle où se trouvent les invités, déjà curieuse de jauger les réactions des gens alors que toutes les filles étaient particulièrement splendides.

Lorsqu'on signale aux mannequins qu'elles peuvent désormais rejoindre le groupe qui se trouve dans la salle principale, Moira s'agite, heureuse de retrouver un peu d'agitation. Elle dérobe une flûte de champagne sur un plateau porté par un serveur, y pose les lèvres afin d'en prendre une petite gorgée, les yeux rivés sur la foule qu'elle découvre, soudain intimidée, pendant une fraction de seconde.

Spoiler:

En recevant l’invitation, son premier réflexe a été de la jeter dans le poêle à bois pour en récupérer le bienfait visuel d’un papier qui brûle. Et puis, il s’est ravisé. A réfléchi sur la nécessité d’ignorer pareille soirée. Après tout, il vient à peine de débarquer et se faire un nom dans l’ignorance de sa lignée est un fardeau. Ce n’est pas une affaire si simple. Peu évidente même. Il galère. C’est le cas de le dire, découvrant par la même occasion que les irlandais ne sont pas forcément les bienvenus, les moins appréciés d’Exeter, pullulant parmi la gangrène sévissant entre les murs sordides de la ville.
Forcément, il a fini par hésiter, demandant à Manus si ça valait vraiment la peine. Venir ou non. C’est la question qu’il s’est posé, prenant le délai de réflexion nécessaire pour ne pas agir comme un con. D’essayer de sauver cette branche anglaise de l’Irish Mob. Bien trop frêle et vacillante. Si fragile qu’elle paraît ne tenir à rien. Si ce n’est que de faire face à la ténacité de l’irlandais et sa volonté de devenir, un jour, le maitre du monde.
L’espoir fait vivre, certes. Mais c’est en vivant ainsi qu’il s’accroche, se convainc que le combat en vaut la peine.
Et ce en dépit de la tenue correcte exigée pour la soirée… Chose dont il a horreur. Les conventions sociales, ces moules si peu fait pour sa carrure de géant dans laquelle, pourtant, il s’efforce de contenir, de réduire pour se travestir de ce costume soigné, de cette cravate dont il s’entoure le collier, tel un nœud coulant qui lui donne la sensation de ne plus avoir d’air. Tout aussi endimanché qu’il se sent con, il se rend donc dans ce gala et découvrir l’opulence d’une soirée luxueuse ou trône une clientèle plutôt raffinée, un inconnu qu’il découvre, en parfait ignorant de ce qui se déroule à Exeter.
C’est si perturbant qu’il préfère se diriger vers ce qui est commun aux Etats-Unis : les serveurs munis de leur plateau ou trône l’alcool, appel à la débauche quand ça devient abusif. Pourtant, il est certain d’une chose : ça ne partira pas en soirée de luxure comme il a connu, jadis. Bien au contraire, il se contente de gober sa coupe en une seule lampée et puis de garder son verre vide entre les mains, ose lever un œil vers le défilé dont il s’en bat la raie tant ce n’est pas sa tasse de thé. Les tenues de soies frôlant la peau de velours des mannequins ne suffit pas à taire le sentiment d’insécurité qui le taraude.
Alors, il préfère attendre, pose sa coupe vide sur le plateau passant à côte de lui, se saisit d’un verre plein et encore une fois, boit trop vite, ingère et surveille.
Il est aux aguets, se demandant si la meilleure des solutions n’aurait pas été de jeter l’invitation dans les flammes.

