just a sad song with nothing to say - ft. liam

la solitude déchirait les contours de son être. doucement, douloureusement. il devenait son tourment. sa présence occupant les pensées sombres un peu trop souvent. lumi, elle n'était plus habituée à convoiter. à désirer un homme qui avait le mérite de l'intriguer. à travers l'intensité de son regard, elle perd son souffle. les barrières s'envolent et les aigreurs s'essoufflent. l'évidence était sous ses yeux, sans qu'elle ne veuille se l'avouer. il lui plaisait. elle aimait le lire. elle aimait lui écrire. un tempérament explosif. bosseur maladif. consommateur compulsif. tout comme elle, il avait les plaies à vif. la drogue qu'il s'injectait dans le corps, pour faire taire ses problèmes. pour chasser ses dilemmes. il n'avait pas de temps à perdre. pas d'affection à délivrer. juste un rapport charnel, une étreinte éphémère. et lumi, tout ce qu'elle voulait, c'était se laisser aller. tout ce qu'elle promettait, c'était un morceau de nuit. afin de soigner à deux leur maladie. ne plus sentir le poids de chaque seconde, la légèreté d'oublier le monde. rien qu'un instant, aussi futile soit-il. disparue aussi vite qu'elle serait apparue. lumi, elle évitait de parler d'elle. secrète. enfermée dans ses silences. emmurée dans sa souffrance. mais liam, il devinait les mots qu'elle ne disait pas. les blessures qu'elle n'exposait pas. en peu de temps, il avait su faire tomber le masque qu'elle s'était greffé. la carapace qui l'habillait, alors qu'ils passaient leur temps à s'écrire, insomniaques sur l'oreiller. les non-dits qui la hantaient, elle ne les supportait plus. elle voulait cracher sa douleur. vomir les sentiments glacés qui l'empêchaient de se projeter. de refaire sa vie, de pouvoir avancer. pourtant, dans leurs échanges, l'espoir naissait. l'attraction perdurait. elle le voulait.

la silhouette frêle s'engouffrait dans un taxi pour rejoindre leur lieu de rendez-vous. le visage découvert, l'armure sur la terre. les boucles sauvages retombant en cascade sur la fourrure qui la protégeait du froid. lumi, elle fonçait probablement droit dans le mur, à corps perdu. oubliant pour ce soir ses appréhensions, laissant chez elle errer les démons. elle était enjouée de le revoir. intimidée, de mettre enfin un visage sur ces échanges ténébreux. une fois arrivée sur les lieux, elle s'installait sur la banquette qu'il avait réservée. un peu en avance, plutôt apeurée. le regard se perdait aux alentours, dans l'attente de le retrouver. de pouvoir à nouveau croiser ses orbes bleutés. le pianiste s'installait à la vue de tous, hormis la sienne. trop occupée à balayer la pièce, à la recherche de son allié. les notes commencent à résonner dans le salon, et instantanément, son cœur se serre. insoutenable. insupportable. lumi elle suffoque. asphyxiée, étouffée. amputée de ses membres. la carcasse se relevant dans l'urgence pour s'enfuir de la bâtisse. elle attrape sa pochette, tremblante, courant presque sur ses talons pour fuir le son de la fatalité. de sa réalité. et dans son sillon elle se heurte à une silhouette imposante. une claque venant la réveiller de ses songes, pour mieux ouvrir la porte à ses cauchemars. ces prunelles, elle les connaissait. ce visage, elle le détestait. lumi, elle ne respirait plus. le cœur tambourinant à vive allure, incapable d'émettre un son, alors qu'il était comme un poison sur ses blessures. l'un des éléments déclencheur de sa chute. liam, il a soufflé son château de cartes, pour la laisser orpheline. en morceaux, au beau milieu des ruines.

(c) mars.

