(TW: drogue) as if her mind ain't dark enough (lumi)

Pas d'entrée fracassante marquée par les souffles coupés d'un public en admiration face à sa présente inopinée. Pas de murmures sur son passage, sur ses dernières affaires qu'il remportait avec brio. Il n'était qu'une silhouette parmi tant d'autres, se fondant dans la plèbe, celle qui le méprisait, l'admirait comme le maudissait quand il était l'auteur de maux, d'injustice. Conscient de sa popularité mitigée, il n'y avait rien qui pouvait l'arrêter dans sa conquête, rien qui le fragilisait, ne le bouleversait au point de remettre en question ce qui l'attrayait. La quête de pouvoir, de satisfaction personnelle, celle qu'il nourrissait au travers de son égo qu'il ne cachait pas, conscient de ce qu'il pouvait susciter chez les autres. Il profitait de son anonymat ce soir, simplement pour ne pas être abordé pour ce qu'il était, discuter d'affaires qu'il accepterait de plaidoyer au lieu de jouer de son anonymat, avec les âmes aussi aventureuses que la sienne. Il se dirigeait près du bar, observant d'un bref regard le présentoir d'alcool, l'ivresse qui altérait ses sens aguerris pour ne pas avoir à trop réfléchir, son esprit cartésien qui analysait chacune des situations qui se présentaient à lui. Alors il choisit un whisky, fidèle à ses origines, qui l'accompagnerait et dont le parfum ambré lui décrochait toujours cette même mimique, quand il parvenait à raviver les pans entiers de son âme meurtrie. Il prêtait attention à cette âme en détresse, il le percevait Liam, en dépit du masque qu'elle portait, qu'elle était comme lui. Une coquille vide, une âme noircie par les méandres de l'obscurité. Il s'approche, tel un loup pour ne pas effrayer sa victime esseulée, reste silencieux quelques secondes. "Je peux vous offrir un verre ?" Franc, il n'avait pas tressailli face à son audace. Peut-être bien qu'elle pouvait le rejeter, lui reprocher qu'il était trop téméraire, manquait cruellement de tact, mais il n'était pas de ceux qui s'offusquaient si facilement Liam.

(c) mars.

le masque cousu sur la peau de porcelaine. la tristesse d'un faux sourire qu'elle se forçait à esquisser, lorsqu'on venait lui parler. peu adepte de la vie en société, lumi, elle vivait recluse dans sa bulle mortifiée. à l'abri des relations et des sentiments qui pourraient à nouveau la déchirer. elle ne veut plus échanger. ne plus se dévoiler. la souffrance d'une absence qu'elle n'arrivait pas à combler. le vide sans fond, le gouffre profond, d'une vie sans saveur qui ne rimait plus à rien. enfermée dans son appartement, à écrire des lignes imparfaites. les feuilles chiffonnées, les pensées névrosées. elle couchait sur le papier toute la violence de ses idées. la raison envolée, il ne restait plus que la démence, recluse au creux de ses prunelles ambrées. un traumatisme qui l'avait retournée, qui avait déformé chaque trait de la personne qu'elle était. corps dépossédé, errant sans fin dans les couloirs du désespoir. postée près du bar, enveloppée dans une fourrure qui la protégeait du monde extérieur. les sens altérés par le venin qu'elle consommait. leurs regards qui fusionnaient, lorsque sa voix rauque l'arrachait à son désastre.

" vous pouvez. "

cachée derrière le tissu dentelé, elle observait ses traits. tentant de reconstituer le puzzle, du mystère qu'il représentait. la vision frêle, polaire, de ses yeux en amande qui s'attardaient dans son mal-être. la paume faisant glisser le verre jusqu'à lui, pour qu'il recommande à nouveau le champagne hors de prix dont elle s'abreuvait. silencieuse durant quelques secondes, elle contemplait cet homme audacieux. le seul qui avait osé l'aborder. le seul qui tentait de briser la glace, autour de son être incomplet.

" lumilda. "

le souffle froid, secret, elle n'était pas du genre à se livrer. tourmentée par les fantômes du passé. lumi, elle voyait la vie à travers un filtre déchiré. en noir et blanc. perdue dans le brouillard de ses mémoires. dans des effluves qui faisaient resurgir le pire. qui faisaient trop souffrir. résidus d'une époque qui la faisait vomir. là où les balles ôtaient sa lumière, là où son corps demeurait immobile, recroquevillé par terre. elle était toujours brisée. et y'avait rien qui semblait pouvoir la réparer. juste l'alcool, et les corps-à-corps langoureux, qui atténuaient la peine de ses brisures éparpillées un peu partout. sur une douleur qui n'partait pas, ancrée dans un cerveau qui n'était même plus là.