Les paillettes ne lui font plus rien. Planté dans un coin, vêtu du même costume dans lequel il bosse, Rex ressemble plus à la sécurité de l'entrée qu'à un invité.
Son regard animal balaie la pièce d'un coup d'oeil, silencieux et massif dans sa solitude. L'effervescence ne l'atteint pas, ne lui fait plus le moindre effet.
La bête s'est trop de fois brûlé dans ce monde superficiel qu'il ne se sent pas plus solide qu'un papillon de nuit battant des ailes tout contre des lumières trop fortes pour lui.
Il remarque aisément son boss à quelques mètres de là. Les hommes ne se connaissent même pas, n'échangent pas un regard.
Rex ne lui fait pas confiance mais cela lui importe peu, sa loyauté digne d'un clébard ne quittera jamais l'Irlande. Peu importe s'il n'a jamais foutu un pied là-bas, peu importe que ce soit leur combat et non le sien, qu'il n'y gagne rien ou si peu.
Les mains croisées devant lui, la colonne vertébrale droite, son regard se pose brutalement sur un serveur. Celui-ci enclanche un mouvement de recul, agressé par la chaleur des pupilles de Rex qui termine par comprendre, endormir ses sens et attraper une flûte de champagne sans un merci. Le goût est ignoble. L'alcool de luxe par excellence ne remplacera jamais les bières qu'il s'enfile après ses combats ou durant ses longues nuits d'errance.
Ses pupilles cherchent instinctivement la silhouette de deux créatures pour lesquelles il est là. D'abord Azraël, dont le regard coupable s'est échoué sur les courbes durant le défilé. Ensuite, Moira, la gamine, celle pour qui il est venu, pensant dans un excès d'ego qu'elle aurait besoin d'un type comme lui à ce genre d'événement.
Mais il n'en est rien. La blonde s'en sort mieux que lui, trompe et emballe son monde de quelques sourires et regards chaleureux.
Lui n'est qu'un pauvre bloc de brique, stérile, qui ne fera pas un pas en avant afin d'intercepter l'attention de quiconque.
Tout ici est d'une beauté lisse et fausse là où lui ne dissimule même pas les restes d'ecchymoses contre son visage.
Seul le costume sombre le fond un peu dans la foule mais malgré tout, Rex reste en décalage. Une simple tâche sur le tableau.

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invitation étonnante, gala de charité, fashion show, là étaient présents ce qui ne t’intéressais pas. plus étonnant encore, le fait que t’es accepté. accepté de sortir ton chèque, accepter de miser sur une des mannequins pour que tu puisses espérer une nuit de folie en contrepartie. parce qu’il n’y a rien sans rien. et ce soir, tu l’sentais pas. cette soirée, entouré de grosses têtes, de mafieux. t’en a déjà eu affaire encore l’année dernière, ceux qui t’ont pourchassé, obligé à quitter ton fief, l’écosse pendant plus de quinze ans. toi qui a réussi, avec l’aide de kayla, à tuer celui qui en était à la tête, à enfin te libérer. te libérer des griffes d’un homme bien trop fière pour perdre un combat à l’amiable. on combat de boxe. seize ans. seize ans que cela s’est passé et ça te laisse toujours un goût amer. toi qui avais gagné à la loyale. alors normale de ne pas se sentir à sa place lorsque tous les indicateurs te prouvent par a+b que tu risques de sortir en saucisse confite de cette soirée. mais t’es là. là, près du bar. verre dans une main alors que l’autre tentait vainement d’ecarter ton col de ton cou. parce que quitte à risquer quoi que ce soit ce soir, valait mieux que ce soit avec classe. costume dans lequel tu te trouvais ridicule d’ailleurs. pas à l’aise. et puis, tu la regarde. l’aperçois, l’entend. azraël, dans sa robe rouge passion, te demandant comment elle faisait pour être encore debout avec ce qu’il lui était arrivé quelques jours auparavant. cette nuit là où tu lui as sauvé la vie. cette nuit là où pour la première fois, elle avait besoin de toi.

