ocean eyes (edwin)

i've been walkin' through a world gone blind
can't stop thinking of your diamond mind
careful creature made friends with time
he left her lonely with a diamond mind
and those ocean eyes
@edwin fury

t'as trépigné d'impatience toute la nuit, animée vigoureusement par la hâte de retrouver ton frère. cet homme auquel t'as invisiblement confié tous tes espoirs, ta propre introspection, et ton bonheur d'avenir. t'as jamais cessé d'y croire, barbara, t'as toujours eu ce sentiment que tu le retrouverais, et qu'il serait capable de balayer d'un seul regard toutes les écorchures de ton passé. ça n'a pas manqué. dans ses yeux, tout a été oublié. ça fait trois semaines qu'une nouvelle flamme s'est allumée en toi ; une flamme qui n'incendie pas. elle ne fait que grandir, ne fait que danser. elle a cette essence particulière d'inoffensivité, elle possède cette singularité de déployer un feu qui ne te dessèche pas. c'est même tout l'contraire. il t'imbibe de vitalité. il t'rend belle de bonne santé. et toi, t'admires ce doux maelstrom qui purifie tes eaux troubles. et tu te rends enfin compte que tu n'étais peut-être pas née qu'avariée.

tu ne lâches pas ton reflet dans le miroir. t'essaies d'embellir ton portrait jusqu'aux précieux détails. tu t'passes des crèmes pour lisser encore ta peau déjà si douce. tu t'colores les lèvres pour voiler les morsures sanguines laissées en souvenir d'une nuit meurtrie. tu pigmentes ton teint pour ne plus être que porcelaine. tu maquilles tes yeux pour qu'il ne rencontre pas tes fissures oculaires - ces quelques choses que t'as dans le regard qui traduisent discrètement tes mœurs. tu soignes tes boucles, te pares de tout un tas de bijoux qui te portent bonheur ; parfaits tout de ton être entier. tu devrais pas, barbie, mais c'est plus fort que toi. toi, tu l'aimes déjà. mais toi, t'as peur qu'il ne t'aime pas. trop fort, qu'tu penses, qu'il t'abandonnerait s'il te découvrait ton terne interne. et comme l'âme orpheline qui t'a toujours dévorée, t'as cette impression qu'on puisse enfin t'adopter. pour de vrai, barbara. avec un vrai cœur qui bat et un vrai sang partagé.

t'aurais sûrement préféré quitter ton quartier, mais c'est lui qui a proposé pour ne pas qu't'aies à te déplacer. alors t'as accepté, et tu t'es démenée pour la meilleure place du to the west. t'es arrivée avec seize minutes d'avance. « pas encore merci, j'attends quelqu'un. » t'as répondu aux amabilités du serveur, avec un sourire un peu étriqué qui n'te ressemble pas, tes mains se caressant maladroitement sous la table. parce que t'es pleine de craintes, barbara.

et s'il s'était déjà lassé de toi ?
et s'il ne venait pas ?

les minutes sont longues. ton cœur bourdonne. t'aurais peut-être déjà dû commander les cafés, pour qu'ils soient tout juste tièdes à son arrivée. les payer d'avance, aussi, sinon, tu passerais pour une mal intentionnée. et puis, qui t'es, toi, barbara, pour mériter sa vie ? « excusez-moi ! » t'interpelles l'employé, propulsée par tes pensées impulsives. tu commandes deux cafés crèmes, tes préférés, et tu te fais encaisser à l'avance. maintenant, t'as hâte. et tu patientes. il va venir. tu l'sens. dans le couloir de tes veines, à l'intérieur de ton propre sang.

ocean eyes.