Les aiguilles qui tintent contre la vitre de son horloge, sa concentration à son paroxysme alors que les heures défilent. Les allers-retours de sa soeur se font fréquents dans les couloirs, provoquant son irritation, ses injures qu'il chuchotait, presque pour satisfaire cette colère au bord du précipice. Celle qui le guettait, qui l'habitait continuellement et qu'il apaisait de sa liqueur ambrée aussi salvatrice que destructrice. Liam, aux maux ancrés dans son âme vouée à l'obscurité. Qui se dessine un avenir aux contours encore plus sombres à prêcher la bonne parole pour les plus viles. Des détestables aux plus méprisables;  il parcourt son odyssée avec un sourire esquissé. A croire qu'il achevait son oeuvre ; de s'aventurer sur les contrées dangereuses; à plaider la cause d'hommes condamnés à la perpétuité. Il cherche la faille, la brèche, dans laquelle il s'aventurait sans une once de culpabilité, sans une pensée à l'égard de ceux qu'il pouvait blesser, importuner. Ô diable les mémoires piétinées. De braves gens décédés, disparus, incapables de se défendre face à ses reproches impunément dévoilés lors de ses plaidoiries pour défendre des types condamnés. Avec opulence, il ne recule jamais Liam.

Et si le souvenir de ses dossiers remportés parvenaient à le dérider, quelque chose était différent. Perturbait aujourd'hui son attention continuellement. En dépit des pages qu'il tournait, des bouts de phrases qu'il parvenait à intégrer. Son instinct sur le qui-vive, l'esprit à la fois intrigué comme troublé par cette rencontre avec Lumilda. La peur de voir qu'elle serait différente, qu'elle parvienne à raviver des bribes d'humanité qui subsistaient dans son âme corrompue. Pourtant, il était l'auteur de ce rendez-vous. L'envie de mettre un visage sur ce prénom qu'il avait tant de fois écrit au cours leur relation épistolaire. Il jette un coup d'oeil sur sa montre, referme ses dossiers presque avec précipitation, rejoignant le manoir familial pour tenter de soigner sa présentation pour ne pas la décevoir, satisfaire le goût d'inachevé qui les reliait communément. La cigarette accrochée à ses lèvres pour maitriser le brasier continuel qui se jouait en lui. Sa silhouette sombre qui se fond dans la pénombre qui dévoilait presque son ciel étoilé. Il ne prête pas attention à toutes ces personnes qu'il croisait. La démarche déterminée, assurée, dévoilant les traits de son caractère et son état d'esprit. Il écrase la cigarette contre le bitume, rejoint l'enseigne. Cherche Lumilda du regard, quelsques secondes où son attention n'était pas portée devant lui. Assez de temps pour heurter de plein fouet une silhouette. Il s'apprête à s'excuser mais son regard se porte sur la demoiselle. Il plisse les yeux, cherche dans ses souvenirs les plus lointains,  quand il ne parvenait pas à savoir pourquoi son visage lui était familier. Persuadé qu'elle était son rendez-vous qui se défilait, reconnaissant ses courbes endiablées, ses lèvres galbées. Il l'observe impunément, le souvenir de cette courte intimité qu'ils avaient partagée qui le fit doucement sourire."Bonsoir Lumilda. Vous étiez en train de partir ? J'vous remercie." Le ton amusé qui laissait place à l'incompréhension face à ses traits troublés. Il sent presque sa détresse. La mâchoire crispée, agacé de ne pas pouvoir ressasser des souvenirs ensevelis. "On s'est déjà vus ? Parce que j'ai cette impression de déjà-vu". Maladresses qui s'enchainent, apportant de la légitimité dans son instinct qui, parfois biaisé, semblait avoir raison de lui ce soir.

(c) mars.

au creux de ses opales, elle revoyait le combat brutal. l'avidité dont il avait fait preuve pour remporter le procès, cinq ans dans le passé. là, où les cœurs avaient été piétinés. où tous les espoirs s'étaient envolés. elle était incapable d'oublier son visage, qu'elle n'avait pourtant pas su reconnaître sous le masque. leur connexion, cette attirance, ce n'était qu'un mirage. une éventualité qu'elle devait effacer, pour ne pas finir par déchanter. déjà endolorie par la musique nocive, infiltrée dans son corps. déchirant ses oreilles, éveillant les remords. liam, dans ses croyances, il avait tort. défendant avec conviction ce déglingué, ce meurtrier, qui avait déjà tout volé. qui avait gâché des vies innocentes, par sa propre démence. lumi, elle se rappelait de tout. dans les moindres détails. comment il l'avait dévisagée dans les couloirs. inanimée, en proie au désespoir. à quel point il avait été imperméable à sa souffrance, alors qu'à cause de lui, la justice n'était que défaillance. sans regrets, sans sourciller, il avait arraché l'espérance. les laissant tous agoniser dans le silence. lumi, elle restait bloquée, en état de choc. incapable d'aligner deux mots, face aux mémoires qui accablaient son cerveau.