ton regard dérive vers les autres, ceux qui entrent. aleks. ton frère. ton meilleur ami. ta personne. celui qui, aujourd’hui, te déçois plus que tout. celui qui te ment au visage avec une telle aisance. sans sourciller, sans faire tomber son masque, sans même hésiter. celui pour qui tu donnerais ta vie. tout simplement. et il te connaît. il sait à quel point tu peux être mauvais. à quel point, lorsque tu te décideras de vider ton sac, votre amitié pourrait être mise en péril. ton visage reste fermé, impassible. tu n’le regarde plus lorsqu’il s’avance, lorsqu’il se trouve à tes côtés. ne l’regarde plus lorsqu’il te parle comme si de rien était alors que sa mâchoire se crispe, que ta main serre ce verre, que ton poing se referme dans la poche de ton pantalon. tu regardes arizona, un léger sourire discret sur les lèvres. évidemment qu’elle était belle. ta meilleure amie illuminait la pièce entière. radieuse. « t’as pas autre chose à faire? » première pique lancée, tu n’compte cependant pas régler tes comptes ici, ayant du respect pour ce que azraël avait organisé. mais tu sais qu’en restant près de lui, ça allait être difficile de te contenir.

tenue:

Mais qu’il est grognon ce soir et peu prêt à s’amuser. Il aurait dû envoyer Manus et Raven s’éclater à sa place. Quoi que non… S’imaginer la chimiste dans une soirée n’est que propice à se créer de nouveaux cauchemars en songeant à cet oiseau tellement bizarre.
Juste son cousin, à la rigueur. Ce dernier se serait lancé dans des explications sur la bière, sur sa capacité à créer sa propre variété dans un assemblage de fragrance que Cináed n’a jamais compris, à défaut de s’y être intéresse au moins une fois. De ce fait, il est donc dans son coin, comme tant d’autres. A attendre, ne remarquant même pas la présence de Moira. Les filles d’ici n’ont pas encore allumé l’étincelle du plaisir de la chair. Il est bien trop préoccupé, trop méfiant aussi. Ici, il n’est pas le roi. Ici, il n’est rien qu’un petit chef de bordel. Rien de plus. Rien de moins.
Et il se braque encore plus en voyant arriver Azrael, la turque, divine créature des enfers dont l’échange musclé demeure encore dans les esprits.  Sa répartie fait naître un sourire moqueur sur les lèvres de l’irlandais, peu prêt à se lancer, devant tout le monde, dans une nouvelle guerre contre cette femme bien trop curieuse.
« Quoi ? T’aimerais que je te dise que tu es à mon gout aussi ? » Lui rétorque-t-il, un brin amusé par le sarcasme de ce bout de femme. Elle n’a pas peur de lui. Ça le débecte autant que ça peut lui plaire, alimentant ce gout du danger et de l’interdit. Jusqu’à rompre tout sourire lorsqu’il la voit s’en aller vers une autre proie. Et son sang se glace en reconnaissant la blonde qui a débarqué chez lui en lui déclarant être sa fille.
Elle s’appelle comment déjà ? Fronçant les sourcils, il croise le regard de ce qu’elle qui se dit être sa fille et sans attendre, l’irlandais tourne déjà les talons. Il n’est pas d’humeur à se taper les cris d’une gamine hystérique et à côté de la plaque. Il n’a pas envie et préfère saisir deux coupes de champagnes, une dans chaque main et se retirer loin du podium, des gens, de tout.
Bougonnant et toujours ronchon, il s’enquille les verres aussi rapidement qu’ils sont venus dans ses mains. Il n’aime pas cet endroit. Cette fête est pourrie et le mal de l’Amérique est si fort.
Qu’il regrette tant ce qu’il s’est produit !
Son regard finit par accrocher une silhouette solitaire. Au visage reconnaissable parce qu’il bosse pour lui. Ce blond avec la barbe et son regard de bambi meurtri. Il ne se rappelle plus de son prénom d’ailleurs. « Ah un visage connu ! » Dit-il en venant vers le grand dadais ( Rex ) et il lui adresse un sourire, avec ses coupes vides dans ses pattes. « Dis-moi que toi aussi, tu te fais chier à cette soirée, hein ? »