cf p'tite soeur. ☾

Tu te prépares comme si t'allais à ton premier rencard. Tu veilles à ce que rien ne dépasse, à ce que ta chemise se colle parfaitement à ton torse travaillé, à ce que tes chaussures brillent de clarté, à ce que tes cheveux tombent négligemment, dévoilant un semblant de manque d'attention que tu y aurais accordé - par crainte qu'elle ne se moque de ta superficialité. T'es un grand gamin, Edwin, tu veux présenter bien, non comme à ton habitude, plus encore, plus que lorsque tu déambules dans ton antre où tous te sont acquis ; tu dois la séduire, en quelque sorte, émousser en elle un semblant de respect, un désir de grand frère, paraître fiable et fidèle. Suffisamment pour qu'elle soit envahie par ce besoin de se lier à toi, comme jamais tu ne t'es engagé avec quiconque - tant il est vrai que les engagements s'imposent en décalage avec ton rythme de vie. Si tes désirs liés à la gent féminine sont absolument antithétiques avec quelque notion de durabilité, cette poupée blonde que tu t'apprêtes à rejoindre s'impose dans ta vie comme une ancre nouvelle, comme une merveille qu'il te faut protéger, comme un lien indélébile qui te permet de conjurer la malédiction familiale et les échecs de ta vie parentale. Et quel espoir s'immisce dans ton cœur désormais, cette espérance nouvelle de réparer les torts commis, les maux marqués à l'encre de chine sur ton esprit malade, ceux dont tu as sali le nom des Fury.
Il est grand temps de partir, ton cœur qui bat la chamade au rythme de l'horloge ne te permet pas d'oublier que chaque seconde te rapproche de l'instant fatidique. T'es stressé comme un gosse un matin de Noël, qui se lève plus tôt pour surprendre l'homme des cheminées, l'homme des feux de bois un matin de gelée, t'as l'excitation au creux du cœur, et l'âme pleine d'une espérance sur laquelle tu ne mets pas de mot, par crainte qu'elle ne s'envole - et comme un soupçon de peur, là-bas, au fond, cette petite voix inquiète qui susurre dans ton esprit malléable - et si tu la contaminais des vices que t'as au fond de toi ? Et si tu la détruisais, comme tu maudis tout c'que tu touches, si t'altérais son esprit pur de la perversité de ton âme, noirceur de macadam ?
Tu t'ébroues une dernière fois devant le miroir, dernière profonde inspiration et tu franchis le seuil de la porte - ça y est, ça sonne, il est trop tard pour faire marche arrière. T'avances, maintenant, pour une fois tu prends ton courage entre tes mains tremblotantes, et tu ne lâches pas les promesses comme d'habitude dans les airs, les regardant négligemment voleter au gré des courants.
Le chemin te semble drastiquement long, d'autant que tu pénètres dans un quartier d'Exeter auquel tu n'es pas habitué. Toi, l'homme de la luxure et du vice, l'homme de l'or et du tintement des pièces dans les machines à sou, l'homme du champagne et des costumes trois pièces, tu te sens comme déconnant dans ce décor de quartier populaire aux allures mortifères. Non, tu ne te sens pas comme tel ; tu l'es, et tout ici te le rappelle. Voilà de quoi augmenter considérablement ta gène, comme en témoigne ta respiration haletante et poussive.
Et voilà un café qui semble moins crasseux que le reste, et, surtout, un œil sur cette blondie qui te fait oublier le décorum. Voilà que le personnage principal entre en scène, et t'as le regard braqué sur elle, incapable de réfléchir à ce que tu ressens, tant c'est un tourbillonnement la dedans - tornade d'émois inconstants.
« Hé barbara ! » Mais que t'es ridicule, avec ta voix tremblotante, chevrotante, tes jambes flageolantes, cette interpellation honteuse et indigne de ton statut, - en toi, je revois le gamin d'autrefois, cet homme qui cherchait alors à plaire à ses copains de classe, timide, qui finalement décide de ne rien dire, par peur d'être bullied.
Parfois, mieux vaut le silence. Tu t'assois, sauvé par le gong, voilà le serveur qui apporte les cafés. Tu te contentes de la regarder, de cet œil émerveillé, de cette sensation indicible que t'as au fond du cœur d'avoir enfin trouvé une famille. « Café crème, mon préféré. » que tu glisses négligemment. Ton œil tourne un peu à droite, à gauche, de nouveau gêné que t'es qu'elle surprenne sur elle ce regard inquisiteur, évocateur. « C'est un quartier... Surprenant. Je t'avoue avoir rarement l'occasion d'y mettre les pieds. » Sait-elle déjà quel homme mauvais tu es, au fond de toi ? Lit-elle en ton regard la noirceur de ton âme, l'amertume de ton cœur, la violence qui bouillonne en ton cœur abimé ?
A toi de le lui cacher, pour ne pas l'abimer - elle.

them song.
@Barbara O'Neil

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@edwin fury

tu te découvres un instinct puissant que tu ne soupçonnais pas dissimulé sous tes organes. tes nerfs se canalisent, t'as le cœur qui bat toujours aussi fort mais t'as plus peur. tu l'sens réellement, c'est comme une évidence intrinsèque, tu sais qu'ton frère va te rejoindre. t'aimerais pas parler en son nom ; mais t'as pas besoin d'son agrément, tu te rappelles de vos premières retrouvailles jusqu'aux moindre de ses précisions, et c'truc là que t'as senti exploser dans ton myocarde quand t'as reconnu ses yeux océans, tu sais qu'c'était réciproque. c'est rien de c'qu'on puisse contrôler, et, ce jour-là, vous étiez tous les deux désarmés comme un jour d'armistice. il y a eu cette commotion aphasique où seuls vos âmes ont hurlé. aucun mot n'a eu besoin d'être posé, parce que vous l'avez senti jusqu'au tréfonds de vos êtres, dans vos plus belles abysses, dans votre plus grand chaos, qu'vous étiez faits pour vous retrouver. alors non, t'as plus peur, barbara. t'exaltes juste de l'intérieur, avide de retrouver l'homme qui vient de t'offrir ton repère le plus solide en vingt-quatre ans de vie volage.

