azel ∴ purpose fuels passion.

La nuit est bien avancée dans le ciel, comme en témoigne la lune à son zénith. Le casino, lui aussi, est en effervescence : le vacarme des pièces de monnaie qui tombent dans les machines à sou, les hurlements mêlés du désespoir et de la joie qui vrombissent et rebondissent entre les murs de ton antre, de ton cocon, pendant que les néons tamisent l'ambiance nullement altérée par l'obscurité du néant. De la couleur, de la lumière - et vive, surtout, du bruit - toujours ; mimétisme de la vie, pour que les joueurs perdent conscience du temps qui passe, du jour qui se lèvera tôt ou tard, de leur vie de famille qu'ils jettent aux oubliettes de longues heures durant, à perdre l'argent destiné aux études de leur fils. Te sentirais-tu coupable, Edwin, relent désagréable de ce monstre branlant qui parfois altère tes nuits ? Non, nullement. Le sourire satisfait qui se dessine sur ton visage masqué de ton arrogance lorsque tu déambules de ton pas sûr dans ce casino qui porte ton nom. Maison.
Et puis t'as l'œil vagabond qui tombe sur la femme aux cartes. Ce regard qu'elle adresse à son roi de trèfle, pendant que ton cœur se pique de sa délicatesse. L'obsession qui vient hanter ton âme, faire frémir tes poils, jusqu'à ta peau elle-même qui se délecte des images obscènes venues bouleverser tes émois. L'as-tu seulement une seule fois regardée, sans que ces fantasmes ne viennent te hanter ? Inutile de réponse à cette question, tes silences seuls en disent long. Tu restes là, âme vagabonde, esprit somnifère, tu te dresses - debout, l'œil bloqué sur elle, les doigts frémissants et ta passion, cette obsession, ce vice moribond qui a besoin de se défouler, l'exutoire qu'il te faut urgemment trouver sans quoi c'est vers elle que tu te dirigeras, elle que tu prendras dans tes bras, enlèveras violemment pour dévêtir ce corps somptueux que tu devines sous ces tissus mortifères. Et tu rêves d'un désir, d'une passion délétère, tout en sachant qu'elle seule, tu ne peux toucher, parce qu'elle est l'imbaisable, la fille interdite, the one and only. Ce cliché te ferait sourire, si ton cœur même n'était pas tant en train de souffrir.
Tu rediriges ton attention vers la maison close, elle seule saura te fournir ta dose, dope obligée, dope nécessaire, sans quoi tu te mettras à trembler. Tu vois Thalie, la bas, qui attend un client, tu vois Thalie et tes pas te guident vers elle, violemment, rapidement - elle doit deviner rien qu'à la flamme dans tes yeux que t'es pas dans ton état normal, que t'as besoin, ce besoin nécessité de la prendre, là, de suite, sans quoi tu craqueras.
Le sexe est bestial, sans émoi, sans tendresse, c'est un défouloir, exutoire, un véritable purgatoire. T'as pensé à Azel de bout en bout, à la frustration de n'pas pouvoir la posséder, au désespoir duquel tes émois se meurent et dans lequel elle t'enchaîne, la garce, la non-putain, qui sait que tu peux pas la toucher, qui se joue de tes désirs, de tes anxiétés. Car elle en profite, la rebelle, elle sait te séduire comme nul autre, sait aussi que tu peux pas résister, mais que tu le dois, comme un ordre du destin, comme si la toucher relevait d'un affront fait aux dieux, les immortels, les éternels.
T'as la tête entre les seins de Thalie, mais tu penses à Azel, tu crois la voir partout, la discerner dans ces tétons qui pointent devant toi. Te défouler t'aura calmé un temps, mais tu sais que ça ne durera pas, comme à chaque fois. Et puis, tu entends des pas dans le casino, tu vois la porte qui s'entrouvre, tu vois sa silhouette qui se découpe dans la lumière vive des néons. « Dehors. » Pas un mot de plus pour Thalie qui sans mot dire emporte ses vêtements et disparaît dans le néant. T'as le regard interrogateur dressé sur Azel, pointe de désir au font des prunelles.  « Quoi ? » Ton impolitesse te perdra, et t'as le ton tellement froid, edwin, croyant cacher à cette divinité qu'elle fait flamber ton cœur sur le bûcher de sa beauté, et qu'elle déleste ton âme de ses cendres éparpillées au gré des vents.