" je..."

l'envie de s'effondrer sur le sol, tant le revoir handicapait son corps frivole. idiote face à lui, les paroles en léthargie. se contentant de fixer ses orbes clairs qui l'attiraient, autant qu'ils la répugnaient. désir malsain qu'elle éprouvait, pour un homme qui l'avait désarmée.

" excusez-moi. "

les jambes tremblaient, l'assurance s'envolait, pour laisser place à une gamine traumatisée. cette faiblesse qui la hantait, et qu'elle tentait désespérément de surmonter.

" vous vous trompez. "

l'incompréhension le gagnait, tandis qu'elle actait telle une dégénérée. les doigts toujours crispés, emprisonnant fermement ses affaires, pour tenter de se calmer. réussir à expirer. liam, il avait une certaine emprise sur elle, qu'elle ne pouvait nier. puisqu'elle s'était intéressée à lui. troublée, par celui qu'elle imaginait insoumis. prêt à partager ses plus belles insomnies. il devenait son souhait maudit. son présent pourri. mais lumi, elle vivait dans ses tragédies. puisque sa vie toute entière, se résumait à un karma détruit. une étoile endormie, qui n'éclairait même plus sa galaxie.

" ça devait être une autre personne. "

le mal le rendait attirant, envoûtant. malgré le brasier qui ruinait violemment son palpitant. lumi, elle inspirait profondément, avant de se reprendre. refusant l'idée même de le laisser encore une fois, prendre le dessus sur elle. de venir renouer ces chaines, l'ayant déjà accablée de trop de peines. sa voix se faisait plus sombre, plus franche. la silhouette se redressait, le torse se bombait, pour retrouver l'assurance qui s'effilochait.

" si vous ne vous rappelez même plus des femmes que vous côtoyez... "

un baiser partagé, leur donnant l'envie déraisonnable de recommencer. leurs parfums s'étaient mélangés, alors qu'ils avaient laissé le sort les enivrer. développant ce lien mort-né, avec l'auteur de ses plus sombres pensées. elle ne pouvait pas passer au dessus, elle le savait. impossible de lui pardonner ses trop nombreux péchés. ses actes inavoués, qui empoisonnaient son présent tout entier.

" ce rendez-vous, c'était une mauvaise idée... "

dit-elle doucement, le sourire confus. contournant la silhouette imposante figée devant sa lâcheté. lumi, elle abdiquait devant le danger. apeurée à l'idée de devoir subir une fois de plus, la fatalité. les talons claquaient sur le sol, fuyant d'un pas décidé. creusant l'écart entre deux âmes n'étant pas faites pour s'assembler. pour se dompter. tout ce qu'elle voulait, c'était sortir la tête de l'eau, recoller les morceaux. lumi, elle s'échappait. détestant le fait de retrouver un peu de lui en elle, qu'il soit le reflet du miroir cassé de ses prunelles. l'évidence que ses bras maudits ne pourront pas la réparer, puisque c'est lui qui l'a abimée. lui qui l'a achevée. qui a ouvert le gouffre sous ses pieds, en déformant la vérité.

(c) mars.

