((seven)) cheat on you.

cheat on you.

cf seven. ☾

La nuit est belle, les étoiles sont haut dans le ciel, t'as les prunelles qui vacillent dans le dernier quart d'heure avant l'ouverture de ta muse, et t'as l'attention braquée sur le moindre détail, pour que rien ne manque, que rien ne tremble, si ce n'est les pas de tes convives au rythme de la musique. Et comme chaque soir, dans ce rituel souverain qui guide tes nuits, tu observes la perfection de ton univers, de ce que t'as modelé de tes doigts de fée, pygmalion magicien aux allures d'homme de main. Ta carrure joliment mise en valeur dans ton costume d'entrepreneur, tu passes une main assurée dans tes cheveux bruns, prêt cette fois à pousser la porte, pour la énième fois de l'année. Et chaque soir - pourtant, toujours cette même excitation, ce papillonnement au fond de ton âme, d'ouvrir grand le gouffre de ton néant.
La soirée est bien avancée, désormais. Machines à sous dans les oreilles, tu poursuis ton rituel, saluant d'une main de maître les invités de marque, les précieux habituels, les inconnus parfois, avec lesquels tu tentes une connivence, en bon homme d'affaire que tu es, conscient des vagues agités que sont le business, de cette mer orageuse qui fait la nuit et le jour sans aucun compromis. Et tu gères ta barque dans ce bordel, sans jamais faillir, sans jamais échouer - bien que l'ombre paternel aie toujours été sur ton dos, les yeux incapables de regarder ailleurs, et les brimades permanentes sur le coin de la bouche. Te voilà Edwin, ouvrant la porte de ton antre, ce vacillement du rien, déambulant entre les machines à sous hurlantes et les lumières fanfares de la nuit, conscient encore de cette autre demeure que tu caches la derrière - celle aux courbes sulfureuses et aux âmes damnées, la maison close du black bird.
Sourire greffé sur ton masque qui vient cacher les malfaçons de ton être altéré. « Monsieur Fury. » Sortie brusque de ton piédestal doré. Tu te retournes, fais face à Elliott, que tu gratifies d'un regard sombre - celui du désespoir de quitter ce nid douillet d'arrogance - héritage subtil du black bird chaque nuit. Retour au réel, subit, immédiat, terrible. Froid. Un regard interrogateur, une supplication intérieure - vite, ma patience à des limites. Elliott ne pipe mot, se contente de se hâter, ce qui provoque dans ses paroles un étrange et inquiétant bégayement. « U-un hold-out-t-t- table six. » Hochement de tête, puis tu te diriges tranquillement vers la six, celle du texas hold'em. Cela fait bien longtemps que tu domines ici sans plus t'embarrasser d'homme de main en permanence à tes pieds comme des petits chiens - cela fait bien longtemps que tous ici te connaissent et reconnaissent en un battement de cil ton visage de maître des lieux. Il n'existe nulle meilleure protection que l'assurance d'être reconnu - le pouvoir de la manipulation et l'argent au fond de tes poches d'héritier.
Les participants sont nombreux, mais tu connais bien assez le poker pour n'avoir pas besoin de précisions supplémentaires. Ton œil aguerri distingue nettement le vacillement du poignet délicat, cachant la carte au fond de la manchette. Un bien joli hold-out. Mais ce n'est pas cela qui te laisse pantois, homme pêcheur, c'est bien la divine silhouette enchanteresse de la tricheuse qui désormais te fait face, et que tu admires de tes yeux vacillants. C'est avec un plaisir non feint que tu te diriges vers elle, doucement, tendrement, sans souhaiter déranger le calme des autres joueurs, sans vouloir crier au scandale et altérer la flamboyance de la soirée. « Madame, voudriez-vous bien me rendre votre as ? » Que tu glisses au creux de son oreille, après lui avoir effleuré l'épaule de ta poigne de fer - non ma belle, tu ne t'en sortiras pas, sans avoir rendu son as à ton roi.