(c) mars.

L'ivresse pour apaiser les pensées qui l'assommaient. Celles qui lui rappelaient le vide intersidéral en lui, cette noirceur ancrée en son âme corrompue, celle qu'il ne pourrait jamais combler mais pourtant celle qui le satisfaisait. Il ne cherchait pas à être comme tout le monde Liam, fuyait les banalités, la normalité que prônait la société. Il était de ceux assoiffés par le pouvoir, le besoin inexorable de satisfaire un auditoire. Celui qui pouvait l'adorer un jour, puis le détester le lendemain quand il aura défendu un de ces hommes détestés, méprisé pour ses idées, ses péchés. Il observe la foule de son regard aguerri, cherchant à reconnaitre sous les masques, les visages de ces admirateurs; mais aussi de ses persécuteurs.

Il cherche celle qui accompagnerait sa nuit d'ivresse. Qui pourrait le sortir de sa douce torpeur quand son attention se détournait de ces visages familiers. Il cherchait vainement à mettre des noms sous ces masques, quand son attention se porte sur cette silhouette qui l'attire. Il tente de deviner, sous la dentelle qui masquait son regard vide, à quoi elle ressemblait. Un jeu dans lequel il se laissait prendre facilement, annihilé par l'alcool et cette ambiance presque enjôleuse. Il se rapproche d'elle, l'observant presque avec indécence, cherchant à lui faire décrocher un mot. Elle accepte l'invitation et il fait signe au barman de la resservir. Fin connaisseur, il esquisse un sourire quand il observe la bouteille de champagne. "Un millésimé de 1990. Vous avez des goûts de luxe." Il constate, Liam, tentant de dresser le portrait de son inconnue. Se demandant si elle fréquentait les lieux élitistes ou bien si elle cherchait à se donner un genre, galvanisée par le fait d'interpréter un personnage autre que sa dure réalité. Mais il se contente simplement de payer leurs consommations, gardant ses théories dans les tréfonds de son âme vicieuse.

Elle n'est pas bavarde, et paradoxalement, elle suscite son intérêt. Elle dégage cette aura mystérieuse qui l'intrigue. Facilement lassé, elle parvient pourtant à garder toute son attention. "Enchanté Lumilda. Liam." Il se contente de répondre, son verre tintant contre le comptoir, qui vint rompre ce silence presque reposant. Il se retourne vers elle, cherche à la cerner, la belle, sous airs hautains et ses paroles dépourvues de chaleur. Elle n'était que son pâle reflet, en somme. Il tente alors de s'affranchir de ses barrières qu'elle érigeait pour ne pas qu'on l'atteigne.   "Vous êtes ici pour quoi ? Parce que visiblement, vous n'êtes pas là pour le bal. Pour vous faire payer des verres ? Sans vouloir vous offenser, la moitié de ces personnes sont incapables de vous payer votre millésimé. Alors dites-moi, ce que vous faites ici. Je vous jugerai pas, c'est promis." Il chuchote, presque amusé. Installe cette proximité pour la dérider, la belle inconnue.

(c) mars.

les regards dépourvus de chaleur, les paroles sans saveur. une enveloppe corporelle qui masquait le tumulte, l'intérieur pourri jusqu'à la moelle. des pulsions éparpillées qu'elle n'arrivait plus à diriger. lumi, elle était chaotique. frôlant les abîmes d'un appel diabolique. toujours debout, le corps tout mou. l'épiderme enflammé, infecté. les pieds éclatés sur la terre ferme, et l'âme, déjà consumée par les enfers. y'avait plus de normalité. dans son comportement, elle prônait l'immoralité. princesse déchue qui régnait sur une terre de poussière, elle s'était mutilée, épuisée, sur ce chemin délétère. instable. bancale. un pieu qui pouvait se planter en plein myocarde, juste pour le faire saigner. pour lui ôter l'envie de vivre, lui démontrer que chaque promesse n'était qu'un mensonge. que toute confiance finirait par être brisée. puisque cela n'existait pas, les histoires d'éternité. puisque les mots ne pourraient jamais vaincre la fatalité. persuadée de vivre en aparté. convaincue, de ne plus jamais trouver chaussure à son pied. inconsolable d'avoir perdu sa moitié. de ne plus marcher avec son semblable, sur ce douloureux terrain miné. elle dépérit, suffocant dans cette foule aux couleurs monotones, qui lui semblait beaucoup trop fade. lumi, elle avait mis son cœur en cage, pour ne plus le laisser s'exprimer. ses pensées en otage, pour ne plus être celle qu'on blesse. lumineuse dans sa noirceur, elle attisait toujours les regards fourbes, inquisiteurs. et ce soir, sa proie, ce serait cet homme. désireux de se faire prendre au piège, marchant impunément sur la toile morbide qu'elle avait tissée. éconduit devant la forteresse de chagrin, qu'elle ne voulait plus jamais ouvrir. il l'intriguait, éveillant une curiosité qui n'avait plus l'habitude d'exister. le regard captivé par ses orbes bleutés, elle levait son verre près du sien.