Elle a sa silhouette qui se découpe dans l'encadrure de la porte, les néons qui se reflètent dans l'intensité de son océan de cheveux sombres, d'un brun profond, reflets de ses yeux qui désormais se dressent sur toi, piquent ton cœur, brûlent ton âme d'un désir indéchiffrable. Sa silhouette fine et divine, qui se découpe dans la noirceur du vice, ses seins moulés dans son haut dentelé, qui aguiche ton regard, fait bondir tes espoirs. Et cette flamme éperdue qui s'oxygène de sa splendeur, belle à en tomber, belle à en rêver, désir éperdu au tréfond de ton âme assoifée. Car il est bien question de ça, avec cette poupée, d'une folie passagère, temporaire, de ces lubies qui trouvent son feu sacré dans l'impossibilité que t'es de le combler.
Elle a pas encore parlé que t'es déjà fixé, que dis-je, plongé dans la courbure de ses lèvres, spectacle de tes envies, ses rouges petites lèvres carnées que t'imagines dans bien d'autres positions, que tu rêves de mordiller, dévaster, que tu vois déjà se balader dans toutes les merveilles de ton intimité. C'est pourtant ailleurs qu'elle veut ton regard, il faut croire, puisqu'elle fait sauter un des boutons de son chemisier, te commande, te domine, désireux que t'es de ne pas rater la moindre miette du spectacle qu'elle t'adresse, à toi, en privé ; tu sais, pourtant, qu'elle se joue de toi, se moque de tes lubies, s'amuse de la lubricité dans tes iris enflammées, mais tu ne résistes pas, trop incapable que t'es de fixer tes yeux dans les siens.
Petite créature bien trop faible pour cette succube.
« Je pensais que vous étiez plus sélectif dans vos fréquentations... » La putain qui s'fout de toi, encore une fois, regard taquin. Elle sait très bien pourtant que Thalie n'est qu'exutoire, que c'est elle que tu veux voir au fond de ton lit, gémissant, se cabrant sous tes soupirs. Tu lui adresses un regard vaguement agacé, tente de cacher tant bien que mal comme ton âme est altérée, comme tu as soif d'en voir plus, comme tu rêverais d'arracher chaque bouton un à un avec tes dents. Tu t'ébroues presque comme au sortir d'un trop beau rêve. Tu ne caches rien du tout, Edwin, t'es rodé à dix milles. Et elle est bien trop observatrice, l'actrice.
Elle s'approche, la diablesse. Elle s'approche de son pas de déesse, chemisier demi-ouvert, dans une posture si sensuelle que tu donnerais cher pour te damner en son sein. Elle est terrible, de ce sourire provocateur qu'elle ébauche sur son masque de cire, masque d'agneau, l'innocence à l'état pur - mais vraiment, qui trompe-t-elle, la diablesse, tant tout en elle crie au vice, à la luxure, au rouge de ses lèvres, au rouge du désir, tant elle pue la folie, la passion, la lubie, le sexe bestial et animal. Et pourtant, Edwin, il te faut la voir fille, car son père n'est pas homme à craindre l'irrespect. Alors, tu tentes de calmer tes ardeurs, de refroidir ton âme en ébullition, la chaleur qui t'assaille de part en part, celle qui crée déjà une boursouflure, là, tout en bas. Respire, Edwin. Respire fort. Nulle femme ne vaut ta mort.
Tu essayes de t'en convaincre, vraiment, je vois la souffrance se dessiner sur ton visage, comme si t'essayais de te faire pousser un halo de saint homme au dessus de tes cornes diaboliques. Tu ne tromperas pas ton monde, pas plus qu'elle n'y parvient, alors, tu choisis de n'en rien cacher. Après tout, ne sait-elle pas déjà - reine des consciences - le désir que t'as pour elle ? La folie, aussi, qu'elle a pour toi.  « Il faut bien parfois se contenter de ce que l'on a, et ne pas désirer ce que l'on aura jamais. » Mais bien sûr, te voilà homme de raison, Edwin, toi, le petit con incapable de garder ta bite dans l'pantalon. Sombre petit clown.