« hé barbara ! » ton prénom grésille entre ses lèvres et tes billes brunes pétillent aux caresses de leurs jumelles. « hé ! » tu reprends comme lui, timidement mais sur un ton amusé. tu l'trouves beau. dans ses gestes comme dans ses mots. et tu maîtrises pas c'que tu penses de lui. c'est simplement là. t'as cette fierté qui ne cesse de fleurir en toi, celle de partager le sang d'edwin, et maintenant, t'es plus capable de faire preuve de rationalité envers lui ; cette fierté gratuite et démesurée te domine de toute sa sublime. t'as trouvé ta putain de famille.

toi t'angoisses pas de le regarder. t'as posé une main sous ton menton pour envelopper ta bouille de gamine enchantée, avec ce sourire candide qui n'te quitte plus depuis qu'il s'est installé face à toi. tes yeux n'cherchent qu'à croiser les siens qui jonglent hasardeusement, et ça te fait souffler un rire récrée. « café crème, mon préféré. » « c'est vrai ? » tu réponds impulsivement, crédule et charmée. t'aimerais déjà le connaître sur le bout de tes dix doigts ; et tu prends ça comme une nouvelle preuve qu'il soit ton propre reflet. « et ton cocktail préféré ? » tu demandes plus tard encouragée par tes petits traits malicieux alors que tu prends une gorgée de ton café, manquant d'te brûler. tu grimaces en humectant tes lèvres et tu reposes ta tasse aussi vite, croisant son regard pour le décourager de s'aventurer à boire le sien de suite bêtement comme toi.

tes yeux dévient une seconde ou deux sur les personnes et les objets qui vous entourent. tu connais mieux la couleur des meubles d'ici que ceux de ta propre maison. et ici d'ailleurs, c'est un peu chez toi. au cœur de ce quartier qui te couve depuis tes quinze ans. « c'est un quartier... surprenant. je t'avoue avoir rarement l'occasion d'y mettre les pieds. » tu plantes à peine tes dents contre tes lèvres, les paupières tombées et les épaules qui se haussent avec innocence. tu t'inquiétais de ce qu'il penserait de tes rues et tu sens bien que lui, il se sent pas comme chez lui, ici. surprenant, il a dit. mais surprenant, c'est pour ne pas te vexer, barbie. pour ne pas te rappeler la misère dans laquelle tu vis. « c'est chaleureux tu sais. ça donne presque l'impression de vivre hors du temps et d'exeter. puis, ce café c'est le meilleur de la ville ! et y'a de beaux apparts anciens, des maisons toutes neuves aussi.. des.. jolis tags sur les façades. » tu réfléchis pas à ce que tu dis, t'as juste envie de faire les louanges de ton quartier pour le valoriser aux yeux d'edwin. pour qu'il ne te prenne pas pour la gamine abandonnée qu't'as toujours été. la vérité c'est qu't'as pas envie qu'il te prenne en pitié, ed, t'as envie d'lui montrer que t'es assez belle pour lui.

ocean eyes.