" je suis assez sélective en matière de boisson. comme en matière d'homme. "

l'appât était posé. les règles du jeu étaient données. lumi, elle pouvait se permettre de trier, de jeter. d'user un corps le temps de quelques heures, jusqu'à s'en abreuver. jusqu'à être rassasiée. puis tout lâcher. ne plus le revoir, et l'oublier. parce qu'elle était comme ça. un peu sauvage et insoumise. ils ne pouvaient jamais l'apprivoiser, elles ne pouvaient jamais la capturer. elle n'était qu'une ombre qui voguait de bar en bar, de chambre en chambre, dans l'espoir de rallumer la flamme le temps de quelques étreintes. des ébats sensuels, habituels, pour combler le vide intérieur. intriguée par son interlocuteur, elle l'étudiait. ne détournant jamais le regard, laissant ses iris se fondre sur les siens.

" liam. "

répétait-elle, en s'abreuvant de son supplice. charismatique, grand, élancé. voix suave et envoûtante, comme elle les aimait. il avait l'air de s'intéresser à elle. titillé par les nombreuses questions qui parasitaient son esprit. pourtant, elle demeurait impassible. secrète, fermée. la clef verrouillant à double tour toutes les réponses qu'il attendait. lumi, tout ce qu'elle voulait savoir, c'est s'il était prêt à la suivre dans sa folie. si lui aussi, ce soir, il n'avait aucun interdit.

" je viens chercher... l'adrénaline. les sensations fortes. "

souffle-t-elle, trempant à nouveau ses lippes dans la coupe scintillante. elle le toise, demeure silencieuse quelques secondes, avant de se pencher jusqu'à lui, chuchotant un sort au creux de son oreille.

" vous aimez jouer ? "

la main s'engouffre dans la poche de son manteau, plonge jusqu'au sachet de poudre blanche, avant de s'en emparer. et puis il y a ses doigts, qui viennent discrètement déposer les minuscules particules sur sa cuisse, à l'abri des regards indiscrets.

(c) mars.

L'habit du Diable qu'il avait laissé derrière lui, préférant se jouer de son anonymat pour côtoyer ceux qu'il évitait, quand les regards étaient braqués sur lui, les chuchotements d'un public mitigé face à sa présence inopinée. De son regard perçant, il tentait de démasquer ces visages qui se jouaient de leurs masques pour s'adonner à des plaisirs coupables, à de danses rapprochées. Il était de ceux qui restaient en retrait Liam, à toiser de son regard dédaigneux ses semblables qu'il l'indifférait. Le coeur noirci par ses manoeuvres guidées par le pouvoir, dépourvues de bienveillance. Il n'était pas l'un de ces Hommes de foi, qui oeuvrait pour le bien-être de la société. A penser aux autres, avant de penser à soi. Il était manipulateur, calculateur, assombri par un passé qu'il avait tu à jamais, entre ses lippes désabusées, ses traits marqués. Habitué à la noirceur de l'Humain, il n'avait rien de bon en lui, que ce trou béant qu'il tentait d'assouvir fatalement, presque égoïstement.  L'écume du temps n'était pas parvenue à le changer, seulement le corrompre un peu plus. La foi, Liam, il ne l'avait jamais eue. Incapable de penser avec son palpitant qui crépitait contre sa cage thoracique. L'humanité n'a de sens que pour ceux qui y croient répétait-il à tous ceux qui le blâmaient.

Et il semblait avoir trouvé une partenaire, une âme déchue ce soir. Celle happée par les Ténèbres, se laissant corrompre par l'obscurité de l'être humain, peu convaincue par la bonté de l'humanité. Ce ton distant qu'elle employait ne l'effrayait pas, Liam. Attiré par ses semblables, il était presque fasciné, absorbé par sa voix enchanteresse. Il se laisse guider par ses désirs, ne masquant pas son profond intérêt pour la belle inconnue. Il rit à ses mots, se penche légèrement vers elle. "J'ai passé la sélection?" Il plisse les yeux, tente de mettre un visage mais ne parvient pas à la démasquer, la belle Lumilda. Peut-être qu'il ne l'avait jamais croisée, peut-être qu'ils n'étaient que des inconnus, destinés à se laisser happer par le désir le temps d'une éphémérité.  

