3/9 ∴ Ghost of you.

description du perso. ☾

l'esprit malade enfermé dans le corps d'un adolescent. génie incompris, tu maitrisais mieux que quiconque l'instrument duquel tu t'étais épris. jusqu'à ce que les voix deviennent trop pesantes. omniprésentes. les actes dictés par un cerveau ravagé, tu devenais la marionnette de tes hallucinations. la victime, lors de l'audition de ces phrases te faisant perdre la raison. t'avais plus de libre arbitre, enfermé dans une silhouette qui n'abritait que les échos de ta folie. tu devenais finalement le bourreau, décidant de faire taire ces sons qui résonnaient trop fort, sans jamais s'arrêter. elles te disaient d'attaquer, ces voix. elles te disaient que sinon, ils viendraient t'attraper. t'exterminer. te dévorer. manger ou être mangé, t'avais fini par décider. tu te découvrais enfin, hissé sur un piédestal funeste. roi d'un royaume en ruines. tu gâchais tout. au lieu de venir jouer, ce soir là, t'étais venu pour les tuer. armé de tes balles, les chargeurs vides et les yeux plein de larmes. tu croyais qu'ça allait t'aider. tu croyais qu'enfin, tout ça allait s'arrêter. mais si au fond, t'étais complètement fou, et personne n'était capable de te sauver ?

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tu l'avais pas vu venir. c'était comme ton frère, tu l'connaissais par cœur. jamais t'aurais pu le croire capable d'un tel acte de cruauté. tu les as vus, tous s'effondrer. tu n'respirais même plus, en état de choc, lorsqu'il s'est mis à tirer. qu'il les a un à un, lentement décimés. les bras tremblants, serrant ton instrument. ça résonnait dans ta tête. ça te tordait les tripes. putain. tout c'que t'allais garder de lui, c'était ce massacre. tu continuais de l'regarder tirer, désorienté.  tu voulais pas admettre que votre complicité, votre amitié, tout ça, c'était bien terminé. c'était un étranger, la carcasse baignant dans une démence qui t'étais jusque là inconnue. il n'était plus ce garçon qu'tu connaissais depuis toujours. il n'était qu'un monstre. les balles perçant leurs corps jusqu'à les déchirer. tu n'parlais plus, t'étais paralysé. le regard triste, il n'a même pas cherché à te viser. parce qu'après tout, t'étais son ami. après tout, vous deux, c'est une histoire d'éternité. et la culpabilité te ronge, lorsque tu te dis que tu aurais pu l'arrêter. les regards te jugent, lorsqu'ils apprennent que tu étais l'un de ses proches. t'as du mal à supporter les réflexions et les remarques que l'on te fait au sujet de l'événement. ermite, renfermé, tu as érigé un mur entre toi et les autres. c'était pas d'ta faute, t'en savais rien. pourtant tu portes en toi ce mal-être, qui te donne parfois des envies suicidaires.

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t'as toujours été cette fille discrète. timide, presque transparente. l'une des plus appliquées lorsqu'il s'agissait de musique. perfectionniste, tes doigts ruisselaient harmonieusement lorsque tu jouais, rien ne semblait pouvoir t'arrêter. t'avais pas beaucoup d'amis à l'époque, t'étais toujours dans ton coin, la tête dans les cahiers. parce que ta priorité, c'était d'étudier. ta priorité, c'était de briller. et pourtant, depuis le drame, t'es incapable de continuer. puisqu'il t'a blessée. puisque ta main a été touchée, abîmée. te laissant dans l'incapacité de jouer. la balle s'est encastrée dans ta chair, et même si elle n'est plus là, elle laisse une cicatrice, gorgée des souvenirs amers. le cœur douloureux, tu n'as jamais su retrouver un chemin aussi ambitieux. tu restes dans ton mutisme, handicapée des sentiments. interdite. jamais prête à te dévoiler, préférant fuir la foule, plutôt que de la braver. presque effacée, tu n'veux pas déranger. tu n'veux plus être remarquée. presque disparaître, et cesser d'exister.

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ce soir là, t'avais tout perdu. il avait exterminé ta famille entière. broyé ton cœur par des coups de feu éphémères. juste devant toi, sur la ligne, au premier rang, se trouvaient tes parents. ainsi que ta petite sœur, morte sur le coup d'une balle en pleine tête. tu revoies encore cette vision d'horreur, le spectre de leurs corps, qui saignent abondamment. toi, t'étais sur la scène, cachée derrière le rideau. impuissante devant la monstruosité de celui qui t'avais tout volé. huit minutes. seulement huit minutes, pour détruire ta vie. pour ruiner tes plans, tes projets. pour t'ôter l'envie d'exister. même des années après, le drame est toujours bien présent, là, tatoué sur ta peau. le myocarde en lambeaux, le soir, tu entends toujours les échos. les bruits du canon qui font trembler l'audience. et tu revois le film à nouveau. arrêt sur image, encore son putain d'visage. celui qui te hante chaque nuit. celui qui t'as depuis longtemps, déjà tout pris.