cf p'tite soeur. ☾

Ta poésie se disperse, ta superbe se délite au fil de tes mots, dans cette voix chevrotante que tu livres à l'élégante surprise qui te fait face, tu t'effaces ; disparu dans l'horizon lointain, l'esprit ailleurs, envolé, parce que t'es pas capable de faire face à ta réalité. Cette dernière qui prend les traits de la jolie barbie, blondie aux traits enfantins, dans cette finesse - couleur du demain, car pour la première fois du haut de ce grand âge, tu dois faire face à tes responsabilités, tu dois envisager l'avenir, bien que tu sois pas serein, grand gamin des ruelles sombres et des gueules de bois du lendemain. Elle s'impose à toi, là, juste en face, avec ce regard empli des paillettes de l'espoir, car l'orpheline fait face à son passé, quand tu vois en elle l'éloigné, les jours sombres d'après, ceux que tu ne regardes pas droit dans les yeux, tant t'as peur de perdre ce duel de regard, de t'estomper dans les contours de l'avenir. Et t'as ce rôle là, qui souhaite ce coller à toi, mais qui n'parvient pas à rester bien attaché, ce rôle qui t'a toujours effrayé sans que t'aies à souffrir de l'envisager. Grand frère. Toi qui ne t'est jamais lié à quelque femme que ce soit, te voilà en face de la seule et unique que tu ne peux effacer d'un regard fantomatique, d'une parole énigmatique. Elle s'impose à toi, oui, comme une ancre qui te projette dans un ailleurs lointain, comme une déesse qui te dicte sans le savoir de planquer tes vices loin, là-bas, dans le placard ; dans le noir de l'oubli, l'obscurité d'un ailleurs implacable. Et c'est la vérité qui te saute aux yeux, celle-là qui te susurre dans le creux de l'oreille, voix éreintée mais bien vivace dans sa véracité "tu n'y arriveras pas, edwin, jamais tu ne pourras cacher ta vraie identité, cette obscurité qui prospère au fond de ton âme, au creux de ton cœur de pierre". Et pourtant, il bat, ce palpitant marbré, il se met à vibrer tout doucement en face de la poupée. Et cette voix, sombre comme celle de ton paternel, qui ne se tait pas.
« c'est vrai ? » Qu'elle te ramène dans la réalité, loin de tes cauchemars éveillés. Elle grimace, la petite poupée, de ce café trop chaud qui brule ses lèvres rosées. Tu te ravises, reposes la tasse que t'étais prêt à déguster, sourire au coin de la bouche, comme un soupçon de connivence avec cet être que tu crois connaître depuis toujours alors que cela fait à peine quelques jours ; cette déesse qui te semble liée à toi comme par l'opération du saint-esprit, de cette majestueuse et terrible génétique, l'hérédité entre elle et toi, et en un instant, tu te perds en la contemplation de son visage, à la recherche de quelques traits similaires. Tu n'en trouves pas, tant elle diffère de ta mère, de cette femme vaurienne qui t'a donné la vie pour ne plus jamais te la rendre. Ce constat te rassure, le soupir qui franchit la barrière amère de tes lèvres, et le regard désolé que tu lui adresses ; à elle, qui ne doit pas bien comprendre cet être étrange qui lui fait face. « Excuse-moi, je me perds. Je t'avoue avoir une préférence pour le Dry Martini. Eliot en réalise un divin au black bird, il faudra que tu le goûtes. » Ce besoin que t'as d'inscrire cette relation dans l'avenir, de proposer des choses, de la faire entrer dans ton univers ; besoin contraire avec les peurs qui te serrent les entrailles à l'idée qu'elle mette un de ses pieds angéliques dans ton antre macabre.
Elle fait l'éloge de son quartier, la poupée, comme heurtée que tu puisses penser du mal d'une chose qu'elle a touché. Car elle fait briller son univers de sa simple présence, la barbie aux doigts de fée. « C'est bien différent de st thomas, mais en effet, ça a un certain charme. » Que tu glisses pour la rassurer. Et c'est le visage malléable de ta mère qui te revient à l'esprit, quand tu plonges tes yeux dans les siens - t'y retrouves un peu des iris changeantes de ta génitrice. L'a-t-elle seulement déjà vue ? A-t-elle pu un jour admirer la beauté de sa créature, s'enorgueillir de ce qu'elle a modelé dans le marbre de ses mains satinées ? « Voudrais-tu que je te présente la mère ? » Les pieds dans le plat, Edwin, le tact tu connais pas. Mais cette question qui trotte dans ta tête, s'enfle, s'enfle, jusqu'à exploser, prendre toute la place, rebondir entre les bordures de ta cervelle contaminée jusqu'à la moelle, cette question qui finit par sortir, comme ça, naturellement, et que tu ponctues d'une gorgée de café, comme pour ne pas avoir à admirer sur son visage le désespoir de l'abandon et la désolation d'années passées dans le noir.

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@Barbara O'Neil

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@edwin fury

toi tu brilles barbara, toi t'épanches ta veine et ses milles étincelles. tu reconquiers enfin ta foi quand sous tes yeux s'illustre un ange. tu te sens arbitre des aléas, enfin aisée de bonne fortune et bénie à la baraka. t'as l'impression de t'encrer dans une ère divine, sainte d'heureux présages. depuis que tu le connais, toutes tes années inertes semblent se méconnaître. tu négliges toutes ces questions qui t'ont hanté dès ta genèse, toutes ces pensées qui t'ont torturé du premier jour de ta vie volée jusqu'à son dernier. parce qu'edwin, il ne fait pas que ta rencontre. edwin, il fait de toi une renaissance. la poupée destructurée s'articule enfin sous l'assistance de son architecte. et tu n'as jamais tant aimé qu'on te manipule, barbie. qu'on te rende si lustrée, si actuelle. et il n'y arrive qu'à la force du regard qu'il pose sur toi. ce regard que tu n'avais jamais connu jusqu'alors. ce regard fraternel auquel tu te soumets sans broncher tant t'aimerais encore le connaître pour des millénaires entiers. tu l'as rêvé toute ta vie, ton frère. et les sentiments qu'il décuple en toi surpassent toutes tes conjectures. c'est bien plus fort, c'est bien plus vrai que tout ce que t'aurais pu imaginé. t'as l'impression de t'être libérée de tes cauchemars éveillés, l'impression d'enfin t'évader dans un rêve, un paisible, qui éteint les pires souvenirs, un rêve placide implanté en olymbe, un rêve qu'aucun être ne voudrait fuir, un rêve que t'as rarement connu - même les yeux fermés.