Quelque chose l'attire irrémédiablement. Elle a quelque chose Lumilda d'envoutant. L'aura charmeuse, elle savait attirer ses victimes de sa voix presque autoritaire. Il l'écoute, haussant un sourcil à sa question, observant la scène, presque surréaliste. Elle n'avait pas froid aux yeux, pas peur du danger, profitant d'être masquée pour se contrebalancer des règles en société. "Vous avez des limites Lumilda ? Parce que personnellement, j'en ai aucune." Il lui répond, son index qu'il glissa discrètement sur ses jambes pour gouter la poudre blanche, habitué à ses arômes envoûtants, attestant de la qualité par un hochement de tête."Allons les tester alors." Il se redresse, lui propose son bras pour le suivre, vers les abysses, à l'abri des oeillades qui pourraient se faire indiscrètes et insistantes. Il connait le Black Bird Liam. Pour y avoir passé de nombreuses soirées, connaitre personnellement le dirigeant, il savait où aller. Il la guidait vers une salle de jeux du casino, vide, dans laquelle ils pourraient s'adonner à leurs déboires. Il saisit le petit sachet, en étalant une infime partie sur le billard et lui laissa le plaisir coupable, de commencer. "Je vous en prie." Il voulait la tester à son tour. S'affranchir des règles, des politesses quand ils étaient deux âmes aventureuses, habitées par le même désir palpable de déchéance. Il cherchait la télécommande de la chaine hi-fi, laissant la [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]enivrer leur sens altérés.

(c) mars.

elle pouvait sentir l'effluve du danger, ruisseler sur tout son être. son instinct décelait la flamme brûlante, ardente, qui dansait dans ses yeux. lumi, elle voulait jouer avec le feu. même si tout ce qu'elle projetait n'était qu'une mascarade. son assurance, son indécence. tout n'était que façade. une protection, pour ne pas montrer qu'elle était atteinte. que son cerveau était toujours malade. liam, il avait ce goût d'interdit. insoumis. l'envie de jouer avec lui, encore plus qu'avec un autre. l'impression d'avoir trouvé en sa personne un partenaire de taille. un téméraire, prêt à plonger dans sa folie, à découvrir les tréfonds d'un paradis pourri, enfoui sous la terre. en guise de réponse, elle hochait la tête, puisqu'elle ne sentait pas le besoin d'argumenter ce qui s'avérait être une évidence. les prunelles joueuses, elle sentait le frisson, l'électricité qui faisait trembler son échine, lorsque son doigt dévalait sa cuisse, et s'entichait de la poudre. elle observait quelques secondes ses lippes goûtant le poison, avant de revenir à ses orbes mystérieux.

" pas ce soir en tout cas. "

souffle-t-elle de sa voix mélodieuse, avant de balayer d'un revers de la main le restant des particules posées sur sa peau. le sourire carnassier, elle jubile, lorsqu'il accepte de rejoindre son massacre. de s'éclipser en lieu sûr, à l'abri des regards, de la moralité. les griffes se referment autour de son bras, et sa silhouette frêle se mêle à la sienne. laissant le diable la guider, marchant dans son ombre pour le suivre dans la pénombre. une salle privée. porte fermée. elle lui donne le sachet, et il étale le désastre. les paillettes recouvrent la table de billard, il l'invite à plonger en enfer. à se laisser happer par l'envie sournoise de consommer la première. lumi, elle lui sourit. bien dans sa déchéance. épanouie dans son calvaire. ce soir, elle pouvait être qui elle voulait, mystérieuse, ténébreuse. vénéneuse, le privilège de pouvoir jouir de son anonymat, bien cachée, à l'abri, derrière son masque. la carcasse vide s'approche de la flamme qui brûle. du poison qu'elle ingurgite à la vitesse de la lumière. une narine bouchée, le visage frôlant la table pour se nourrir du vice incendiaire. la raison suicidaire, elle respire de tout son être la poussière éphémère qui comblera son corps en ruines. puis elle se redresse, l'impression d'être moins vide. d'être remplie d'un chaos qui lui redonnerait l'équilibre. ses prunelles ne quittaient plus liam, prise au piège par l'euphorie que lui procurait la drogue. le manteau glissait doucement le long de sa peau, avant qu'elle ne le pose plus loin. dévoilant une robe noire à la longueur outrageuse. cintrée sur son anatomie, pour dévoiler les contours de ses courbes. elle lui exposait ses poignets, ses cicatrices, sa souffrance, sa déchéance. lumi, elle se laissait partir, s'amusant à danser au rythme de la musique, tandis qu'elle attrapait le sachet avec le reste du butin.