Elle se penche vers toi, la garce, laisse entrevoir les seins qu'elle a si beau, le soutien-gorge d'un rouge passion, d'un rouge pulsion qui découpe si superbement la boursouflure de son intimité. Tu dresses un regard intéressé dans l'intérieur de son chemisier, sans guère t'en cacher. Puis tu te relèves, lui fait face, regard provocateur, l'âme en miettes. Cache le, Edwin. Cache le désespoir dans lequel t'es de faire ce que l'histoire t'oblige à faire. Tu approches ta bouche de son oreille, susurre. « Tu ne tomberas malheureusement pas que sur tes hommes comme moi, tu devrais refermer ton chemisier. Fais pas bon, aujourd'hui, aguicher les démons. » Allez, fuis. Sors très vite de cette chambre encore embaumé de tes ébats, cette pièce passion, vite, va-t-en, sans un regard en arrière, queue entre les jambes et bras ballants. Dépêche-toi.
Mais non, le petit con il reste là. Jambes immobiles et l'esprit vil.

Ce corps démentiel, aux courbes angéliques, aux ardeurs méphistophéliques ; pousse au vice, appel à la tentation, corruption, car elle taquine, la coquine, elle joue avec le feu, attise au dessus du bois sec les flammèches du désir, sans avoir sans doute conscience des risques qu'elle prend, dans la folie de ses pulsions.
C'est tout Azel que cette jeune femme qui danse, provocatrice et manipulatrice, lascivement mouvant ses hanches, celle-là même que tu rêves de prendre entre tes mains agiles - non, violentes, claque sur ses fesses, doigts dans ses cheveux, et la vision se fait si nette dans ton esprit malade, corrompu, et vicieux. Elle doit voir sans doute ton émoi si elle jette un œil curieux à la boursouflure inapte de ton pantalon, elle sait, de toute façon, rien qu'en voyant ton iris étoilé, enflammé du désir que t'éprouves pour elle, à cet instant comme à tout autre. Car il n'est guère d'autre femme que tu désires si ardemment, puisque les autres, tu les possèdes ; et tu sais bien être homme à perdre tout intérêt pour ce qui t'est donné, gamin capricieux, profondément mal élevé. Tu n'oses imaginer ce qu'il adviendrait d'Azel le jour où tu l'auras possédée, lorsque tu entreras et vogueras dans le casino, comme à ton habitude, main dans les poches et regard fier, et que tu ne lui adresseras plus même un regard, tant elle sera devenue transparente, translucide, comme tant d'autres, comme toutes les autres.
Tu ne peux imaginer ne pas te languir de la voir venir, avec ses tenues aguichantes, son sourire rouge carmin et ses yeux couleur d'encre. Tu n'oses rendre réalité cette image terrifiante, tant tu te nourris aussi du désir que t'as pour elle, tant tu te sentirai vide de le savoir comblé, peut-être. A moins que... Et l'espérance qui finit par naître dans ton cœur malade, odieux, l'espérance d'enfin t'attacher comme une ancre à une femme, d'enfin ressentir ce sentiment dont on a tant vanté les mérites, dans les films, à la télé, car tu n'oses le dire, Edwin, mais au fond tu sais que tu brûles de ressentir un truc plus fort, autre chose que la passion, que cette pulsion des moments opportuns. Il y a ce vide en toi, ce vide de l'avenir. Ce trou béant au fond de ton palpitant.
A cet instant précis, toutefois, tu ne penses pas à ça, Edwin. Seul ton regard se tortille sur la danse lascive qu'elle te produit, et t'aurais la bave aux lèvres si tu ne te retenais pas. Si seulement elle savait comme t'as les yeux pernicieux. Si elle avait idée des poils qui se hérissent sur tout ton corps, de tes intestins qui gémissent au fond de ton bas ventre. Mieux vaut encore qu'elle n'en sache rien.