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Invité

Elle se souvient, jadis, d’une pauvreté qui lui écorchait les poches vides à contempler la splendeur des rivières de diamants maculées de parfum sur les grandes dames des contrées hollandaises. Elle se rappelle avec aisance ce sentiment maussade écrasé sur ses traits juvéniles d’enfant malmenée. Elle n’était rien, boucle d’or estampillée par les claques désabusées d’une marâtre dépassée. Seven n’avait que pour elle une rivière de diamants façonnée par les larmes. Sa rivière naturelle dont les vagues se cognaient sur ses joues pour atterrir sur le sable de ses mains moites. Au fond d’elle trônait une colère sans pareille qui, avec le temps, ne faisait que croître au creux de ses poings. Elle détestait le monde pour n’être qu’une infime particule qui le compose. Elle détestait les autres parce qu’elle se savait moins bien qu’eux. Pétrie par la violence et les mensonges, Seven avait le myocarde quant à lui scarifié par l’aigreur. Il bat à sa façon, d’un rythme désordonné calqué sur ses humeurs vacillantes allant de l’euphorie au chagrin. Le spleen sur le bout des doigts à le renifler pour s’auto-détruire comme punition. Dans les sorgues obscures, elle se savait vulnérable à la culpabilité de nourrir cette personne détestable qu’elle se targuait d’être devenue. Dans les limbes de sa conscience éteinte, elle avait secrètement l’envie d’être quelqu’un de mieux. Seulement, elle s’était fait une promesse burlesque, soufflée entre deux cancéreuses écrasées du talon. Celle de ne compter que sur elle-même pour s’en sortir. Finalement, Valenven était un emblème écrasant d’égoïsme et d’inserviabilité sauf pour sa propre personne. Il n’y a là qu’un être assez important qui compte à ses yeux maquillés : elle-même. Alors elle s’est entichée pour les jeux et les magouilles, elle a flanché pour ceux où elle crée ses victoires. Elle ne mérite que la gloire d’être assez ingénieuse pour truander les systèmes et s’infiltrer dans les failles laissées au hasard. Seven n’sait rien faire à part falsifier les vérités.
Ce soir, elle a encore succombé. Ce soir, elle truque les jeux avec habileté.
La muse drague de ses opales et de ses coups d’épaule. Son sourire sournois s’étire quand elle étouffe entre ses serres les proies qu’elle saigne à blanc. Seven s’amuse d’écraser autrui simplement pour s’élever dans la brume de ses mensonges astucieux mis en place pour crier victoire. Elle range avec discrétion les as dans sa manche et se targue d’avoir les meilleures mains. Qui peut protester ? La vipère oppresse et asservit les joueurs dans ses élans mesquins. Personne ne peut arrêter les manigances délectables du démon à la couronne de platine. Personne sauf lui. Qu’un souffle qui la crispe, la raidit comme un couteau à la trachée. Prise au piège par l’opposant, ses murmures qu’elle exècre déjà. Le visage séraphin se tourne vers lui, elle souffle silencieusement. « T’es qui, toi ? » elle tutoie sans vergogne et quitte la table sans crier gare. « Il est tard, je pense que tu vois des choses qui n’existent pas, c’est pas vrai ? » Le rictus est délicatement pimenté, verbe fort par son élocution trop sûre. « Tu m’offres un verre ? » Elle s’avance d’un pas. « Pour moi ce sera un cosmo. » Elle exige Seven, son index qui court sur l’épaule de son adversaire d’en face.
Joker.

cheat on you.

cf seven. ☾

Jolie manche, joli tour de poignet.
Un instant tu permets à tes désirs de prendre le pas sur ton professionnalisme, et te laisse aller à quelques sombres pensées où elle aurait ainsi à user de son joli tour de poignet. Les reins que tu devines subtilement moulés, les cheveux qui tombent en cascade sur son dos courbé - il faut dire que sa posture laisse présager un joli paysage.
Et puis elle se retourne, la hargneuse, la vorace. Elle souffle, l'animal sauvage, la biche apeurée, prise au piège de ta main posée sur elle, de la toile de ton cerveau qui s'est habilement refermée sur son jeu dangereux. Mais c'est ainsi, ma belle lorsqu'on se joue de la chance, on prend le risque de perdre.
Elle n'a définitivement pas l'air décidée, la poupée, à te rendre ton as et à quitter les lieux ; et l'arrogance que tu lis dans ce regard qu'elle dresse sur toi, ce joli minois angélique qui se joue de toi, l'effrontée, elle t'amuse, elle t'excite, elle t'attire comme un papillon l'est par l'attrait de la lumière. Qui a-t-il dans cette voix animale, dans ce timbre guttural, dans cette blondeur magistrale ?
Tu lis beaucoup de haine dans son regard, d'aigreur dans son cœur, et définitivement, elle t'intéresse, la mignonne. Tu ne cracherai pas sur une nuit dans le creux de ses reins, mais ce n'est pas ce qui t'obsède de prime abord - cette étincelle dans le regard, cette antithèse de l'agneau sauvage. Voilà qui titille bien davantage ta curiosité et excite plus encore tes émois.

Il y a son index qu'elle fait glisser sur ton épaule, te prenant sans doute pour un vigile de bas étage, guère plus qu'un serveur, et tu suis d'un regard profondément amusé la caresse dont elle t'afflige, la putain, ce rictus moqueur qui prend vie dans le creux de tes lèvres. Définitivement, la soirée promet son lot d'enchantement, de magie.
Tu hèles d'un doigt l'un des serveurs qui passait par là. « Vous avez entendu ? Un cosmo pour la demoiselle. et un wapplesky pour moi. » « Tout de suite monsieur. » Disparition spectrale dans les méandres du black bird labyrinthique, dans ces méandres que tu as tissé de tes doigts enchanteurs, alors que l'inconnue ose te réclamer ton identité - la pire insulte, sans doute, alors même que tu as déposé ta marque et ton empreinte sur chaque dalle de ce néant.
Elle ose le souiller, se jouer de lui, tricher, et t'humilier par dessus le marcher ?
Et toi, ça t'amuse edwin, de cette perversité qui fait vriller tes yeux, qui te fait t'installer à ses côtés pour rejoindre la partie à peine commencée. Comme pour veiller sur ses gestes, comme pour la surveiller, paternel aux yeux riants, n'eût été l'ambition perverse qui se niche derrière tout ça, et tes yeux qui se perdent sur ses jambes dévoilées. « Je suis Edwin Fury, je possède ce casino, et je te serai gré de ne plus me voler. » Tes yeux ne sont plus tournés vers elle, désormais, ils se penchent sur les cartes que la croupière t'a donné pour la mise que tu viens de balancer. « Si tu veux, je gagne cette partie pour toi. Ca payera ton cosmo. » La provocation au fond des yeux, dans ces iris pétillantes d'étoiles rieuses.

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