" c'est à vous liam. mais est-ce que vous êtes prêt à venir chercher cette chose que vous convoitez ? "

chacun de ses regards la foudroyait. elle le contemplait. ils se ressemblaient. liam n'étant au final que son triste reflet. les deux pieds dans une vie anarchique, pour oublier le temps de quelques heures, que leur vie était dramatique. plus que la douleur physique, y'avait les séquelles psychologiques. lumi, vivant avec cette impression d'être détruite. y'avait que la douleur qui stagnait derrière ses sourires.

" je vous propose le plus doux des supports, pour vous enivrer de cette merveille. "

lumi, plus provocatrice que jamais, agitant le sachet devant ses pupilles, déjà trop dilatées. elle se hisse d'un geste souple sur la table verte, prenant soin de décaler tout ce qui pourrait gêner leur frénésie. le corps s'allonge, tandis qu'elle remonte délicatement le tissu au dessus de son ventre, dévoilant la dentelle noire qui ornait ses courbes irréelles. ce soir, elle n'avait plus aucune limite, et elle avait envie de tester, si lui aussi, il était prêt à partir avec elle. loin. dans les ténèbres. ses doigts versent le reste de la poudre sur son bas ventre, esquissant une ligne parfaite pour qu'il n'ait qu'à consumer son offrande. elle soutient son regard, impatiente qu'il rejoigne son euphorie. et durant son attente, elle se laisse submerger, par tous les souvenirs qui reviennent. les flashs qui l'aveuglent, et son esprit en plein dilemme. les bons moments, comme les mauvais. ses excès. sa relation entachée. ses liens détachés. mais lumi, elle ne peut pas s'en empêcher. de sourire, de souffrir. de toujours un peu plus se laisser mourir. lumi, tu serais tellement plus heureuse, si tu fuyais cette fois-ci, l'escapade malheureuse. expier tes péchés. avouer cette faute, que tu reproduis, encore et encore, en espérant que ses bras auront un goût de lui.

(c) mars.

Lumilda, elle était l'aura dangereuse, l'âme aventurière, peu farouche, mais presque intouchable tant les barrières qu'elle avait érigées étaient palpables. S'il s'était promis de ne plus laisser son esprit s'aventurer, à chercher à comprendre les êtres qui l'entouraient le temps d'une soirée, il voulait la comprendre. Si elle était comme ça par choix ou elle était comme lui. Un être dépourvu de sentiments à l'égard de ses semblables, cherchant à satisfaire son appétit auprès de conquêtes éphémères. Le danger, l'attraction qui galvanisaient son être perverti par les péchés dans lesquels il s'adonnait avec volupté. Si elle éprouvait de la culpabilité quand elle blessait volontairement chaque personne qui avait pris le risque d'être blessé, mentalement, psychologiquement en s'accrochant à elle. Avait-elle conscience de ce trou béant elle aussi qui ne cessait de s'agrandir à mesure que ses excès se multipliaient? Est-ce qu'elle sentait elle aussi les regards braqués sur elle, quand elle s'invitait et se fondait dans la plèbe? Est-ce qu'elle était elle aussi spectatrice de sa déchéance, est-ce qu'elle perdait le contrôle parfois, quand l'ivresse, la fatigue s'entremêlaient au point qu'elle se laissait corrompre par la violence, le temps d'une soirée ? Des questions qui s'invitaient dans son esprit brouillé. Peut-être bien qu'il devait la considérer comme chacune des femmes qui l'accompagnaient. Peut-être qu'il ne devait pas la voir comme son égal, comme son alter ego même s'il était presque troublé par ce qu'elle affichait Lumilda.