alors tu t'fiches qu'il se perde, qu'il se désaxe de cet instant réel quand il t'offre ton rêve de ses yeux azurés. tu t'fiches de ses mots qu'ils ne te dis pas quand son âme même est si limpide. « excuse-moi, je me perds. je t'avoue avoir une préférence pour le dry martini. eliot en réalise un divin au black bird, il faudra que tu le goûtes. » tu bois ses mots et tu acquiesces. que faire d'autre que te taire et consentir quand il te projette dans son avenir ? t'as encore du mal à réaliser qu'il veuille vraiment de toi. t'aimerais tellement t'inscrire sur tous ses lendemains, et t'as tellement peur qu'il te lâche d'un jour à l'autre. c'est pour ça qu'tu dis rien, barbie. t'as pas envie d'lui donner une opportunité d't'abandonner. toi t'as vécu dans la bagatelle, mais t'aimerais pas qu'il s'en tienne à ton passé pour te fixer dans son futur. « c'est bien différent de st thomas, mais en effet, ça a un certain charme. » un sourire étire timidement tes lèvres, comme rassurée. st sidwells n'est peut-être pas si miséreux à ses yeux. et là t'y crois naïvement, barbara, à ce qu'il ne t'assimile plus à une survivante.

tu rapportes la tasse à tes lèvres pour une seconde tentative, soufflant d'abord pour ne pas t'y manquer à deux fois. « voudrais-tu que je te présente la mère ? » tes paupières se relèvent doucement. tu reposes ton café sans encore y avoir goûté. et tes yeux jonglent de la vaisselle au visage face à toi avec timidité, les sourcils froncés témoins de réflexion, de vestiges de sombres songes également. combien de fois as-tu pensé à elle. combien de fois ces pensées ont-elles suffit à t'emprisonner ? t'éreinter ? t'annihiler ? « j'en ai rêvé.. » tu avoues à voix basse, alors que des tourments en grand nombre se sont imposés sur ton doux visage. t'aimerais connaître le reflet de ses boucles au soleil. t'aimerais savoir quel diamant a-t-elle choisi pour orner son annulaire. t'aimerais entendre sa façon de prononcer mon amour et visualiser les courbures de son sourire. t'en as rêvé, pendant des nuits infinies. perpétuelles. les mêmes. inaltérables. elles t'ont dévorées, ces nuits. « mais est-ce qu'elle.. en vaut la peine ? » t'as la voix douce qui satine ta question-couteau. t'oses difficilement relever les yeux pour les poser sur ceux d'edwin, mais tu y parviens. non sans malaise. t'angoisses qu'il t'en veuille pour lui avoir demandé ça. t'angoisses qu'il te prenne pour une sale gamine. mais, t'angoisses encore plus de te faire de nouveau abandonner. t'angoisses encore plus de rencontrer ta mère, et qu'elle renonce encore à toi, te laissant cette fois sur la terrasse d'un restaurant. edwin ne t'a jamais rejeté, lui. s'il veut ton bien, il te dira la vérité. t'as des nœuds dans le cœur. « peut-être qu'on devrait d'abord commencer par st thomas. » pinçant tes lèvres pour arborer une délicate moue résignée en haussant les épaules. tu finis par offrir un sourire fragile, tendre et pur malgré tout. espérant qu'il comprenne ton comportement et qu'il ne confonde pas tes craintes à une insolence. t'as simplement plus envie d'perdre qui que ce soit barbie.

ocean eyes.