Et elle continue à te provoquer, la poupée. " Dites-moi Monsieur Fury, je cherche à embêter mon père tout en me faisant de l’argent facile ; vous n’auriez pas une place pour moi dans votre maison close ? " Ce désir de provoquer son père, celui-là même qui vous empêche de vous lier, qui t'empêche de consommer, à toi, le gamin mal-élevé, comme une figure de l'oppression, comme les barreaux d'une prison ; tu donnerais tout pour l'emmerder. Tout, mais pas sa fille. « Tu me connais, Azel. Si je ne peux t'avoir, comment peux-tu seulement penser que je puisse te partager ? » Tu l'admires encore, sans esquisser un mouvement pour l'en empêcher, trop conscient que vous êtes tous deux qu'il s'agit là de l'antipode de tes désirs. Tout, tout pour que le temps s'arrête, pour que cet instant devienne l'éternité, au fond de ses échanges de vos regards viciés.
Elle a les courbes qui se déhanchent, dans sa divine intolérance. Elle a les seins qui se trémoussent, pour sortir du carcan étroit de ce chemisier maladroit qui n'a plus guère sa place sur ce corps qu'elle te livre. Elle est toute à toi, Edwin, cadeau à peine dissimulé, que tu n'as plus qu'à déshabiller de tes doigts émoussés par la folie de vos envies. La raison a-t-elle seulement encore prise sur vous ?
« Après tout, l'on ne me tuera pas pour t'avoir accordé une danse. » dis-tu avant de te lever, de glisser ton bras autour de sa taille, de t'accoler à elle, proche, beaucoup trop proche, dangereux, bien trop, et vous jouez avec le feu, flirtez avec les limites comme des gamins insouciants - inconscients.
Après tout, tu as aussi ton tour à jouer. Les dés ne se lancent pas tout seul.

Des grands gamins. Et entre vous, cette flamme de l'innocence, de décadence, cette alliance des contraires, et l'or qui jouxte la boue dans vos regards envenimés. Vous êtes l'eau et le feu, la glace et l'orage, vous êtes tout et rien, comme cette symbiose parfaite des antithèses. Et elle danse, la joconde, et ses pieds aériens qui se joue de la terre ferme, divine idylle, quand les tiens suivent son rythme, avec cette élégance propre aux gens de votre espèce, aux monstres nocturnes - iris vacillantes dans la splendeur de l'instant. Le moment est en pause, il ne peut se finir, il ne peut même débuter, tant il se situe dans un autre espace temps, ce cadre spatio-temporel aux prémices de l'infini. Vos regards qui se croisent, se chevauchent, déambulent entre les courbes qui s'offrent à toi, la tendresse de l'instant, ses prunelles enflammés et ses joues un peu rosées - désir et promiscuité. Car voilà ce qui se joue en ce moment, la délicatesse d'un appel à l'aube de tes jours, de ceux que tu ne peux refuser quand bien même tu aies le canon de l'arme touchant ton front innocent. Le paternel n'est pas loin, pourtant, il vous observe, de son œil agacé, l'orage et l'éclair qui frémissent dans les iris, il est cette figure divine qui interdit adam de s'emparer de la pomme, qui t'empêche de faire tienne cette femme désirée, oh combien convoitée. Et tes avidités, tes espérances qui se heurtent au mur du silence. Et pour suivre, la négation - condamnations.
Te tuer ? Mais voyons, personne de censé ne pourrait avoir envie de te voir trépasser ! Et elle te tutoie, la gazelle, et sa voix enchanteresse qui ne vient que parfaire ce fabuleux décor, elle installe entre vous une promiscuité tant physique que verbale, assumée sur tous les points, comme si elle n'avait pas cette chappe de verre au dessus de la tête, comme si, angélique, elle parvenait à voler au dessus des contradictions, à ne pas se laisser toucher, vierge de toute impunité.