Il l'attirait loin de la cacophonie, de ceux qui ne pourraient pas comprendre leur volonté de se laisser happer par le désir, la drogue. De ces âmes pures, qui se proclamaient charitables quand elles étaient tout sauf recommandables. Il était persuadé que la plupart d'entre elles refoulaient l'obscurité en elles, quand lui l'avait invitée dans son esprit malveillant. Il l'observe avec attention lorsqu'elle prenait le rail de cocaïne qui lui avait soigneusement préparé. S'assurant qu'elle n'était pas simulatrice, se donnant un rôle ce soir, mais elle semblait habituée Lumilda. Par la drogue, par ses âpres effets. Elle était déjà presque atteinte, et pour apporter une ambiance encore plus enivrante, il laissa la musique les bercer. Plus rien ne pouvait les atteindre, isolés, leurs rythmes cardiaques sur la même fréquence tant ils étaient semblables. Deux âmes écorchées, aux maux criants, qu'ils masquaient sous leur frénésie. Galvanisée par la poudre blanche, elle danse au rythme de la musique et il ne réfrène pas ce sourire qui se pointait doucement sur ses lèvres à la voir comme lui. Ecorchée mais qui se raccrochait à ce qu'elle pouvait. Au chaos, à l'anarchie, à ce à quoi son âme aspirait. Sa question le sortit de ses songes et il hochait la tête à sa question. Comme une évidence implacable. "Je ne recule devant aucun défi."


Il la regarde quand elle remonte sa robe, observant avec désir ses courbes, les bras croisés, la laissant mener la danse. Il aimait être surpris, sortir des sentiers battus pour découvrir des âmes aussi délurées que la sienne. La tension était présente, probablement à son paroxysme mais ils prenaient leurs temps. Ne brûlaient pas d'étape, comme pour laisser grimper un peu plus la température de leurs corps déjà en ébullition. "Je ne voudrais pas vous décevoir Lumilda." Il retire sa veste, la reposant délicatement sur une chaise et prenant son temps, simplement pour attiser le désir, peut-être pour la laisser croire qu'il se défilerait, le temps de quelques secondes avant de s'approcher d'elle. De ses mains (anormalement) douces, il frôle son ventre, profitant de ce bref contact pour sentir l'électricité, celle qui était rare tant il était indifférent à ces gestes d'affection. Il finit par aspirer la poudre blanche, prenant soin de ne laisser aucun reste, avant de se redresser reniflant, la tête qui basculait, la vision qui s'altérait quelques secondes. Il observe Lumilda, presque dans un autre monde, partagée entre la fiction et la réalité, il la laisse quelques secondes avant de l'attirer vers lui, pour qu'elle oublie. Le passé, le présent et le futur.  Il la laisse danser, exprimant à nouveau son excentricité, celle qu'il partageait. Leurs corps dansaient à l'unisson, la musique s'étant adoucie, permettant à son palpitant qui s'agitait contre sa cage thoracique, de retrouver un rythme sinusal. Il s'approche de son oreille, pour chuchoter afin de raisonner au plus profond de son être: "Ne pensez plus à rien Lumilda. Y a que vous et moi ce soir. Personne d'autre."

(c) mars.

l'esprit s'embrumait, la raison s'en allait. bercée par une frénésie qu'elle ne parvenait plus à gérer. la poudre blanche déversée dans le corps, ravivant des sens qu'elle croyait presque morts. les images tournaient, se bousculaient. le cerveau ailleurs, subissait les effets d'un mal dévastateur. liam effleurait sa peau, laissant une empreinte invisible sur sa carcasse, qui n'était que lambeaux. et d'un geste bref, il aspirait le sable sur son cadavre brûlant. les ongles se plantaient sur le velours de la table, alors qu'elle se sentait déjà partir. la tension devenait instable, insoutenable. le corps tout entier qui brûlait, s'immolant de l'avidité qu'elle éprouvait pour lui. lumi, déchirée par ses espoirs et ses fantaisies. l'organisme bouleversé par sa personne, par la drogue, par l'alcool. ils se regardaient, silencieux, profitant d'une mélodie qui se faisait plus douce, pour bercer leurs cœurs orageux. et de sa poigne puissante, il la relevait, l'attirant jusqu'à lui pour qu'elle se joigne à la fête. l'ombre volage se mettait à danser, à revivre au rythme d'un son qui la faisait vibrer. les prunelles captivées par les siennes, elle le dévorait des yeux. s'abreuvant de ses courbes infernales, qui volaient son attention toute entière. sous son emprise, ensorcelée par une magie noire qui lui faisait perdre la tête. dans son esprit, il n'y avait plus que lui. et lorsque ses lèvres s'approchaient de son oreille, son corps tout entier se crispait. plaqué contre le sien, la danse mêlant leurs âmes décimées, qui tentaient de se raccrocher.

" tout n'est pas aussi simple quand on vit tourmentée... "

avoue-t-elle à demi-mot, la tête se posant contre son torse, pour venir s'y reposer. pour écouter les battements d'un cœur, qui n'était peut-être pas aussi ruiné que le sien. lumi, elle était pire que dans son passé. ravagée par des fantômes qui ne la laissaient pas en paix. pire dans son avenir, elle avait l'impression de crever, pour offrir un sourire. la détresse suintait de ses yeux, et elle croyait avoir trouvé la même chose en lui, sans qu'il ne le dise.