Les réverbères mettaient en exergue les pans entiers et obscurs de sa silhouette qui s'invitait dans les rues d'Exeter, la cigarette accrochée à ses lèvres, emblème de son indifférence qu'il invitait au creux de ses lèvres quand un tumulte se jouait dans ses idées farfelues. Il avance, d'un pas assuré, quand tout le laissait croire qu'il s'aventurait dans un piège qui se refermerait doucement sur lui. Pourtant, il ne laisse rien paraitre, pas un tressaillement, pas de doutes qui s'invitaient sur son visage impassible, avide d'émotions, de passions. Il flirtait avec le mystère auprès de la belle Lumilda, leurs âmes en symbiose, presque vouées à se rencontrer tant elles se semblaient se complaire dans le néant. Il lutte contre ses perpétuels doutes sinueux jusqu'à son entrée presque remarquée dans les lieux. Pourtant, il n'accorde aucune attention aux visages curieux, cherche celle qu'il fut l'objet de ses désirs au cours de leurs échanges mystérieux.

Mais quand il la percute, Lumilda avait presque perdu sa folie incandescente. Elle balbultie en sa présence, il l'observe, sans l'ombre d'un jugement, tentant d'appréhender son changement de comportement. La jauge, persuadé qu'elle n'était pas que cette simple inconnue avec laquelle ils avaient partagé un bout d'Eden, loin des artifices d'une soirée qui ne les avait pas convaincus. Il ne l'interrompt pas, se redresse, les yeux légèrement plissés, tentant de percevoir ce qu'elle cachait sous cette innocence qui ne lui ressemblait pas. Elle avait balayé son assurance d'un revers de main pour se mettre dans la peau d'une jeune femme. Des informations qu'il tentait d'analyser du haut de son désintérêt pour l'être humain et ses vives émotions qui le transcendaient. "Je me trompe rarement. Et la façon dont vous agissez, me donne raison." L'esprit vif de déduction qui le gagne, l'avocat qui sommeille en lui n'est jamais loin. A chercher des prémices de réponse dans le regard des gens. Dans leurs paroles qu'ils débitaient rapidement et présageaient des mensonges, des non-dits qu'ils recelaient dans leurs esprits torturés. Mais elle change, Lumilda. Reprend de l'assurance, celle à laquelle elle l'avait habitué. Elle le surprenait Lumilda. La lutte intérieure et perpétuelle qu'elle menait, était perceptible, palpable tant elle était évidente. Il fit un signe négatif face à ses reproches, l'arrête dans sa tentative de le damner. "Je ne parle pas de ça. Ne jouez pas les innocentes, ça ne vous va pas."

Dans son mutisme, elle fuit. Le laisse lui, ses questions sans réponse, sa fierté mise à mal. Il reste silencieux, la mâchoire crispée, cherche dans ses souvenirs, son visage qu'il avait déjà croisé, vainement. Il finit par la rejoindre à l'extérieur, légèrement vexé par sa lâcheté qu'elle justifiait de par ses âpres mots peu cohérents. Il s'avance, la cherche et repère sa frêle silhouette. Il hâte le pas pour la rejoindre, dans les ruelles mal éclairées d'Exeter, il la retint par le poignet, pouvant la laisser croire qu'elle se faisait attaquer par n'importe quel déséquilibré. "Vous me mentez Lumilda." Il se dresse devant elle, pour l'empêcher d'avancer, incapable de le fuir de nouveau quand il était en quête de réponses et qu'il n'abandonnerait pas tant qu'elle ne satisferait pas son besoin inexorable. "Je sais quand les gens mentent et vous êtes en train de le faire." Son charisme qu'il déploie presque spontanément. A croire qu'il plaidait un dossier pour l'un de ses viles clients. Sauf que le client qu'il défendait n'était autre que lui-même. "On s'est vus où? Ca répondra sûrement à votre lâcheté subite." Il l'observe, la dévisage, sans retenue alors qu'elle se tenait à quelques centimètres, presque prise de soubresauts. Le froid, surement responsable, entremêlée à de vives émotions qu'elle avait à son égard. "Dites-moi la vérité et après je vous laisserai, ne vous inquiétez pas." Les reproches dont il l'accable volontairement, sa fierté piquée au vif, peu enclin à faire des concessions face à ses réactions irraisonnées.

