the sound of your heartbeat - ft. nova

exeter, 6 juillet 2016.

ça fait déjà un an. un an qu'il a perdu la vie. un an qu'elle vit sans lui. que le trou béant s'agrandit, mais qu'il ne se comble que du vide. elle vit dans la nuit, depuis qu'il s'est enfuit. reposant sous ses pieds, enfoui sous une terre desséchée. lumi, elle nage en plein déclin, dans ce trop-plein de rien. agonisant au milieu du néant. il fait si froid ce matin, malgré le soleil levant. les rayons ne réchauffent plus sa peau. anesthésiée, figée, comme sur une vieille photo. chaque jour est un supplice, pour la gamine rongée par les vices. elle n'existe plus. condamnée à errer dans une trop longue éternité. elle ne sentira plus sa présence à nouveau. jamais. plus jamais. la démarche vacille, le bouquet s'effrite, tandis qu'elle se traine dans les allées morbides. les pensées s'oxydent. deviennent plus sombres que la mélancolie elle-même. le cerveau rejoue inlassablement son agonie. le film bousillé de leurs souvenirs. les brisures d'un amour qui lui remémoraient son sourire. elle se rappelle de tout. de chaque marque, chaque cicatrice, inscrite sur ses traits juvéniles. en venant se recueillir sur sa tombe aujourd'hui, elle voulait honorer sa mémoire. fêter l'anniversaire de son désespoir. le laisser reposer en paix, ne plus s'attendre au retour illusoire. toute de noire vêtue, elle ressemble à la mort. une ombre arpentant les sentiers abîmés, pour laisser son cœur exploser. lumi, elle serre les poings. essaie de rester forte pour ne pas dévoiler son chagrin. le regard se détourne de chaque personne qu'elle croise. chaque orbe qu'elle évite. vivre depuis qu'il n'est plus là, elle a l'impression que c'est pire. qu'elle ne respire plus que pour se faire souffrir. encore et encore. engloutie par les remords. l'existence torturée par les " et si ". les éventualités qui auraient pu éviter son départ précipité. et elle regrette. de ne pas lui avoir dit une dernière fois ce qu'elle ressentait. de ne pas avoir pu profiter de leur temps, qui était déjà compté. le myocarde s'est envolé avec lui, mais il a bien mal atterri. il est tombé de trop haut, pour être capable d'aimer à nouveau. arrivée devant la pierre tombale, elle inspire profondément. le palpitant cogne fortement dans sa poitrine, la déchire, la pousse dans ses retranchements. lumi elle saigne. elle tremble, déposant difficilement les fleurs sur la tombe du regretté. elle n'arrive plus à respirer. les yeux se remplissent du chagrin, des regrets. lumi, elle a encore rêvé de lui cette nuit. de ce que leurs retrouvailles pourraient être. de ce qu'ils auraient pu se dire. ce qu'ils auraient pu devenir. lumi, elle a mal. et elle engloutit sa souffrance. pensant toujours à lui, comme s'il n'était jamais vraiment parti.


@Nova Zvaitika     

dans les méandres de ses souvenirs, elle n'aurait jamais imaginé le voir partir. lui, en première ligne dans sa réalité. lui, et son corps froid, qu'elle avait vu tomber sur le parquet. effondré dans son sang, alors qu'elle pensait encore avoir tout le temps. le temps de partager le présent. et pas un instant, elle ne l'aurait vu mourant. zeke, ivre de vie et d'empathie. capable de lui faire voir le meilleur, et d'oublier le pire. zeke, qui savait la calmer. telle une boussole qui la guidait, lorsque le vent venait la balayer. même un an après, le temps ne s'était pas écoulé. elle était bloquée. en tête-à-tête avec ses pensées. incapable de mettre de l'ordre dans une vie, qui autrefois, était si bien rangée. depuis son départ, il avait tout chamboulé. le myocarde flétri, incomplet, de n'plus pouvoir vivre à ses côtés. dans le lit vide, elle ne fait que suffoquer. prise en otage par ses démons, incapable de dormir, étouffée par le sentiment d'abandon. par ces mains invisibles autour de son cou qui la réveillent, qui la serrent. qui lui interdisent de trouver le sommeil. ça l'ensorcelle. ces visions. sa respiration. le néant autour d'elle, lorsqu'elle roule dans les draps, pleurant de n'plus se rappeler la douceur de ses bras. lumi, elle se fait violence pour venir le saluer. pour mettre un pied hors de la grotte, où elle avait fini par se réfugier. elle ne supportait plus le contact. les discussions. uniquement sereine, lorsqu'elle déversait ses larmes sur le papier. lorsqu'elle déposait sur son cahier, toutes ses idées empoisonnées. une noirceur qui faisait partie d'elle, depuis qu'il l'avait quittée. depuis qu'elle avait du apprendre à vivre sans lui, dans ce paradis maudit, où elle ne voyait que la pluie. y'avait plus d'famille. y'avait plus d'amis. pas même un contact qu'elle avait gardé pour soulager son agonie. lumi, elle était seule. désespérément seule. et c'était probablement pour éviter de répandre son poison. les remords qui la bouffaient, et dont elle ne pouvait se délester. lumi, elle avait la bouche sale, putride. remplie d'insultes, de paroles morbides. rejetant toute attention, toute dévotion. son cœur avait noirci, son âme avait pourri. la présence de nova n'allait pas la réconforter. simplement la bousiller. de sa respiration lourde, de ses paupières qu'elle forçait à rester fermées, elle tentait de ne pas vriller. ivre de colère lorsqu'elle entendait cette voix familière, à la saveur amère. une innocente qui avait juste été là, au mauvais endroit, au mauvais moment. mais nova, elle était comme sa poupée vaudou. elle aurait aimé la contrôler. la laisser crever. revenir en arrière, pour changer le passé. la laisser se prendre cette putain de balle. elle, et pas zeke. elle, et pas sa moitié.

" j'ai pas envie de parler avec toi. t'attends ton tour, et tu m'laisses. "

la rage ardente qui la dévore, alors que son corps tout entier se met à trembler. lumi, elle allait faillir à ses résolutions. celle de ne plus lui prêter attention. nova, elle était déjà rayée de sa vie depuis longtemps. depuis qu'il était mort pour la sauver. depuis qu'il s'était sacrifié, pour lui permettre de respirer. et tout ça pour quoi ? pour ne même plus jouer ? pour finir déchirée ? aussi traumatisée que tous les autres. sans jamais faire une ode à cette vie, qu'il lui avait laissée. sans jamais chérir cette existence déchue, qu'il lui avait dédiée.

nova, si tu savais, à quel point elle te détestait.




@Nova Zvaitika