cf p'tite soeur. ☾

Tu vas trop vite, Edwin, t'as les ailes qui ont poussé dans ton dos pour la première fois de ta misérable existence, ces ailes qui t'entraînent dans les courants de l'atmosphère sans plus que tu puisses réfréner ta course folle vers l'avenir, vers ces responsabilités qui t'auréolent de leurs possibilités, et cet horizon nouveau qui se profile devant toi, à mille lieux de ce qui a constitué ton passé, altéré des coups du père et des mensonges de la mère, sa timidité aigüe, sa peur sans doute de perdre ce sur quoi elle avait fondé sa vie, fut-ce sur des odieuses mystifications, et toi, sacrifié sur l'autel de ses dissimulations et de cette couardise qui peint sur son visage l'atroce masque de lâcheté. Car telle est la mère. Cet être naïf et doux, à la tendresse vertigineuse, aux couchers amoureux, baisers sur ton front après l'histoire contée de sa voix de fée, mais parallèlement, les yeux fermés sur les coups assénés, les insultes vociférées dans le calme de la grande maison familiale, incapable d'affronter le père, le patriarche, le grand et seul homme d'affaire engoncé dans son costume trois pièces que tu ne l'as jamais vu quitter. Elle est faible, la mère, la pygmalionne, celle qui t'as crée de ses doigts enchantés, elle a la faiblesse des êtres bouffés par l'obscurité du monde, dont la luminosité ne suffit pas à créer un cocon de sûreté. Elle est l'indicible douceur, l'agneau coincé dans les griffes du loup, celle à qui t'as jamais pu en vouloir, mais celle qui - pourtant - t'as toujours laissé dans le noir. Elle est cette mouvance terrible qui ne s'inscrit pas dans la continuité, rien de manichéen, rien d'autre qu'une poupée brisée au gré des vents, des insultes de son amant, des cris de son mari. Car elle aussi en a bénéficié, de ses coups, de ses poings balancés négligemment dans la gueule, à en briser son masque de douceur, à en altérer son regard joie de vivre, pour qu'il n'en reste plus qu'un indicible et terrible désespoir, de ceux silencieux qui ne peuvent plus jamais briser de silence. Elle est détruite, la mère, elle est victime et bourreau, coupable et blessée - la proie des hommes mal-élevés.
« mais est-ce qu'elle.. en vaut la peine ? » Tu ne sais que répondre, Edwin, tant tes mots deviendraient des heures, tant tu ne saurais faire comprendre à ta demi-sœur la terrible vérité de l'être détruit - brisé qu'est cette mère que vous avez en commun. La femme qui n'est plus celle des lendemains, et ne le sera sans doute plus jamais, tant la vie a enchainé les coups pour la laisser ko sur le parterre, la gueule en sang et les mains liées par tant de terribles secrets.
« Elle t'a abandonnée, tu es seule juge de cette réponse. » Que tu réponds, dans la sagesse nouvelle qui t'habite désormais. Toutefois, tu dois l'admettre ; quelque part, savoir grâce à cette jolie barbie qu'elle a eu un amant te fait sourire, Edwin, tu le prends comme une de ces revanches sur la vie, et savoir que le paternel a eu à subir cette humiliation, qu'elle a su, à un moment ou à un autre, relever la tête, dire stop et s'imposer, voilà qui illumine tes journées. Oui, la mère a pu au moins s'offrir quelques instants de bonheur, au creux des draps d'un autre homme, qui, tu l'espères en ton for intérieur, a pu la traiter mieux que ce diable en costume blanc.
Car tu l'aimes, ta mère. Tu l'as toujours aimée, malgré ses défaillances et ses manquements à te sauver, t'as toujours dressé sur elle ce regard de pitié, de compréhension et de compassion, l'attendrissement au fond du cœur et la noirceur réservée au paternel, vestiges de tes rancœurs. Alors, c'est la voix assurée que tu lui réponds, sans prendre garde à sa dernière réplique. « Je crois toutefois que oui, elle en vaut la peine. Elle n'a jamais pu prendre ses propres décisions. Elle manque de courage, cela va sans dire, mais elle affronte la tempête qu'est sa vie avec une certaine forme de dignité, et toujours avec commisération. » Tu as l'espoir au creux de la voix, tu t'imagines que voir Barbara la ramènera à la vie, lui fera prendre conscience de la femme puissante qu'elle est, de cette puissance mythologique - avoir enfanté une telle merveille. Et s'il faut se servir de Barbie comme d'un jouet, lui faire prendre le risque de revivre l'abandon, peut-être es-tu prêt à en assumer les conséquences - si désastreuses soient-elles. Car il n'est rien de plus précieux à tes yeux que l'amour brûlant que tu ressens pour ta mère.
Tu t'ébroues un instant, bois une gorgée de ce café brûlant qui réchauffe ta gorge et te rends à l'instant présent, et c'est la honte, désormais, qui vient faire vibrer ton palpitant. Tu ne sacrifieras pas Barbara à l'autel de tes désirs comme a pu le faire ton paternel. « Mais si tu préfères que je te fasse visiter mon antre et le black bird, ce sera avec honneur. » Commencer par le commencement, et cesser d'envisager le lointain. Ranger ces ailes que t'as si grandes au creux des reins.