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il t'a changée à jamais. t'aimes plus les gens. tu veux plus de leur contact. tu veux plus qu'ils t'impactent. depuis cinq longues années, les troubles ne t'ont jamais quittée. emprisonnée dans cette cage dorée, qui t'étouffe depuis trop longtemps, te laisse en apnée. les consultations auprès de spécialistes s'enchainent, mais pourtant, rien ne semble fonctionner. tes parents ont beau être riches, te payer toutes les thérapies. y'a rien à faire. t'as peur. les crises d'angoisses sont ton quotidien. t'es devenue cette muraille impénétrable, qui refuse de s'ouvrir au monde. tu restes dans ta bulle, recluse dans une réalité qui t'es propre, et que tu n'veux plus partager. solitaire, tu n'as pas confiance en l'être humain. t'es toujours sur tes gardes, toujours aux aguets. le moindre bruit, le moindre son, peut te faire paniquer. ce n'est plus une vie. respirer est presque devenu un supplice.

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trop d'années gâchées. le cœur pulvérisé. une bombe qui fatalement, se devait d'exploser. l'esprit court-circuité, tu n'peux plus être rattrapée. enfermée dans un cauchemar, où tu te plais à exister, depuis qu'il l'a tué, t'as sombré dans l'alcoolisme. dans la dépression, jusqu'à l'acceptation. d'avoir perdu le seul homme que t'aies réellement aimé un jour dans ta vie. le cerveau est touché, malade, irrigué par le bourbon. t'es la démesure incarnée. la violence à son apogée. depuis le drame, tu ne te sens vivante que lorsque tu es ivre morte. quand tu fermes les yeux, et que tu le revois. souriant, éclatant. la main dans la tienne, et l'avenir plein de promesses.

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t'es devenue maigre. t'as les joues creusées, le teint pâle. t'es plus cette môme innocente, vouée à un destin grandiose. c'est une silhouette sombre, à qui il ne reste plus rien. ni dignité. ni moralité. ravagée par la drogue. par des plaisirs qui te consument. tu cherches absolument à t'en procurer, pour oublier toutes les atrocités. la vision des corps sans vie, échoués sous tes pieds. depuis le drame, tu t'es complètement égarée. tu n'parviens plus à décrocher. t'es détraquée, inconsciente, prête à faire n'importe quoi pour t'en procurer. parce que parfois, c'est trop douloureux, de revoir ces flashs. ça fait trop mal, cette sensation de vide intérieur. sans le vouloir, les souvenirs réapparaissent. les souvenirs, dans les moindres détails. ces foutus détails qui remuent tes entrailles. et tristement, la seule chose qui te console, c'est ce poison qui finira par t'emporter.

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il n'a jamais été ton grand ami, mais tu le côtoyais de loin, dans les couloirs de l'école. tu pensais le connaître suffisamment, niant la dangerosité, même si tu connaissais sa maladie. t'imaginais que son traitement faisait bien effet, mais visiblement, tu te trompais. il n'a eu aucune pitié, lorsqu'il s'est rué devant toi, et a tiré dans ta jambe. il t'a fait plier. t'agenouiller devant son visage possédé, complètement détaché. tu souffrais le martyr, abandonné. là, sanguinolent, entre les griffes du démon affamé. pourtant, il t'a épargné, n'a pas troué ton corps d'autant de balles, que d'autres sur qui il s'est acharné. mais des fois tu te dis que t'aurais préféré. ne pas vivre avec les souvenirs, et être parti avec tous les autres. depuis la fusillade, tu peines à t'en remettre. les pensées te torturent, les visions te déchirent plus fort qu'une morsure. t'as toujours eu cette tendance à être empathique. à porter la misère du monde sur tes épaules. et depuis le drame, tu n'es qu'une coquille vide, imbibée de tristesse. dépourvue d'ambition, la plaie à vif, qui saigne comme avant. les cachets que tu surconsommes te consolent, mais ne peuvent pas te soigner. t'es définitivement trop abîmé. puisqu'après tout, son empreinte est enfoncée. là, sur ton corps vide, incapable d'être réparé.

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prodige du violon, t'as tout quitté pour réaliser tes rêves. pour intégrer cette école prestigieuse qui ouvrait la porte à tous tes espoirs. tu en jouais comme personne, et ce soir là, t'étais une véritable étoile. tu brillais dans les opales de ce frère qui t'admirait depuis toujours. lui, qui était ton pilier. lui, qui n'a pas hésité un seul instant à se jeter sur le tueur pour te protéger. les balles sont venues perforer un à un chaque morceau de sa chair, ne lui laissant aucun échappatoire. pas même une occasion de te dire au revoir. depuis le drame, t'es revenue dans ta ville natale, mais t'es incapable de t'exprimer comme avant. t'as perdu ton repère. tes doigts ne répondent plus lors de ces crises qui te pétrifient. ils se figent, ne te permettent même plus de te délecter du son de ton instrument. et fatalement, le seul moyen pour toi d'entendre à nouveau la mélodie, c'est d'avaler des hallucinogènes. ingérer ces corps étrangers qui te donnent le pouvoir de revenir en arrière. comme quand tu jouais fière, le sourire aux lèvres, devant les yeux émerveillés de ton grand frère.