Emmène-moi avec toi, ma poupée. Ne laisse pas le monde altéré venir me désagréger.  Parce que plus l'instant se déploie, plus le moment installe en toi cette sensation de plénitude, plus tu te sens capable d'affronter les divinités mêmes pour elle. Et la fatalité n'a plus de poids lorsque tu te noies dans son regard.

Et le moment qui s'achève, rendu au cruel dieu du temps, Chronos impitoyable qui met fin à cette idylle, lorsque la jeune femme s'éloigne - et ce froid instantané qui t'accueille de toute part, comme si plus jamais en ton âme tu ne ressentirai la chaleur de ce contact, comme s'il avait disparu, englouti dans les limbes du néant et du jamais. Prenez garde à ne pas vous brûler. Elle provoque, l'ange dénudé, elle provoque de cet air joueur et de ce clin d'œil rieur. Et ce sourire que tu lui renvoies, sans plus pouvoir contrôler ton masque pourtant habitué à demeurer impassible - tant ta place t'y oblige, et il tombe face à elle, il se dénude, tout comme elle, il s'effrite peu à peu, morceau par morceau qui tombent au sol et qu'elle piétine de ses petits pas faussement angéliques. Car elle ne fait pas illusion avec toi, la bougresse, et tu sais lire au fond de ses iris cette aptitude qu'elle peut avoir à te détruire - étrangement, cela ne provoque nul effroi en toi, tant tu brûles de te laisser amoindrir par ses mains si charmantes - et leur chaleur qui t'attiserait de leurs caresses désirables.
Et comme en réponse à ce qu'elle aurait lu au fond de ton âme - car l'angélique a accès en ton livre intérieur - elle se jette sur toi, t'enserre de ses bras provocants, la chaleur qui de nouveau t'assaille de toute part, et cette sensation indescriptible, incroyable, indicible tant les mots ne suffiraient à lui rendre hommage. Cette chaleur au fond de ton être, dans toutes les fibres de ton corps sans nulle exception et, pour la première fois sans doute, cette autre chose, loin du désir érotique que tu éprouves à chaque instant pour toutes les courbes féminines croisant ton chemin libidineux, un bouillonnement concupiscent provoqué par la fusion de vos âmes.
Tu te noierais dans son regard, tu étoufferai de ses bras autour de toi sans éprouver la moindre envie de te défaire de cette étreinte mortelle, tu suerais sang et eau pour mourir de ses mains charnelles et provocantes.

Il faut que je retourne travailler. Et le retour au réel. Violent. Provocant. Terrible. Le noir qui s'infiltre dans ton âme de nouveau, comme si cette fusion éphémère perdait de sa superbe à l'instant même où elle tournait les talons pour s'éloigner de toi - et à nouveau cette crainte, terrifiante, qu'elle même - elle seule, pourtant - n'arriverait toujours pas à retirer de toi cette malédiction qui te poursuit nuit et jour depuis ce qui te semble être une éternité. Et cette tétanie qui t'enserre le cœur. Si elle n'y parvient pas, je suis une âme damnée.
C'est avec cette ombre noire dans le regard que tu lui réponds, loin de toi désormais le désir charnel, tant la détresse a cueilli ton âme. « Il ne faudrait pas que ton patron te reproche ton laxisme, tout de même. » Un poil provocateur, toujours, tant tu tentes encore de cacher ce que tu peux, bien conscient de ne guère faire illusion. Tais-toi, Edwin. Ne la laisse pas entrer au plus profond de toi. Elle même ne pourrait pas t'aider, elle-même est impuissante face à cette damnation qui t'a cueilli dès la naissance. Tu es un homme perdu. « Je vais y retourner aussi. » Il vaut mieux, Edwin. Tu ne peux te perdre en elle, tant tu t'es déjà perdu partout ailleurs. Il faut désormais refermer la porte sur cette idylle qui t'a fait goûter au moins un instant la plénitude du bonheur, car plus jamais à nouveau elle ne sera tienne. Un sourire que tu lui livres, comme un adieu à cet instant perdu désormais dans les gouffres amers de l'oubli.
Et la porte qui se referme sur tes Espoirs.