them song.
@Barbara O'Neil

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@edwin fury

tu t'sens conne d'avoir posé la question, barbie. tu te redresses sous l'impulsion de cette longue épine d'absurdité qui s'implante par-dessus ton échine. l'aiguille caustique s'enracine de tes reins à tes épaules. dans ton dos se dresse un barbelé persécuteur qui se permet de manœuvrer tes gestes. tu ne choiras pas, barbara. tu te tiendras droite pour assumer tes mots et tu supporteras les frissons diffus et convulsifs qui perceront tes moindres pores. tes opales en cavale se réfrènent alors, prennent une pause et un souffle à la jonction de leurs échos. « elle t'a abandonnée, tu es seule juge de cette réponse. » et la course reprend. t'as les yeux qui s'accrochent au sol sur lequel t'as souvent été jetée. t'as les yeux qui s'accrochent au plafond qui te cadenasse et te compartimente isolément du ciel. t'as les yeux qui s'accrochent au vide ambulant qui t'a toujours hantée et à cette tasse de café à laquelle tu n'as même pas touché. l'excursion se fait longue sur les sentiers tourmentés. entre deux haltes, les souvenirs t'altèrent. tu repenses ignoblement à tes crises identitaires, au grand nombre de pilules que t'as avalé dans le sombre désir d'oublier ton propre prénom. les fois où tu l'as détestée, chérie, admirée à l'aveugle, humiliée d'insultes couchées sur papier. les fois où elle t'a manquée si fort que vivre loin d'elle t'a fait crever de son absence. t'as une rage démesurée à son égard à la hauteur de la même obsession que tu lui portes. et, t'aimerais quand-même savoir, pourquoi l'église et pas l'orphelinat. t'aimerais savoir si elle a assez cru en dieu pour vous deux, savoir si elle t'a abandonnée au monastère pour te soulager de la déchéance à laquelle elle t'avait condamnée. « je crois toutefois que oui, elle en vaut la peine. elle n'a jamais pu prendre ses propres décisions. elle manque de courage, cela va sans dire, mais elle affronte la tempête qu'est sa vie avec une certaine forme de dignité, et toujours avec commisération. » et définitivement, net, ta course s'achève. tes yeux s'importent dans ceux de ton frère, les sourcils froncés de tristesse. parce que t'en éprouves, barbie. de la tristesse. t'en éprouves plus qu'il n'en faudrait. et t'as toujours injustement espéré que ta génitrice partage la douleur de votre séparation. parce que ça pourrait dire qu'elle t'aimait autrefois, peut-être encore aujourd'hui ; que t'étais pas qu'un bout de plastique craqué dans une baise endiablée ou le fruit toxique d'insanités. quand tu comprends qu'elle est faible, tu lui octroies une part de ton pardon. une infime. une part quand-même. edwin a dit qu'elle en valait la peine. et maintenant, ce sont ses mots qui n'ont de cesse de raisonner en toi, aussi puissants que lancinants. elle en vaut la peine.

« mais si tu préfères que je te fasse visiter mon antre et le black bird, ce sera avec honneur. » « non - enfin, si, bien-sûr que je veux visiter ton antre. » tu te méprends, confuse, ses conseils qui tournent encore en boucle contre tes parois internes. c'est comme la chute qui suit une hypnose. « mais je veux aussi la rencontrer. » tu rends ton jugement, indépendamment convaincue, pourtant grandement inspirée par ses propos. grandement influencée par ses prêcheries. tu ne luttes pas contre l'autorité qu'il exerce sur toi à son insu - à la tienne aussi. sa parole est simplement d'or et ta confiance en lui n'a pas encore été délimitée. tu n'expliques pas tes instabilités psychiques. tu sais seulement que maintenant, t'as envie de la rencontrer. « comment est-elle ? » t'aimerais qu'il te parle mieux d'elle. qu'il s'attarde sur ses indécisions, qu'il illustre sa fragilité, décrive les armes dont elle s'use pour se démener contre ses affronts, image les preuves de son indulgence, les seuils de sa bienveillance. « est-ce-que je lui ressemble un peu ? » as-tu hérité de la pureté de sa peau et de la cavité de son regard ? se revêt-elle aussi de linges blancs pour couvrir son âme noire ? tu souffles un rire succinct, candide et pensif. t'es déjà entrain d'plonger, barbie, et la noyade est imminente. « vous vous retrouvez souvent ? vous faites des.. repas de famille ? » le terme t'amuserait presque. « je ne veux pas y participer hein.. » qu'il ne te pense pas plus intrusive que tu ne l'es déjà. « c'est juste que j'ai l'impression que ça relève d'une légende. » t'affiches une moue toujours ingénue. « comme.. la magie de noël ou même un sapin de noël tout court et les compatibilités amoureuses selon les signes astrologiques, tu vois, ce genre de bêtises quoi. » tu hausses délicatement les épaules en étirant tes lèvres dans un sourire fermé, désormais à l'aise à ses côtés. tes spasmes dorsaux n'existent plus. tes angoisses se sont effacées dans le lointain. alors, tu t'empares de ta tasse pour enfin goûter ton café déjà attiédi.

ocean eyes.