(c) mars.

lumi, elle n'avait pas la force de le confronter. encore trop faible, lorsqu'elle évoquait ce souvenir glacé. ce passé brisé qui l'avait fait complètement dérailler. perdre la prunelle de ses yeux, alors que vivre avec lui était son unique vœux. liam, lorsqu'elle observait son visage, elle revoyait le meurtrier, ses opales. celui qui avait fait de ses rêves un virulent cauchemar. qui avait balayé en quelques minutes son avenir brillant, puis défoncé son palpitant. elle essayait de ne plus y penser, d'enfouir les ténèbres qui la faisaient saigner. de brûler les photos d'eux, qu'elle avait gardé. jeter ses vieux pulls, dans lesquels elle aimait s'oppresser. tout ce qui lui rappelait zeke, leur histoire, elle le scellait dans le noir. pour toujours. et liam, il était le spectre qui réveillait ses blessures, pour mieux la fissurer, la laissant errer à nouveau avec le corps troué. le vent froid de la nuit s'abattait âprement sur son être en ruines, lui, qui voulait à tout prix traverser le champs de mines. parce que tout ce qui la raccrochait à elle, c'était cette aigreur perpétuelle. lui, à qui elle n'avait jamais pardonné. lui, qui s'était fait avocat du diable, pour mieux les torturer. elle, et tous les autres qui n'avaient jamais rien demandé. le corps tremblait, les cheveux dansaient devant son visage, masquant ses orbes aux couleurs du carnage. la colère remontait et stagnait à la porte de ses yeux. il suffirait d'un rien, pour que s'écoulent les maux nauséeux. après quelques minutes d'évasion, elle fut ramenée sur terre, loin de ses illusions. le poignet emprisonné par la force de l'homme éconduit. son corps planté devant elle, pour ne plus la laisser filer. pour ne plus que s'échappent, les confessions qu'il attendait.

" vous auriez été plus confortable dans l'ignorance. pourquoi forcer les gens à dire ce qu'ils veulent préserver ? "

elle observait sa main autour de la sienne, avant qu'il ne décide de lui-même, d'ôter son emprise. de relâcher le brasier qu'il était en train de réveiller. mais puisqu'il le demandait, puisqu'il voulait connaître la vérité, elle allait réaliser son souhait. lui dévoiler qu'il n'était pas celui qu'elle attendait. qu'il était tout ce qu'elle détestait.

" vous en avez même oublié ceux que vous avez fait souffrir, dans votre quête de pouvoir. pourtant, moi, je me rappelle de chaque détail. chaque regard vide de compassion que vous m'avez adressé. à moi, et à toutes ces victimes. "

lumi, elle se fait violence pour rester digne face à lui, ne pas baisser les armes. depuis cinq ans, elle vit la peur au ventre. la peur d'avoir autant de colère en elle, de lui souhaiter des choses cruelles. d'être bourrée de rancunes, de mauvais sentiments. ça l'étouffe de tout garder, de ne pas réussir à tout laisser partir. d'être une bombe à retardement. des fragments prêts à se planter dans le cœur, de tous ceux qui l'ont malmenée.

" vous n'y étiez pas. ce n'est pas vous qui avez tiré. mais c'est pourtant vous qui avez envoyé ce monstre dans une prison dorée. "

les rafales de sa colère s'abattaient sur lui. et ses opales ne cédaient pas, fortes devant son attitude impassible, alors que son corps menaçait de s'effondrer. lumi, elle finira bien par exploser un jour. grenade incendiaire qui terminera en mille morceaux, pour rejoindre son autre, parti trop tôt.

" je m'appelle lumilda mcneal. j'ai 23 ans. et j'étais présente lors de la fusillade de londres en 2015. encore adolescente. des rêves plein la tête et une passion que ce malade m'a arraché. des amis que j'ai vu tomber par dizaines. des corps que j'ai vu baigner dans leur sang... "

les lèvres crispées, elle marque un court silence. ses prunelles finissant par déborder. son corps tout entier se mettait à trembler. tourmentée, épuisée, elle avait froid. les bras refermés autour de son manteau pour tenter de se contrôler. pour ne pas flancher, face à celui à qui elle avait rêvé de vomir ses vérités.