Il reste dans son coin comme un gamin qu'on aurait puni parce qu'il ne sait pas faire la conversation. Eden ne ressent pas la moindre envie de se bouger et faire des efforts. Lui préfère l'ambiance sale et sombre des bas-fonds, les sourires désespérés des filles à qui il fait croire qu'il les protège alors qu'elles vivent en enfer. Lui aussi est un monstre, même s'il se glisse pas dans leurs draps, il vaut pas mieux que les autres. Son regard divague de visage en visage, il connaît si peu de monde ou alors en surface. Le seul truc qui lui donne un peu de consistance est le champagne. Même s'il trouve le goût particulièrement dégueulasse et que la bière lui manque, il a au moins le mérite d'être alcoolisé.
Son menton se tourne vers Cin. Il ne dit rien, redresse un sourcil à la remarque du boss et lui adresse ce qui semble être un sourire.
Heureusement, nous reste cette distraction. Ses pupilles glissent sans discrétion sur les courbes d'une beauté italienne passant à quelques mètres d'eux. Rex est un clébard pas bien difficile à convaincre, se contente de la vue qu'on lui offre, un brin macho dans cette façon qu'il a de regarder les femmes sans leur accorder plus d'importance que la divinité de leurs corps.
Il pense vaguement à la possibilité de finir la soirée avec une d'entre elles avant de reporter son attention sur l'Irlandais.
Ça va aller boss, c'est qu'une soirée à passer. Le boeuf lui parle comme s'ils avaient élevé les cochons ensemble et qu'il était l'un de ses potes. J'ai cru voir du whisky par là-bas, t'as qu'à m'suivre. Rex lui fait un signe de main pour l'embarquer vers un bar plus calme.
Si les lieux sont éloignés de ce qu'il a l'habitude de fréquenter, Eden n'a besoin que d'un regard pour finalement dérober une bouteille et une flûte qu'il remplit de whisky avant de la tendre.
Et les glaçons. S'il y a des pinces pour les attraper, Eden plonge sa main pour en attraper deux et les laisser glisser dans le verre de Cin.

Prunelles rivées sur les silhouettes moroses qu'elle connaît bien, Moira fronce légèrement les sourcils, prend une longue gorgée d'alcool et s'apprête à rejoindre Rex lorsqu'Azraël abandonne l'irlandais pour la rejoindre en quelques enjambées distinguées. Un large sourire étire ses lèvres lorsque la brune la prend dans ses bras et la complimente, ses doigts se refermant habilement sur la flûte de champagne pour ne pas la renverser. « Toi aussi. » souffle-t-elle alors qu'elle capture entre ses doigts l'étoffe de sa robe, espiègle.

La salle est bondée de monde qu'elle ne connaît pas et lorsqu'elle reporte son attention sur la brune, celle-ci s'est déjà frayé un chemin jusqu'à un autre invité, prend visiblement son rôle d'hôtesse très au sérieux alors qu'un mince soupir quitte les lèvres de la jeune fille.

Cette fois, lorsqu'elle relève la tête pour retrouver la haute stature de Rex, Moira constate que Cináed se troue désormais en sa compagnie et que les deux hommes se dirigent un peu plus loin, vers le bar.  Quelle idée, aussi, de les rassembler tous les deux au même endroit.

Idée folle. Stupide. Probablement même sanglante, si jamais l'irlandais en venait à découvrir les sentiments que dissimule sa fille à l'égard de son employé.

Moira prend une longue inspiration, vide sa flute de champagne afin d'acquérir cette dose de courage qu'elle n'a pas avant de rejoindre les deux hommes qui se trouvent désormais au comptoir du bar. « Moi aussi j'en veux ! » lance-t-elle simplement alors qu'elle prend place aux côtés de Rex et qu'elle fait glisser vers lui la coupe désormais vide. « Je pensais pas que tu viendrais. » lance-t-elle en direction de son père alors qu'elle reporte rapidement son attention sur la silhouette du gardien de sécurité, particulièrement séduisant lorsqu'il fait un effort supplémentaire en matière de préparation. Elle décide pourtant de ne rien dire afin de ne pas le rendre mal à l'aise devant son père, se contente d'une brève oeillade appuyée en se promettant de le complimenter plus tard.