cf p'tite soeur. ☾

Désormais, c'est elle qui se voit pousser des ailes. Les questions fusent de sa bouche de poupée, angéliques interrogations qui franchissent la barrière de ses doutes, comme une ultime preuve de confiance qu'elle t'accorde, tant elle te place en position de l'homme qui sait répondre. Tu es le guide, le mentor, le sage en haut de sa tour, bâton de mage entre les mains, celui qui saura remettre les étoiles de la compréhension dans ses yeux aujourd'hui embrumés par sa méconnaissance. Car tu n'imagines pas son désespoir, Edwin, tu ne peux savoir ce qu'elle ressent, la poupée, tant sa vie entière s'est passée dans le noir. Tu as la lumière dans le creux de tes doigts, et tu vois comme elle a besoin que tu illumines son passé, dans son regard désespéré.
Cette attente qui repose sur toi, ce regard qui se braque sur tes lèvres, en attente que tu répondes, enfin, que ta voix vienne éclairer un peu tous ces flashbacks enrayés, qui ne cesse de repeat les souffrances désolées. Tu as peur, Edwin, peur que ce que tu viennes dire ne suffise pas à apporter un peu de lumière dans ce paysage obscurité. Tu as ce besoin au fond de ton palpitant de lui apporter tout ce qu'elle a manqué en des décennies de solitude, et la conscience, dans un même temps, que tu ne pourras jamais rattraper cette vie entière au pied d'un orphelinat désœuvré, que tout ce qu'elle à louper, elle ne le rattrapera jamais, quand bien même vous y mettriez tout votre cœur, à deux, duo éclectique aux regards angéliques. Vous faites face au néant, à l'impossible, au rien, il te suffit de parler, pour ajouter un peu de couleur et de chaleur dans ce gouffre amer de ses sombres souvenirs. Tu y arriveras, pour cette belle poupée. Pour redonner vie à cette poupée aujourd'hui désarticulée de longues années entières d'obscurité, tu délieras tes doigts, et mettras en action les fils de sa vie.
Alors, ta bouche se délie. Et c'est l'histoire de ta vie que tu lui livreras sur un plateau d'argent, comme un ultime cadeau en échange de tous ceux que tu ne lui as pas octroyés, de tous ces anniversaires que vous avez loupés. « Tu ne lui ressembles pas beaucoup. Tu as hérité d'elle cette blondeur angélique et les mouvances émotives dans le regard, c'est tout ce que je retrouve d'elle en toi, mais c'est déjà beaucoup. » Tu tentes de jongler entre sincérité et consolations. Difficile exercice, tant tu marches sur un fil, funambule devant un spectateur noctambule. « Elle est grande, comme toi, fine aussi, elle est surtout marquée par des années de coups et de bouche fermée. Il me semble qu'elle ne parle plus beaucoup, aujourd'hui, mais elle avait une voix douce et maternante. » Tu te replonges dans tes souvenirs, avec tout ce que cela t'apporte de douleurs et de souffrances en ton cœur abandonné. Car si tu ne peux le dire à Barbara - on ne se plaint pas de ce que l'on a - tu t'es toi aussi senti délaissé par une mère incapable de te protéger, désarmée devant les ébranlements de la vie, inefficace dans son rôle de gardienne. Capable seulement d'être spectatrice des horreurs infligés à son petit, comme une mère fragile et craintive. « Je te souhaite d'être plus... courageuse qu'elle. » Ils sont durs, tes mots, Edwin, ne reflètent qu'assez peu l'amour que tu as pour elle, cet amour filial indescriptible, que Barbara ne comprendrait sans doute pas.
Elle évoque les repas familiaux comme des mystères de Noël, et tu ne peux empêcher ton éclat de rire cristallin de résonner dans le calme du café. Cet éclat de rire que tu ne retiens pas, qui s'échappe, comme un courant d'air irrépressible lorsqu'on ouvre la fenêtre, et tu songes au dernier repas de famille qui a eu lieu, des années en arrière, ces repas qui s'achevaient toujours de la même manière, hurlements et insultes vociférées dans une pièce désœuvrée, trop lumineuse pour accueillir l'obscurité de vos âmes incompatibles. « J'éprouve quelques aversions à l'encontre de mon père. Tu ne sais pas quelle chance tu as eu de ne jamais le connaître. » Et le sourire qui s'efface, d'un coup, le rire qui s'échappe par la porte entrouverte, lorsque tu réalises la maladresse de ton propos. « Excuse-moi, ce n'est pas ce que je voulais dire. » Tu caches ton embarras dans une gorgée de café discrète, tes joues rosies qui n'osent plus se relever vers Barbara. Et pour laisser définitivement cette maladresse de côté, tu poursuis, sans rien cacher à cette poupée avide de savoir. « Les repas de famille sont sensiblement comme dans des films - mais pas de Nöel, je t'assure. Mon père et moi éprouvons l'un pour l'autre une haine sans commune mesure, et ça s'achève systématiquement par des insultes et des cris. Notre mère est toujours mal à l'aise, et ne sait réagir, d'ailleurs, elle se tasse dans son siège et semble disparaître. Voilà ce qu'est la vérité de notre famille... Alors, je t'avoue que je n'y vais que pour voir maman. » Maman. Enfin, la douceur et l'amour qui ressortent dans ce petit mot empli de tendresse qui se volatilise à la seconde même où tu le murmures. Maman. La belle, tendre et fragile mère, celle pour qui tu vouerais ta vie, bien qu'elle n'en ai pas fait de même pour toi, petit Edwin livré aux fureurs du père.
Tu espères avoir été assez clair, en dépeignant ainsi les Fury - qui portent bien leur nom, d'ailleurs, tant ils se laissent dominer par leurs émotions indicibles. Quel tableau noir, spectacle obscur d'une vie entière de souffrances. "Tu n'arriveras jamais à rien", et le dégoût de ses propos du père, le manque de confiance, et la revanche que t'as pris sur la vie, ce black bird qui, aujourd'hui, sonne le glas de tes repas de famille.

them song.
@Barbara O'Neil

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