" j'essaie d'oublier. un jour peut-être, j'y parviendrai... "

chuchotement qu'elle glissait à son oreille, avant de poursuivre l'étreinte sulfureuse. mystérieuse. elle ne lui dévoilait qu'une faible parcelle de son mal-être. incapable de lui mentir, en feignant que tout allait bien, alors qu'elle n'avait plus le goût à rien. prisonnière de ces montagnes russes addictives, qui la faisaient monter au septième ciel. pour toujours finir par se perdre, au fond d'un gouffre démentiel. lumi, elle voulait juste pleurer en paix, laisser ses larmes acides couler sur ses plaies.

" pour ce soir, est-ce que vous allez m'y aider ? "

pour ne pas y laisser des plumes, pour ne pas finir fracassée, elle préférait se nouer les ailes. parce que son unique but, depuis le début, c'était de jouer avec lui. l'utiliser, en profiter. pour assouvir des besoins qui la dévoraient. qui la faisaient à nouveau se sentir vivante, alors qu'elle était déjà enterrée. prudente, méfiante, ne voulant pas fissurer d'avantage son palpitant, déjà trop abîmé par les douleurs d'antan. la drogue faisait rage dans ses organes, saccageant chaque fragment de son être, comblant le vide d'un pansement illusoire. elle cherchait le contact, elle ne voulait que l'impact. la silhouette plaquée contre la sienne, la musique faisant monter le désir entre deux âmes martyres. les regards étoilés se sondaient l'un l'autre, dans le silence d'une nuit trop sombre. le cœur tambourinait à vive allure dans sa poitrine, alors qu'il la faisait tourner, et qu'elle tombait finalement dans ses bras. le manège déraillait, elle ne pouvait plus être rattrapée.  

" ce sera notre moment hors du temps. "

elle avait peur. peur de devenir dépendante d'un être à la dérive. peur de ne plus se suffire à elle-même, une fois sa présence évaporée. parce qu'elle n'était que déchéance. souffrance. et défaillance. dans une envie brûlante et irrépressible, elle rapprochait leurs deux visages, sondant ses orbes clairs qui lui reflétaient son image. les relations éphémères, c'était son calvaire. c'était toute sa vie. alors pourquoi avec lui, elle avait l'impression que c'était différent ? pourquoi ressentait-elle cette passion, qui mordait ardemment ses fondations ? leurs souffles s'unifiaient, ils se rapprochaient. en osmose, d'une proximité dangereuse. ombrageuse. guidée par ses pulsions, elle fermait les yeux, ses lèvres venant se poser frénétiquement sur les siennes. baiser violent. baiser virulent. ses mains glissent le long de sa nuque, pour en demander toujours plus. la silhouette frêle s'éveille, venant l'encastrer contre la table, pour être presque sur lui. bien trop envoûtée, les paupières fermées, elle défait lentement le masque faisant barrière à leur fusion. sa bouche ayant trouvé refuge contre la sienne. sa respiration chaude, enivrante, la faisait presque soupirer. les pensées aspirées par cette envie de le posséder. de s'abreuver de lui, jusqu'à ne plus avoir d'air. jusqu'à se sentir vide, se sentir légère. lumi, elle se perd. prise dans une fougue indomptable, un besoin irrépressible de le découvrir. d'en avoir toujours plus, pour combler la brèche. plus que la faim, un vide que nulle nourriture au monde ne saurait apaiser. jamais. elle aimerait qu'il enfonce ses ongles dans le creux de son cœur, et qu'il l'arrache. qu'il amenuise ses espoirs, détruise ses envies. qu'il lâche sa main, comme tous les autres, avant qu'elle ne le fasse. puisque seule, dans son lit, lorsque tout sera fini, elle aura toujours la même maladie, les mêmes insomnies.

(c) mars.