@Rex Eden et @Cináed O'Reilly

Comme sa mère, il faut croire que Louve sait apprivoiser le tapis rouge, les photographes ici et là. Elle distribue des sourires, pas trop larges, mais assez pour être hypocrites. Pose ses mains sur ses hanches, comme une grande. Tourne la tête, ici et là. Dans sa robe fendue, d'un rouge vif, on ne peut pas la louper, la rouquine. Nuances de feu, dans sa tenue comme dans ses cheveux, impossible de ne pas voir qu'elle est là, la Ziegfeld. Seule et unique fille d'un couple médiatisé, connu de tous à Exeter et ailleurs. N'ayant pas envie de défiler, pour la simple raison que tous les projecteurs n'auraient pas été braqués exclusivement sur elle, son rôle ce soir reste prestigieux. Invitée de marque, à dix-huit ans à peine, parce que c'est presque du sang bleu qui coule dans ses veines. Parce qu'un jour, elle héritera de l'empire Ziegfeld, qui jusque-là, n'a jamais été dirigé par une femme. Elle en prendra les rênes, d'une main de fer, mais sans gant de velours. Sur le tapis rouge, elle parade jusqu'à temps qu'on la pousse vers la sortie... Mais prend un peu plus son temps encore, par simple esprit de contradiction. Le défilé qui suit, est somptueux, sauf qu'intérieurement, Louve note chacune des filles, analysant le moindre petit détail. En inventant même, jusqu'à la cellulite sur leurs cuisses qu'elle ne peut pourtant pas distinguer. Langue de vipère jusque dans ses pensées, elle siffle, critique, se désolant de ne pouvoir les partager avec personne. Au premier rang, son regard continue d'inspecter les silhouettes. Trop grosse. Trop vieille., sont généralement ce qui revient le plus souvent dans son esprit, par bonheur pur et simple de se montrer abjecte. Elle a ça dans le sang, la louve... Elle ne porte pas le nom de Ziegfeld pour rien. Pour conclure, elle se dit qu'elle aura vu mieux. Exeter n'est rien, comparée à Paris, New York ou Londres. C'est avec déception qu'elle se rend à la réception qui suit, se servant une coupe de champagne, sans hésiter. Personne ne peut rien lui dire. Elle est majeure... Et la fille d'un des rois de la ville. Il suffirait d'un regard en biais, pour qu'elle anéantisse la personne en question, telle une vulgaire mouche qu'elle écraserait entre ses ongles manucurés. La rouquine, elle fait le choix de s'approcher d'un visage connu, @Rex Eden. Il est là, dans l'ombre, dans son costume. Un homme mûr, avec l'expérience assortie. Satan sait qu'elle les préfère ainsi. « Rex, j'ignorais que tu étais passionné de mode. », lui dit-elle, narquoise, avant d'approcher son visage du sien, pour venir murmurer dans le creux de son oreille, « Je croyais que tu préférais ôter les vêtements, plutôt que de les voir portés. » Puis elle s'écarte, sourire ravageur aux lèvres, avant de concentrer son attention sur le grand et terrible @Cináed O'Reilly. Bien sûr qu'elle sait de qui il s'agit, Louve. Elle connaît tous les visages, toutes les réputations des uns et des autres. Elle écoute, mémorise les informations, pour toujours avoir une longueur d'avance. « Bonsoir. », dit-elle à la jeune femme en compagnie des deux hommes. Une blonde (@Moira Fitzgerald) , qui doit être à peine plus âgée qu'elle. Faut croire qu'elles sont du même milieu, toutes les deux. Elles ne s'entendraient pas forcément, au vu du caractère de Louve, tandis que celui de la blonde reste un mystère pour la rousse. « Monsieur O'Reilly, quel honneur. Nous n'avons jamais eu l'occasion d'être présentés. Louve Ziegfeld. », dit-elle alors, bien plus sérieuse mais avec une sympathie feinte. Elle lui tend sa main, la rousse, avec la grâce d'une dame de son rang.

