Fashion revolution [Tessa]

Fashion revolution

Tessa, elle avait une drôle de grimace, en s’éveillant, ce matin de Février. Ses prunelles balayaient la pièce, baignée de grisaille et d’une bourrasque désagréable. La fenêtre ouverte et cette odeur de cigarette, venant titiller ses narines. Les mirettes ne s’attardaient pas sur la silhouette masculine, se détaillant, penchée sur le balcon, de l’appartement dans lequel elle vivait. À regarder les environs d’Exeter, cette vue différente. Son enveloppe charnelle se retournait, lovée sur le côté, un bras supportant son visage : c’était qu’elle fermait à nouveau les yeux, se laissant enlacer, même si cette nuit ne signifiait rien. Ce n’était qu’une fois en passant et encore. Tessa, elle lui jetait un coup d’œil, cet air de dire qu’il pouvait s’en aller, qu’elle comptait bien voler quelques heures supplémentaires de sommeil, maintenant que deux jours de repos se présentaient à elle. Une santé qui palissait à vue d’œil et une Tessa qui continuait de s’acharner, de persévérer, pour atteindre ses objectifs. Pour sûr, elle périssait, la belle, se tuant sous la charge massive de travail qu’elle s’imposait… Et s’imposait. Une étreinte finale et l’homme s’en allait, après avoir pris un café : Tessa, elle n’était pas odieuse, mais savait mettre fin à ces relations éphémères, visant à peupler ses nuits, lorsque l’envie se faisait. Les heures passaient ainsi, même si la frustration de ne pas travailler se faisait ressentir : une ordonnance du médecin et une Tessa, mise sur la touche, confiant les corvées à son équipe (pourvu qu’ils ne fassent pas n’importe quoi). Et la belle, elle se levait enfin, déposant ses pieds sur le parquet froid. Long frisson désagréable, remontant le long de l’échine, sous les yeux du ciel gris, noircissant la ville, encore une fois. Tessa, elle se préparait, lentement, glissant ses ongles dans cette chevelure rousse, tombant jusqu’à la moitié de son dos. Ses doigts, finissaient leur chemin sur son visage, constellé de taches de rousseur. La voilà, à se paraître de délicieux tissus, sublimant sa peau, ses formes. Le temps de quelques minutes pour se rendre au lieu de rendez-vous : le centre commercial ou cet endroit qu’elle ne fréquentait plus, Tessa, parce que ces boutiques s’arrêtant à des tailles mannequins l’enrageait. Tessa, elle voulait changer les choses, avec sa marque, user à son avantage de ses quelques privilèges afin que personne ne soit exclu de l’univers de la mode. Que chacun soit à l’aise, représenter et trouve son bonheur, mais voilà que la course aux diktats et injustices était longue, sinueuse, parsemée d’obstacles et d’embûches. Elle l’avait bien compris, Tessa, face aux critiques et à tous ces mots fleuris que l’on lui avait adressé, tout au long de son existence. Meurtrie par la plupart, endurcie grâce à ce travail fait sur elle-même. Le bruit de ses talons ponctuait son arrivée jusqu’au restaurant, traversant les quelques allées de chaises et tables, pour retrouver Azraël. Un léger retard pour celle qui ne savait plus réellement comment vivre en dehors du travail et de ces heures, à se creuser le cerveau, pour rassembler ses idées. « Les stars se font toujours attendre. » Qu’elle lançait, d’un sourire radieux et plein de vie, tandis que la jolie prenait place. « Toutes ces boutiques me révoltent. » Lançait-elle en ôtant son manteau, rivant ses prunelles dans celles d’Azraël. « Il faut vraiment qu’on se bouge. » Même si le repos lui avait été imposé, Tessa, elle fulminait, à l’intérieur, de réaliser que les choses bougeaient peu ou pas assez vite.

(c) TORTIPOUSS.

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