Elle était belle Lumilda, éprise par la poudre blanche qui se répandait comme un doux poison au creux de son âme meurtrie. Les barrières érigées s'effondraient à mesure que la drogue anesthésiait ses pensées chaotiques, à mesure qu'ils avaient trouvé une brèche dans le temps, dans laquelle ils s'étaient hissés. Liam, il oubliait ce à quoi il aspirait le temps d'une soirée. Ses convictions, ses ambitions biaisées n'étaient que des vestiges qui s'effaçaient pour laisser place à la folie passagère, celle qui les étreignait pour effacer les maux qui les malmenaient. Il n'y avait qu'eux et la douce musique qui les berçait, eux et leurs balafres intérieures, qu'ils masquaient sous leurs excès. Liam, il avait l'impression de la connaitre sans même avoir échangé quelques politesses, sans même qu'elle se soit confiée à lui. Peut-être qu'ils étaient liés, ce qui le poussait à rejeter l'idée même qu'elle puisse susciter autre chose chez lui qu'un âpre désir charnel. Il ne voulait pas réveiller de nouvelles sensations qui l'affaibliraient, lui et sa notoriété, ce pourquoi il avait oeuvré durant une éternité. Elle ne pouvait pas être différente Lumilda, simplement parce qu'elle s'adonnait aux mêmes vices que lui; simplement parce qu'elle suivait son instinct, ses envies sans se soucier de la moralité des autres. Elle ne pouvait pas être différente à ses yeux après quelques mots échangés. Il ne la connaissait pas; peut-être que sous ce masque se cachait une personnalité à laquelle il n'adhérerait pas. Peut-être que la drogue altérait ses sens, amplifiait le moment; c'est ce qu'il préférait se dire de sa voix peu rassurée.

Il reste silencieux lorsque leurs corps rentrent en symbiose pour une danse rapprochée. A croire qu'ils se connaissaient déjà tellement leurs gestes paraissaient d'un naturel déconcertant, quand il n'y avait pas besoin de mot pour exprimer leurs pensées les plus intimes. "C'est vous qui choisissez d'être tourmentée." Indifférent aux émotions ardentes de l'être humain, il peinait à comprendre ce qu'elle exprimait du bout de ses lèvres pincées. Il reste silencieux, ne quitte pas son regard qui recelait toute l'amertume du monde. Il ne dit rien Liam, simplement pour ne pas gâcher cette complicité qui se créait au fil des demi-confessions. Il sondait presque son âme au travers des rythmes de son palpitant effréné. "Vous le voulez Lumilda ?" Il demande, se détache d'elle pour guetter sa réaction. Peut-être une question rhétorique pour s'assurer qu'ils étaient toujours en symbiose. L'envie de ne plus penser au passé outrageux, à l'avenir douteux.

Simplement à eux, à ce que les rattachait ce soir. L'ivresse, la mélancolie, le coeur aux abois. Il se contente d'hausser les épaules à ses derniers mots. Ne voulant pas réfréner ce qui se produisait entre leurs deux âmes endolories. L'alchimie était palpable ; comme une évidence implacable. Ils restent silencieux, leurs corps qui se désiraient ; pourtant il n'avait tenté aucun rapprochement. Convaincu qu'elle serait la première à se jeter dans la gueule du loup. Elle ne tarde pas à flancher Lumilda. Rapprochant leurs âmes qui cherchaient à se raccrocher. Un baiser avide de désirs, il la rapproche contre elle, découvre ses courbes avec intensité. Plus rien n'était important au creux des bras de Lumilda. Quand elle le guidait près de la table pour  être presque sur lui, des désirs s'éveillaient doucement alors qu'il la rapprochait toujours un peu plus, ses mains désireux de découvrir ses courbes endiablées, celles qu'il désirait depuis que ses yeux s'étaient posés sur elle. Les masques étaient prêts à tomber, leurs corps prêts à s'emboiter, quand il reçut un appel qu'il décida sciemment d'ignorer. Qui se renouvela encore et encore. Il se stoppait net, à contre coeur, simplement pour s'assurer que ce n'était pas un appel urgent. Le numéro de Peter. Quelques mots qui lui firent comprendre qu'il devait partir, le rejoindre maintenant. Il observa la belle Lumilda, se redressa, rattachait le masque. "Désolé, c'est un problème familial urgent. Je dois vraiment y aller." La famille demeurait sa priorité et le tirait de cette douce rêverie. Il cherchait dans l'une des poches de son costard un papier sur lequel il inscrivait son numéro et son prénom. Quand la réalité les rattraperait ; quand elle oublierait leur danse, leur étreinte, son identité. "N'oubliez pas que vous êtes libre de vos choix. " Il faisait allusion au choix qu'il lui laissait de le contacter à nouveau, si l'envie de reprendre là où ils s'étaient arrêtés subsistait en dépit de ce départ hâtif. "Bonne soirée Lumilda." Les pupilles dilatées, il lui souriait alors qu'il l'abandonnait, contre son gré pour rejoindre son frère, se fondre à nouveau entre les silhouettes présentes dans la salle principale pour disparaitre dans la pénombre.