" alors voilà liam. maintenant vous comprenez. pourquoi j'ai du mal à tourner la page. pourquoi je suis prisonnière de mon passé. c'est pas moi qui l'ai décidé. j'ai jamais voulu être là bas. j'ai jamais voulu de tout ça. "

les doigts froids essuyaient les perles qui tombaient de ses yeux, avant qu'elle ne se reprenne, pour terminer d'expier sa peine. lumi, elle pleurait toujours quand elle écoutait de la musique. quand elle se laissait éprendre de la nostalgie. bercée de sa monotonie, elle a toujours eu peur de perdre quelqu'un de spécial ; qu'elle a fini par perdre.

" les explications vous conviennent, ou vous voulez que je finisse par mourir sur place ? "

(c) mars.

L'incompréhension le gagnait quand elle se métamorphosait. Erigeant à nouveau les barrières qu'ils avaient pourtant faites tomber lors de leur relation épistolaire. Des demi-confessions avouées du bout des lèvres, de l'excitation palpable à l'idée de reprendre le cours d'une soirée inachevée, lorsque ses obligations l'avait contraint à la laisser. Elle était différente Lumilda; l'assurance qu'elle démontrait, avait disparu, laissant place à une jeune femme balbutiant. Le masque abaissé; sa jeunesse le frappa. Puis sans un mot, elle le planta, regagnant les rues froides et sombres d'Exeter. Comme s'il se contenterait de quelques balbutiements et accepterait son sort sans aucune justification valable. La laisserait filer, acceptant sa désertion comme une évidence implacable.

Il la poursuit, sans se soucier de son bien-être, préférant satisfaire son besoin inexorable d'explications. Il la stoppe dans son élan, la fit tourner vers lui. L'avocat en lui qui déversa sa plaidoirie sans un tressaillement, sans jamais sourciller, à croire que l'indifférence était perpétuelle chez lui, même quand il ôtait l'habit d'avocat, loin des projecteurs. La sentence était presque inattendue.  Alors il l'écoute, le sourcil froncé, cherchant vainement à se souvenir de son visage. De toutes les affaires qu'il plaidait, traitait, il se souvenait de chacun de ses clients. Marqué au fer rouge dans ses souvenirs de gloire qu'il érigeait comme des victoires marquant son ascension parmi les meilleurs avocats de la ville. Il ne l'arrête pas dans ses explications, dans ses confidences qu'il jugeait intimes et pourtant, qu'elle lui confiait comme s'ils avaient partagé un peu plus qu'un baiser langoureux au coin d'une salle isolée.

Il ne ressent rien à son égard. Pas de compassion, ni de culpabilité, il était de ceux qui acceptaient les conséquences de défendre les hommes, même les plus viles. Une part de lui aurait voulu se montrer compatissant, rassurant mais pourtant il restait stoïque. Les traits de son visage auraient pu le trahir, s'adoucir, se refermer; mais la vérité c'était qu'il était resté presque inerte. A l'écouter simplement, insensible à sa douleur, à ses maux criants, qu'elle lui vomissait instantanément. Il attend qu'elle finisse, reprenant son éternelle stature . "Je suis avocat Lumilda. C'est mon rôle. De défendre les crimes, même les plus sordides. Tout homme a le droit d'être défendu, cela fait partie de nos droits fondamentaux même." Il hausse les épaules, cherche presque à la convaincre de la véracité de son discours. "Je suis sincèrement désolé si vous êtes incapable de faire le deuil de vos proches mais je n'ai fait que mon devoir. Et je continuerai à le faire, que ça plaise ou non. Et si vous voulez me blâmer, me tenir pour responsable, allez-y. Je l'accepte." Il s'apprête à partir Liam, la laisser à ses problèmes alors qu'elle était prise dans une spirale infernale, de ressacs houleux.  "Vous êtes encore jeune Lumilda. Y a jamais rien de bon à vivre dans le passé, croyez-moi." Il lui fit un signe de tête en guise d'au revoir, avant de s'éloigner de sa silhouette en proie à des vestiges d'un passé tumultueux,  les réverbères qui reflétaient plus que jamais l'obscurité de son âme.