La soirée semble s’améliorer en retrouvant un visage connu ET qui ne fait pas chier comme Moira. Rex, le gars à qui il a dû échanger trois mots à tout casser. Il lui a dit être son nouveau patron, celui qui verserait son salaire. L’échange s’est arrêté là. Et pourtant, Cin’ lui parle comme s’ils étaient des collègues, des gens qui se voient souvent certes et qui nourrissent un échange constant.
Ce qui n’est pas le cas. Le champagne aide l’irlandais à se débrider un peu, lui qui d’ordinaire est d’une nature à aller vers les autres, à nouer le dialogue quand il s’agit de mettre en place une stratégie commerciale sous couvert de trafic de drogues.
Là, ça se résume plus à la survie mentale, ce défile qui n’est pas son genre de soirées. Lui, il préfère quand ça titille la luxure, le genre de soirées où il finira ivre mort, nu comme un ver avec deux succubes dans le plumard. Ça, il l’aime. Les regarder se pavaner sur une estrade, un peu moins. D’autant plus quand il y a la psychopathe se disant être sa fille.
De ce fait, Rex est son phare dans l’obscurité, lui permettant de braver la tempête, l’amusant par la distraction qui s’offre sous leurs yeux. Cináed sourit et lui répond « J’espère que ça se baise facilement, j’espère. Qu’il n’y ait pas besoin de leur faire des déclarations d’amour pour les sauter. » Comme à New York en somme. Il doit admettre que l’Angleterre, c’est SI différent.
Et il n’aime pas ça. Sauf quand Rex parle de whisky, l’alcool est ce qui le maintient, le pousse dans des interactions sociales.
C’est Manus qui sera content pendant que l’irlandais suit le blond aux yeux de merlan frit et qu’il se retrouve avec son verre ainsi que les glaçons pris à pleine main. Le geste l’amuse et il le remercie. C’est le moment de trinquer, et Cináed lui tend le verre. « A la mob. » La voix est sobre mais il se serait mal vu de dire « à l’amitié » quand il sait qu’il n’y a rien de ce genre dans cette relation qu’il a avec Rex. Il est son bouche-trou surtout pour pas passer la soirée seul comme un con, supporter le sourire de cette imbécile d’Azraël. Ou de voir Moira… Qui rapplique déjà.
Déclarant qu’elle veut du whisky. « Non. » Répond-il instinctivement, ne voulant pas s’imaginer la jeune fille complètement bourrée. Toutefois, il relève bien vite cette intervention trop rapide, trop futile, qu’il dissimule par un raclement de gorge gêné, puis jette un œil au seau à glaçon avant de pointer son regard vers Moira. « Les glaçons sont là. » Comment dissiper la gêne ? En répondant par quelque chose de tout autant gênant.
Il ne sait pas trop où se mettre mais n’est pas au bout de ses peines quand une quatrième personne arrive dans ce troupeau de bêtes mal à l’aises. Une rousse flamboyante qui semble connaître Rex, se permet le secret en venant se pencher à l’oreille du blond.
A croire que l’anglaise est aussi chaude que l’américaine, qu’il pense en son for intérieur tout en avalant une gorgée de whisky.
Ne s’attendant pas à ce qu’elle s’adresse à lui, alors que ses pensées sont surtout tournées vers Moira dont il est mitigé entre l’envie de lui en coller une ou de l’ignorer buvant son whisky. Aussi est-il surpris quand elle lui parle, l’appelant par son nom de famille, lui tendant la main. Et lui, Cináed ne pige pas. Ne percute pas non plus. Ses idées se mélangent à ses interrogations destinées à lui trouver une raison valable. « Je ne me souviens pas qu’on se soit échangés nos blases dernièrement. » Dit-il en fronçant les sourcils, définitivement trop grincheux pour être sociable et venant lui taper du plat de la main comme si checker était devenue la nouvelle mode du coin. « Et ça veut dire quoi Louve Ziegfeld. Ce nom ne me dit rien. Je dois comprendre quoi ? » Oui, comprendre quoi ?
A part qu’il est perdu. Qu’il y a Moira. Qu’il y a Rex. Et le whisky. Rien n’a de sens. Vraiment rien.

@Rex Eden @Moira Fitzgerald @Louve Ziegfeld